L’armée de l’air de Tsahal célèbre les 75 ans de sa toute première mission de frappe
L'attaque surprise contre un convoi égyptien marchant vers Tel-Aviv aurait changé le cours de la guerre d'Indépendance de 1948, même si elle n'a pas atteint sa cible
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.
L’armée israélienne a célébré lundi les 75 ans de sa toute première mission de frappe, une frappe qui a eu lieu au cours de la guerre d’Indépendance de 1948. Une plaque commémorative de l’opération et en hommage au pilote tué au cours de la mission a également été dévoilée.
L’audacieuse frappe aérienne sur le site d’Ad Halom, près de l’actuelle ville d’Ashdod, aurait empêché l’armée égyptienne de marcher sur Tel Aviv, deux semaines seulement après la création de l’État d’Israël, changeant ainsi le cours de la guerre.
Les quatre avions Avia S-199 – une variante tchèque abâtardie du chasseur allemand Messerschmitt Bf 109G – avaient été expédiés en Israël en dizaines de pièces détachées dans des avions-cargos appartenant à Al Schwimmer, un Juif new-yorkais et pilote de la Seconde Guerre mondiale, violant ainsi un embargo américain sur les armes à destination de l’État nouvellement fondé.
Pendant que les avions étaient assemblés secrètement et à la hâte dans un hangar de la base de Tel Nof, une division égyptienne remontait la côte d’Israël dans le but, semble-t-il, de s’emparer de Tel Aviv.
Les quatre avions de chasse ont été peints à la main avec la cocarde de l’armée de l’air pour la première fois, mais avant même qu’ils ne soient testés correctement, Israël a décidé de mettre en jeu toute sa force aérienne en ciblant un convoi égyptien dans le village palestinien d’Isdud, près du pont Ad Halom, à seulement 30 kilomètres au sud de Tel Aviv.
Bien que la frappe n’ait pas causé de dommages significatifs à la division égyptienne, elle l’a grandement prise par surprise, car elle ignorait qu’Israël disposait d’une force aérienne. L’armée égyptienne arrêta son avancée, et cette frappe aurait changé le cours de la guerre, qui se soldera par une victoire israélienne près d’un an plus tard.
La mission était dirigée par Lou Lenart, un pilote de chasse américain qui a aidé à faire entrer clandestinement les pièces de l’avion en Israël et qui a ensuite participé à la création du 101e escadron de l’armée de l’air.
Son numéro deux dans la mission était Ezer Weizman, qui deviendra plus tard chef de l’armée de l’air, ministre de la Défense et président.
Le troisième pilote était Modi Alon, un pilote né en Israël qui avait été volontaire pour la Royal Air Force pendant le mandat britannique de la Palestine.
Le quatrième était Eddie Cohen, un pilote de chasse sud-africain de la Seconde Guerre mondiale qui s’est ensuite installé en Israël.
On pense que l’avion de Cohen a été touché par des tirs antiaériens égyptiens au cours de la mission, ce qui l’a amené à s’écraser près du pont Ad Halom. Cohen a été tué et l’Avia S-199 qu’il pilotait a été détruit.
Malgré la perte de 25 % de sa force aérienne et des dégâts minimes, la toute première frappe israélienne aurait surpris les Égyptiens et les aurait poussés à stopper leur avancée sur Tel-Aviv. Les troupes de la brigade Givati ont ensuite tenté d’avancer dans le cadre de l’opération Pleshet, mais elles ont subi de lourdes pertes.
Lors de la cérémonie de lundi, le chef de l’armée de l’air, le général de division Tomer Bar, a souligné l’effet de surprise.
« [Il y a] exactement 75 ans, le quatuor d’avions Messerschmitt du 101e escadron est parti à l’assaut de la colonne blindée égyptienne – une action qui a déséquilibré l’ennemi, l’a surpris et l’a arrêté », a déclaré Bar, peu après avoir dévoilé une plaque en céramique avec une œuvre d’art représentant la frappe aérienne.
« L’histoire du premier quatuor d’attaque est importante pour façonner l’éthique de l’armée de l’air dont nous sommes si fiers. Nous nous sommes levés grâce à des volontaires juifs et à des amoureux d’Israël, des volontaires venus de l’étranger », a déclaré Bar, en faisant référence à Lenart, Cohen et à l’unité de volontaires Mahal.
« Comme eux, beaucoup d’autres ont participé à la création de l’armée de l’air, et nous leur devons beaucoup. Le monument érigé aujourd’hui en leur mémoire est un symbole et un exemple de leurs actions héroïques », a poursuivi Bar.
« Je fais aujourd’hui le vœu que nous continuerons à emprunter ce chemin, quel qu’il soit, même s’il est difficile. Avec nos compagnons, même au péril de notre vie, nous protégerons notre pays, car nous n’avons pas d’autre pays », a-t-il ajouté.
Les familles des pilotes, les anciens chefs de l’armée de l’air et d’autres personnes impliquées dans les premières missions de l’armée de l’air étaient présents à la cérémonie lundi soir, à l’endroit où la toute première frappe a eu lieu.
Quatre chasseurs F-16C de la 101e escadrille moderne de l’armée de l’air ont survolé le site pendant l’événement, l’un d’entre eux se séparant des trois autres pour commémorer la mort de Cohen au cours de la mission, il y a 75 ans.
Lenart est décédé en 2015, Weizman en 2005 et Alon le 16 octobre 1948, alors qu’il tentait de faire atterrir son Avia S-199 après avoir mené une nouvelle vague de frappes contre les forces égyptiennes à Isdud avec Weizman.