Le B’nai B’rith dévoile des publications antisémites d’étudiants en médecine au Québec
Personne, ou quasiment personne n'a réagi aux messages antisémites publiés sur le serveur public utilisé par des candidats et des étudiants à la faculté de médecine du Québec

L’organisation juive canadienne à but non lucratif B’nai Brith a fait état de contenus antisémites et d’autres contenus haineux diffusés par des candidats et des étudiants québécois en médecine sur un serveur de réseau social accessible à quelque 1 400 personnes.
Sur le serveur public Discord, « les futurs médecins ont ouvertement publié des propos niant la Shoah, louant la ‘solution finale’, proférant des insultes racistes, glorifiant le terrorisme et dénigrant les femmes », a dénoncé le B’nai B’rith, qui a publié des captures d’écran des messages en français.
L’organisme de surveillance Médecins contre le racisme et l’antisémitisme (DARA) a également attiré l’attention sur ces messages dans un communiqué publié vendredi.
L’une des publications dit : « Ne t’inquiète pas. Tu peux me faire confiance tant que tu ne portes pas de kippa sous ta perruque. »
Les contenus liés à la Shoah comprenaient une remarque proposant « une coalition de médecins pour faire pression sur le gouvernement et l’appeler ‘Loi sur la solution finale’ » et une autre publication imaginait la consigne à donner à des officiers SS de ‘gazer le grenier aussi vite que possible» si Anne Frank se cachait dans les combles d’un voisin.
Un autre semble appeler à la création d’un « État islamique du Québec » et affirme que « le Québec est fini. Nous dominerons bientôt ».
B’nai Brith Canada has exposed a public Discord server used by Quebec medical school applicants and attendees that became a cesspool of antisemitism, racism, misogyny, and hate.
For months, a number ofaspiring doctors openly posted Holocaust denial, praise for the “Final… pic.twitter.com/xRxBJa1GvA
— B'nai Brith Canada (@bnaibrithcanada) May 8, 2025
Si les messages haineux partagés sur le canal Discord étaient principalement antisémites, des publications ont également formulé des remarques racistes et misogynes.
« L’effondrement de la société s’est produit lorsque les femmes ont eu le droit de voter et de travailler », a commenté l’un des utilisateurs.
« Non, la chute s’est produite lorsque les Juifs ont obtenu des droits », a répondu un autre.
Un autre internaute a déclaré : « Je ne comprends pas pourquoi les femmes prennent notre place en médecine alors que la majorité d’entre elles deviennent des femmes au foyer. »
En parlant des admissions à l’université, un utilisateur a dit : « Les Noirs sont souvent pauvres, donc double bonus », faisant apparemment référence aux chances d’entrer à l’école de médecine.
« Ce ne sont que des nègres », a déclaré une autre personne.

« Ces contenus n’étaient pas cachés. Ils ont été partagés sur des canaux ouverts, visibles par plus de 1 400 membres. Presque personne n’a réagi. Ce ne sont pas des trolls anonymes. Ce sont de futurs médecins. Et ce genre de haine n’est pas cantonné à Internet. Elle les suit dans les salles de classe, les dispensaires et les blocs opératoires », a souligné l’organisation B’nai B’rith.
« Le silence permet à cette pourriture de se propager. Les institutions doivent agir maintenant. Une pareille haine n’a pas sa place dans le secteur de la santé, ni ailleurs dans la société canadienne. »
Ces publications « sont la consécration de l’inaction et du silence des dirigeants des facultés de médecine et des universités à travers le Canada depuis le 7 octobre 2023 face à la montée en flèche de l’antisémitisme dans leurs facultés de médecine », a déclaré DARA, en référence à la date à laquelle le groupe terroriste palestinien Hamas a envoyé plus de 5 000 terroristes pour envahir le sud d’Israël, provoquant la mort de 1 200 personnes, pour la plupart des civils.
« Ce n’est pas le moment de se taire », a ajouté le groupe, qui a appelé à l’expulsion des étudiants impliqués et à l’interdiction des candidats à l’école de médecine.
Philip Berger, de la DARA, a déclaré à The Gazette, dans un article publié samedi, que « nous n’avons pas pu trouver une seule objection de la part de qui que ce soit » sur le serveur.
Un porte-parole de Discord a déclaré à The Gazette que l’application basée à San Francisco avait une politique de « tolérance zéro » à l’égard des discours de haine et qu’elle s’occuperait rapidement de cette affaire.
« J’ai été choqué par les individus, les 20 à 30 personnes qui ont posté des messages antisémites. Ils étaient tellement flagrants », a déclaré un étudiant en médecine de l’Université McGill à l’hebdomadaire.
L’association Jewish Clinicians Against Antisemitism a déposé une plainte auprès de la police de Montréal contre un utilisateur qui, selon elle, est un étudiant du collège Dawson, a rapporté The Gazette.

Dans un communiqué, l’école a déclaré à The Gazette : « L’affaire à laquelle vous faites référence est en cours d’examen ».
Le Dr Lior Bibas, président de l’Association des médecins juifs du Québec, un groupe de sensibilisation à l’éthique médicale juive, a exhorté les autorités à enquêter.
« Il est essentiel que les institutions concernées agissent rapidement, de manière transparente et décisive pour rétablir la confiance du public », a-t-il déclaré à la The Gazette. « Admettre dans la profession médicale des individus qui défendent de telles opinions pose un risque réel pour les patients québécois, en particulier ceux issus de communautés vulnérables. »
Au début du mois, le ministère israélien des affaires de la diaspora a décerné au Canada le titre de « champion de l’antisémitisme » dans un rapport blâmant les dirigeants mondiaux, les universités, les médias et les réseaux sociaux pour la montée en flèche de l’antisémitisme.
Le rapport fait état d’une « augmentation significative des incidents antisémites d’une intensité et d’une forme jamais vues auparavant » au Canada après le 7 octobre 2023, avec un bond de 670 % des incidents antijuifs par rapport à l’année précédente.