Las des reports du gouvernement, des survivants lancent leur enquête sur le 7 octobre
La "commission civile", qui comprend notamment deux généraux à la retraite et un ancien chef de la police, enquêtera sur les échecs avant, pendant et après le pogrom du Hamas
Suite aux multiples reports par le Premier ministre Benjamin Netanyahu de la création d’une commission d’enquête d’État sur les manquements du gouvernement qui ont permis le pogrom du 7 octobre, plusieurs groupes représentant les survivants des massacres commis par le groupe terroriste palestinien du Hamas et les familles des personnes assassinées ont annoncé le lancement d’une enquête indépendante visant à « faire émerger la vérité et à empêcher le prochain désastre ».
Lors d’une conférence de presse qui a eu lieu jeudi à Tel Aviv, les survivants ont présenté la composition de leur « commission d’enquête civile », qui compte parmi ses membres deux généraux à la retraite, un ancien commissaire de police et l’auteur du code d’éthique officiel de Tsahal.
Leur mission, ont expliqué les organisateurs, sera de « mener un processus d’enquête complexe et complet, en recueillant des témoignages et des preuves », qui aboutira à la publication d’un rapport qui pourrait éventuellement servir de base aux travaux d’une future commission d’enquête de l’État.
L’objectif de l’enquête indépendante sera « d’exercer une forte pression publique pour la création d’une commission d’enquête nationale. Dès qu’elle sera établie, la commission [civile] suspendra ses activités et soumettra ses conclusions au président de la commission nationale », ont-ils déclaré dans un communiqué, ajoutant que le processus sera résolument non partisan.
Malgré des demandes de plus en plus pressantes, y compris de la part de son propre ministre de la Défense, Netanyahu a jusqu’à présent refusé de mettre en place une commission nationale d’enquête sur les manquements politiques qui ont conduit au 7 octobre ou sur la conduite de la guerre par le gouvernement. Tsahal a cependant lancé ses propres enquêtes internes.
Il a indiqué que les enquêtes devaient attendre la fin des combats et a évité à plusieurs reprises de s’engager dans la formation d’une commission d’État, qui est l’organe d’enquête doté des pouvoirs les plus étendus en vertu de la loi israélienne. Alors que la guerre entre dans son dixième mois, les pressions en faveur de l’ouverture d’enquêtes sur les événements se font de plus en plus pressantes.
Un sentiment d’abandon
S’adressant aux journalistes, les représentants des organisations initiatrices ont décrit leur sentiment d’abandon par le gouvernement israélien.
« Nous n’avons aucune information, ce qui nous fait revivre le 7 octobre au quotidien. Tant qu’il n’y aura pas de réponses, il n’y aura pas de processus de guérison », a expliqué Hila Abir, qui représente les familles des victimes. Son frère Lotan Abir a été assassiné au festival de musique Supernova, près du kibboutz Reim.
« Je représente ici mes amis, les parents endeuillés, et je le dis haut et fort : nous ne nous tairons pas et nous n’abandonnerons pas tant qu’une commission d’enquête d’État n’aura pas été mise en place », a déclaré Eyal Eshel, dont la fille, la sergente Roni Eshel, 19 ans, membre du Corps de défense des frontières, a été assassinée le 7 octobre dernier.
« Nos filles ont été réduites au silence. Mais nous ne nous tairons pas. Ni maintenant, ni jamais », a-t-il déclaré au nom du forum Their Voices, qui représente les parents des soldates observatrices de la surveillance des frontières tombées au kibboutz Nahal Oz.
Si les enquêtes internes en cours de Tsahal, et la publication des résultats de cette première investigation portant sur la gestion par l’armée des combats au kibboutz Beeri le 7 octobre, ont amorcé le processus de « restauration de la confiance perdue », elles sont insuffisantes et ne sauraient remplacer une commission d’État à part entière, a convenu le porte-parole de la population, Alon Pauker. « Cette enquête aurait dû être la dernière et non la première, [son objectif] était micro et devait être macro. »
Un effort sérieux
Alors que les organisateurs considèrent la commission civile comme un moyen de faire pression sur le gouvernement, les membres du panel ont affirmé prendre leur mandat au sérieux et prévoient d’enquêter de manière exhaustive sur les événements qui ont conduit au 7 octobre, sur les échecs des autorités lors de l’attentat et sur leur fonctionnement dans les jours qui ont suivi.
En réponse aux questions du Times of Israel, qui demandait aux membres de la commission si, à leur avis, les officiers de Tsahal ou d’autres fonctionnaires accepteraient de parler à la commission – laquelle n’a pas le pouvoir de citer à comparaître et n’a pas accès aux documents internes du gouvernement – un membre de la commission, le major général (Rés.) Eyal Ben Reuven, a déclaré qu’en dehors des membres de l’état-major général, des réservistes, au fait des réflexions d’avant-guerre de l’establishment de la Défense, étaient prêts à témoigner.
« Nous nous attendons à obtenir beaucoup d’informations », a déclaré l’ancien chef adjoint du Commandement du Nord de l’Armée israélienne.
S’adressant au Times of Israel, Gideon Ginat, juge de district à la retraite et président de la commission, a déclaré que « de nombreux officiels » souhaitaient s’entretenir avec le groupe officieux, afin de lui donner un aperçu des processus décisionnels politiques et militaires qui ont précédé le 7 octobre.
« Je pense qu’il est de leur devoir de parler », a-t-il déclaré, lorsqu’on lui a demandé s’il pensait que d’anciens responsables militaires ayant été informés du mode de raisonnement de Tsahal avant la guerre se manifesteraient. « Et il ne fait aucun doute qu’ils le feront. »
Outre Ben Reuven et Ginat, la commission comprend également l’ancien commissaire de police Shlomo Aharonishki ; le général de brigade (Rés.) Yehudit Grisaro ; l’ancien maire de Beit Shean Rafi Ben Shitrit, un ancien officier de renseignement dont le fils a été tué le 7 octobre ; et le professeur Asa Kasher de l’Université de Tel Aviv, un éminent philosophe israélien qui a contribué à la rédaction du code d’éthique de Tsahal.
La commission a déclaré qu’elle offrirait un espace discret pour que les gens puissent s’exprimer anonymement et a sollicité le public à soumettre toute information pertinente par le biais de son site web ou par WhatsApp.
Cette commission civile d’enquête n’est pas la première enquête lancée par la population au sujet des événements du 7 octobre. Une commission civile sur les crimes commis par le groupe terroriste palestinien du Hamas contre les femmes et les enfants le 7 octobre avait déjà été créée pour attirer l’attention de la communauté internationale sur l’utilisation par le groupe terroriste de violences sexuelles comme arme de guerre lors du pogrom.