Israël en guerre - Jour 587

Rechercher

L’Occident alimente l’antisémitisme en critiquant Israël – rapport ministériel

Qualifiant le Canada de "champion de l'antisémitisme", le ministère de la Diaspora a établit un lien entre la condamnation par Justin Trudeau de l'action militaire à Gaza et la hausse de 670 % des actes antisémites

Des manifestants brandissant des pancartes sur lesquelles on peut lire « Boycottez Israël, ça a marché avec l'Afrique du Sud » lors d'une manifestation anti-Israël, devant le ministère des Affaires étrangères, à Madrid, le 27 mai 2024. (Crédit : Thomas Coex/AFP)
Des manifestants brandissant des pancartes sur lesquelles on peut lire « Boycottez Israël, ça a marché avec l'Afrique du Sud » lors d'une manifestation anti-Israël, devant le ministère des Affaires étrangères, à Madrid, le 27 mai 2024. (Crédit : Thomas Coex/AFP)

Israël a décerné au Canada le titre de « champion de l’antisémitisme » lors de la publication lundi d’un rapport accusant les dirigeants mondiaux, les universités, les médias et les réseaux sociaux d’avoir permis ou encouragé la flambée des sentiments antisémites à travers le monde l’an dernier.

S’appuyant sur des informations relayées par les médias et des données provenant d’organismes internationaux de surveillance de la haine, la publication du ministère des Affaires de la Diaspora et de la Lutte contre l’antisémitisme publiée lundi a révélé que les communautés juives à travers le monde étaient de plus en plus menacées en raison d’une vague croissante de critiques anti-Israël émanant tant de leurs amis que de leurs ennemis, à la suite du pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre 2023 et de la guerre à Gaza.

Parmi les pays cités dans ce rapport de 153 pages rédigé en anglais figurent les gouvernements sud-africain, irlandais et espagnol, accusés d’être à l’avant-garde de la rhétorique antisémite en exprimant leur opposition aux actions ou aux politiques d’Israël. Les dirigeants politiques qui se sont exprimés contre Israël sont accusés d’attiser les sentiments antisémites, tout comme les Nations unies, le réseau social TikTok et l’Université Columbia.

Plusieurs organisations ont recensé une forte recrudescence des discours et des actes antisémites après l’assaut du Hamas dans le sud d’Israël le 7 octobre au cours duquel plus de 1 200 personnes ont été tuées et 251 autres ont été enlevées et emmenées de force à Gaza. Le rapport du ministère de la Diaspora, en revanche, s’est principalement attaché à rejeter la responsabilité sur différentes entités pour avoir laissé perdurer les discours et les actes de haine, et est allé plus loin que d’autres en établissant un lien entre le sentiment anti-Israël et l’antisémitisme.

« Ces données choquantes mettent en évidence l’échec continu des institutions internationales et de nombreux pays occidentaux », a déclaré le ministre de la Diaspora, Amichaï Chikli, dans un communiqué de presse.

« Le gouvernement israélien n’hésitera pas à pointer du doigt ceux qui encouragent l’antisémitisme, qu’il s’agisse de gouvernements, d’universités ou de réseaux sociaux. »

Amichaï Chikli, ministre des Affaires de la Diaspora, arrivant à la réunion hebdomadaire du cabinet au bureau du Premier ministre, à Jérusalem, le 14 mai 2023. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Ce rapport synthétise des données provenant de diverses sources, notamment de groupes de veille tels que l’Anti-Defamation League (ADL) et UN Watch, d’instituts de recherche internationaux et d’organisations faîtières juives dans différents pays, a précisé le ministère.

Ce document a été publié un peu plus d’un mois après que le ministère a été vivement critiqué pour avoir accueilli des politiciens d’extrême droite européens et dénigré des organisations de gauche lors d’une conférence internationale sur la lutte contre l’antisémitisme qu’il avait organisée à Jérusalem.

Alors que le ministère consacre quelques pages au monde arabe et musulman, où persistent les accusations d’antisémitisme endémique, la majeure partie du rapport se concentre sur l’Occident ; l’Iran, où vivent environ 8 000 Juifs sous la répression islamiste du régime, n’est mentionné que dans le contexte du soutien de Téhéran aux activités anti-Israël et au terrorisme.

Le rapport a constaté au Canada une « augmentation significative des actes antisémites, d’une intensité et sous des formes jamais vues auparavant » dans le pays après le 7 octobre 2023, avec une hausse de 670 % des actes antisémites par rapport à l’année précédente.

Le président français Emmanuel Macron (à gauche) et le Premier ministre canadien Justin Trudeau, sur un quai du port de Montréal, le 26 septembre 2024. (Crédit : Ludovic Marin/AFP)

« En 2024, le Canada s’est vu décerner le titre peu enviable de ‘champion de l’antisémitisme’ », peut-on lire dans un communiqué de presse du ministère accompagnant le rapport.

La condamnation d’Israël par l’ancien Premier ministre canadien Justin Trudeau devant l’ONU en décembre 2023, deux mois seulement après le pogrom du 7 octobre, a contribué à attiser la haine antisémite qui sévit dans ce pays, indique le rapport.

Trudeau a démissionné de son poste en janvier 2025 et a été remplacé par le libéral Mark Carney à l’issue des élections nationales qui se sont tenues la semaine dernière.

Le Canada a déployé des efforts pour réprimer la montée de l’antisémitisme à l’intérieur de ses frontières, mais les organisations juives estiment que cela n’est pas suffisant.

Un membre de la communauté juive lisant des messages accrochés à une clôture où des fleurs ont été déposées, à la synagogue Adass Israel, dans la banlieue de Ripponlea, à Melbourne, le 9 décembre 2024. (Crédit : Martin Keep/AFP)

En Australie, où une série d’incendies criminels et d’autres actes de vandalisme contre des synagogues et d’autres lieux ont secoué la communauté juive, le rapport a enregistré une augmentation de 320 % des actes antisémites par rapport aux mois précédant les massacres du 7 octobre.

Aux États-Unis, les actes antisémites ont augmenté de 200 %, indique le rapport.

Le rapport cite également des enquêtes montrant que de nombreux Juifs européens craignent pour leur avenir sur le continent. Un sondage du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) cité dans ce rapport révèle que 64 % des Français estiment que les Juifs ont des raisons valables de craindre pour leur sécurité dans leur pays. En Allemagne, l’ADL a constaté que 80 % des Juifs se sentaient moins en sécurité, tandis qu’en Grande-Bretagne, 90 % des Juifs interrogés par l’organisation Campaign Against Antisemitism ont déclaré éviter les centres-villes lors des manifestations hebdomadaires anti-Israël.

Ce rapport établit un lien étroit entre les réactions des pays face à l’antisémitisme et le niveau de critiques officielles à l’encontre de l’État hébreu.

L’Afrique du Sud, l’Irlande et l’Espagne ont toutes été pointées du doigt pour leur attitude hostile envers Israël, qui, selon le ministère, aurait exacerbé le malaise parmi les Juifs vivant dans ces pays.

« Leur application asymétrique des principes normatifs sape directement le sentiment d’appartenance et de sécurité des communautés juives au sein de ces sociétés, comme le montrent des recherches quantitatives et qualitatives », indique le rapport.

La France, la Grande-Bretagne, le Canada et l’Australie sont qualifiés de « moralement ambigus » pour avoir pris des mesures visant à lutter contre l’antisémitisme tout en critiquant Israël de manière « disproportionnée », mettant ainsi en danger les communautés juives locales.

Le rapport accuse également le président français Emmanuel Macron d’avoir contribué à légitimer le discours antisémite de l’extrême gauche française en tenant des propos préjudiciables sur les actions militaires d’Israël à Gaza.

Des manifestants brandissant des pancartes sur lesquelles on peut lire « Ne sacrifiez pas les Juifs français » et « LFI allume la mèche aux violeurs antisémites » lors d’un rassemblement pour condamner le viol collectif à caractère antisémite d’une fillette de 12 ans, sur la Place des Terreaux, à Lyon, le 19 juin 2024. (Crédit : Jean-Philippe Ksiazek/AFP)

Au Royaume-Uni, le gouvernement Labour a été critiqué pour son embargo sur les armes à destination d’Israël, et la chaîne publique BBC a été critiquée pour avoir refusé de qualifier les membres du Hamas de « terroristes » et pour avoir étouffé des plaintes antisémites.

Seuls les États-Unis et l’Allemagne ont été reconnus comme soutenant pleinement la lutte contre l’antisémitisme dans ce rapport.

Les organisations internationales ont été critiquées pour leur politique de deux poids deux mesures à l’égard d’Israël par rapport au reste du monde. En 2024, l’Assemblée générale des Nations unies a adopté dix-sept résolutions condamnant Israël, contre seulement six contre tous les autres pays réunis, selon le rapport.

La définition de l’antisémitisme élaborée en 2016 par l’International Holocaust Remembrance Alliance (IHRA) stipule que toute critique d’Israël qui impose un traitement différencié à ce pays constitue une forme de haine anti-Juifs.

Le président sud-africain Cyril Ramaphosa (au premier rang à gauche) écoutant la décision de la plus haute juridiction des Nations unies qui a sévèrement critiqué la guerre menée par Israël contre le groupe terroriste palestinien du Hamas à Gaza, à Johannesburg, le 26 janvier 2024. (Crédit : AP Photo)

Le rapport appuie également l’argument du gouvernement selon lequel les poursuites engagées contre Israël à La Haye sont antisémites. Les mandats d’arrêt délivrés par la Cour pénale internationale (CPI) à l’encontre du Premier ministre Benjamin Netanyahu et de l’ex-ministre de la Défense Yoav Gallant pour crimes de guerre présumés à Gaza ont été classés dans le rapport parmi « les actes antisémites les plus graves de 2024 ».

Le procureur général de la CPI, Karim Khan, a vigoureusement nié toute motivation antisémite.

Concernant les réseaux sociaux, TikTok est désigné comme une source majeure de contenus antisémites. Le rapport cite un ancien haut responsable de TikTok Israël qui a qualifié la plateforme de « danger existentiel pour Israël ».

Selon le rapport, bon nombre des responsables des stratégies publicitaires de TikTok soutiennent le Hamas, les Houthis et d’autres groupes terroristes, tandis que toutes les campagnes sponsorisées par Israël sur la plateforme de micro-vidéos ont toutes été bloquées.

Des manifestants anti-Israël du campus de l’Université Columbia déployant une banderole alors qu’ils se barricadent à l’intérieur du Hamilton Hall, baptisé du nom d’un enfant palestinien qui aurait été tué par Israël à Gaza dans le cadre de la guerre en cours avec le Hamas, à New York, le 30 avril 2024. (Crédit : Alex Kent/Getty Images via AFP

TikTok a déclaré qu’il s’efforçait de bloquer les discours de haine sur sa plateforme. Le réseau social, qui propose des vidéos courtes, a lancé plusieurs projets visant à promouvoir la mémoire de la Shoah, entre autres causes, sur sa plateforme.

Le rapport a souligné que tous les principaux réseaux sociaux, y compris TikTok, ont pris des mesures pour lutter contre les messages antisémites depuis les massacres du 7 octobre.

Cependant, ces efforts n’ont pas été suffisamment mis en œuvre. Lors des dernières élections américaines, Instagram a supprimé 40 % des contenus antisémites de sa plateforme, Facebook en a supprimé 24 %, X en a supprimé 22 % et TikTok seulement 17 %, indique le rapport.

Selon le rapport, 2 087 actes antisémites ont été recensés sur les campus universitaires entre juin 2023 et mai 2024, soit une augmentation de 477 % par rapport à l’année précédente.

L’Université Columbia à New York a été désignée comme le campus le plus antisémite des États-Unis, avec 127 actes antisémites en 2024, dont 90 % étaient liés à des mouvements d’extrême gauche. UCLA arrive loin derrière avec 63 actes, suivie par l’Université du Michigan (35) et l’Université Harvard (32), selon les données d’Amcha Initiative citées dans le rapport.

En savoir plus sur :
S'inscrire ou se connecter
Veuillez utiliser le format suivant : example@domain.com
Se connecter avec
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation
S'inscrire pour continuer
Se connecter avec
Se connecter pour continuer
S'inscrire ou se connecter
Se connecter avec
check your email
Consultez vos mails
Nous vous avons envoyé un email à gal@rgbmedia.org.
Il contient un lien qui vous permettra de vous connecter.
image
Inscrivez-vous gratuitement
et continuez votre lecture
L'inscription vous permet également de commenter les articles et nous aide à améliorer votre expérience. Cela ne prend que quelques secondes.
Déjà inscrit ? Entrez votre email pour vous connecter.
Veuillez utiliser le format suivant : example@domain.com
SE CONNECTER AVEC
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation. Une fois inscrit, vous recevrez gratuitement notre Une du Jour.
Register to continue
SE CONNECTER AVEC
Log in to continue
Connectez-vous ou inscrivez-vous
SE CONNECTER AVEC
check your email
Consultez vos mails
Nous vous avons envoyé un e-mail à .
Il contient un lien qui vous permettra de vous connecter.