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Les politiques de droite mises à l’honneur à la conférence controversée sur l’antisémitisme en Israël

Boycottée pour la présence d’élus d’extrême droite, la conférence de Jérusalem a aussi accueilli un dirigeant bosniaque sous mandat d’arrêt et un ex-président paraguayen sanctionné

Le président du Rassemblement national français Jordan Bardella (à gauche) et le ministre des affaire de la diaspora Amichaï Chikli lors de la conférence internationale sur la lutte contre l'antisémitisme à Jérusalem, le 27 mars 2025. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)
Le président du Rassemblement national français Jordan Bardella (à gauche) et le ministre des affaire de la diaspora Amichaï Chikli lors de la conférence internationale sur la lutte contre l'antisémitisme à Jérusalem, le 27 mars 2025. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

La toute première conférence internationale du gouvernement israélien consacrée à la lutte contre l’antisémitisme, tenue jeudi à Jérusalem, a été marquée par de vives controverses. Plusieurs intervenants, majoritairement issus de la droite, ont lancé des attaques virulentes contre les organisations et les médias de gauche, qu’ils accusent de favoriser l’antisémitisme.

L’événement, organisé à l’International Convention Center, avait déjà suscité l’attention la semaine dernière après le refus de plusieurs dirigeants juifs de premier plan d’y participer, en raison de la présence annoncée de responsables politiques européens d’extrême droite, dont les partis sont régulièrement accusés d’antisémitisme.

Le ministre de la Diaspora, Amichai Chikli, dont le bureau a organisé la conférence, a ouvert la séance en s’adressant directement aux élus d’extrême droite européens, réagissant à la polémique suscitée par leur invitation.

« Je vous présente mes excuses pour les mensonges colportés à votre encontre par ceux qui calomnient l’État d’Israël dans le monde entier », a-t-il déclaré, avant d’accuser le quotidien israélien de gauche Haaretz d’être à l’origine de la controverse. Le qualifiant de « phare du mensonge et de la propagande antisioniste », Chikli a affirmé que « Haaretz et d’autres du même genre ne représentent pas le peuple juif ».

Le directeur général de l’Anti-Defamation League (ADL), Jonathan Greenblatt, et le philosophe français Bernard-Henri Levy, qui figuraient parmi les personnalités invitées à prononcer les discours d’ouverture, ainsi que le grand rabbin britannique Ephraim Mirvis, ont finalement annulé leur participation, invoquant la crainte que la présence de parlementaires d’extrême droite ne confère une forme de légitimité à des mouvements politiques marqués par une longue histoire d’antisémitisme, de négation de la Shoah et de racisme.

Dans le but d’apaiser les tensions, le président Isaac Herzog a reçu les dirigeants juifs lors d’une rencontre privée mercredi soir, à la veille de la conférence, sans la présence des personnalités d’extrême droite.

Après la conférence, Chikli a défendu devant les journalistes sa décision d’inviter les députés européens d’extrême droite, affirmant s’être longuement entretenu avec chacun d’eux au sujet de leurs positions sur Israël.

Le ministre de la Diaspora, Amichai Chikli, s’exprime lors de la conférence internationale sur la lutte contre l’antisémitisme à Jérusalem, le 27 mars 2025 (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

« Les actes parlent plus fort que les mots », a déclaré Chikli, soulignant que Marine Le Pen, du parti français Rassemblement national, dont le président Jordan Bardella a assisté à la conférence, s’était montrée sincèrement préoccupée par la communauté juive de France. Les représentants du parti allemand AfD n’ont pas été invités, a-t-il ajouté, en raison des voix radicales présentes en son sein, malgré sa position pro-Israël.

Hermann Tertsch, eurodéputé du parti espagnol d’extrême droite Vox, a déclaré au Times of Israel qu’il avait jugé nécessaire de participer à la conférence malgré les polémiques.

L’eurodéputé espagnol Hermann Tertsch à Jérusalem, le 27 mars 2025. (Crédit : Zev Stub/Times of Israel)

« Je suis ici parce que la lutte contre l’antisémitisme est une question fondamentale qui nous concerne tous », a-t-il affirmé, ajoutant avoir été honoré par la communauté juive de Madrid pour son engagement dans ce combat.

« J’ai été journaliste pendant 40 ans et j’ai été reconnu par la communauté juive de Madrid pour mon travail. Nous menons un combat très sérieux, et ce que nous faisons dérange d’autres parties qui ne voient pas le danger. Les partis conservateurs ne font rien parce qu’ils pensent que ce n’est rien, et ils condamnent Israël pour s’être défendu », a déclaré Tertsch au sujet des personnalités qui se sont retirées de l’évènement.

« Nous ne cessons pas de travailler », a poursuivi l’eurodéputé. « Notre organisation est militante dans la lutte contre l’antisémitisme. Chaque jour, il y a quelque chose à faire pour faire prendre conscience que nous devons nous défendre contre ce virus de l’esprit. »

Netanyahu : Beaucoup pensaient qu’Israël était sur le point de disparaître

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a également pris la parole jeudi, qualifiant l’antisémitisme de « maladie » menaçant l’ensemble des sociétés civilisées.

Bien avant la Shoah, a-t-il rappelé, certains avaient compris que l’antisémitisme croissant en Europe ne détruirait pas seulement la vie juive, mais saperait aussi les civilisations environnantes.

« Aujourd’hui, nous lançons un avertissement similaire : le sort des sociétés libres dépend de leur volonté de combattre le fléau de l’antisémitisme. »

Selon lui, cette haine s’est aujourd’hui réincarnée dans des entités comme le [groupe terroriste palestinien du] Hamas ainsi que dans l’islam radical actif au Yémen, en Iran, au Liban et à Gaza.

Mais contrairement à la situation de la Shoah, a-t-il poursuivi, les Juifs disposent aujourd’hui d’un État et d’une armée pour se défendre et riposter.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu s’exprime lors de la conférence internationale sur la lutte contre l’antisémitisme à Jérusalem, le 27 mars 2025 (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

« Le 7 octobre [2023], nous avons été pris par surprise », a déclaré Netanyahu.
« Nous avons assisté à un pogrom terrible. Effroyable. Et beaucoup pensaient qu’Israël était sur le point de disparaître. [L’ancien chef du Hezbollah, Hassan] Nasrallah l’a exprimé de manière explicite quand il a dit que ‘l’État juif, l’armée juive ne sont rien de plus qu’une toile d’araignée qu’il serait facile de balayer’. »

« Mais voilà, un an et demi plus tard, Nasrallah n’est plus là », a poursuivi Netanyahu. « L’ancien dirigeant du Hamas, Ismail Haniyeh, n’est plus là. [L’ancien chef du Hamas Yahya] Sinwar n’est plus là. [L’ancien président syrien Bachar el-Assad] n’est plus là. Nous avons vaincu le Hamas. Nous avons mis le Hezbollah à genoux. Nous avons détruit les restes de l’armée syrienne. Nous avons frappé les Houthis, avec l’aide précieuse de nos alliés américains. Et nous avons exposé la vulnérabilité de l’Iran. »

Le silence est synonyme de complicité

Lors d’une autre table ronde intitulée « Ne me confondez pas avec les faits », les intervenants ont accusé les mouvements de gauche d’attiser les flammes de l’antisémitisme en colportant des mensonges.

L’historien d’extrême droite Gadi Taub a critiqué les mouvements progressistes en Israël qu’il accuse de miner le sionisme. Reprenant l’attaque formulée plus tôt par Chikli contre Haaretz, son ancien employeur, il a affirmé que le journal « sape systématiquement le sionisme ».

Jordan Bardella, président du parti français d’extrême droite Rassemblement national (RN), a présenté son mouvement comme « le meilleur bouclier pour nos compatriotes juifs ». Il a déclaré que la France devait coopérer avec Israël dans la lutte contre l’antisémitisme, en s’appuyant sur la définition de travail de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA).

« Face à la résurgence inquiétante de la haine antijuive en Europe et dans le monde, et face au terrorisme qui entend détruire nos vies et nos valeurs, nous, Français, croyons plus que jamais que nos nations doivent unir leurs voix et leurs forces dans la lutte », a-t-il déclaré.

Jordan Bardella, chef du parti d’extrême droite français Union nationale, lors de la conférence internationale sur la lutte contre l’antisémitisme à Jérusalem, le 27 mars 2025 (Crédit : GPO)

« Je suis conscient de la portée symbolique de mon invitation ici, et de la responsabilité qui incombe à mon parti… dans cette guerre contre la barbarie, qui est aussi la nôtre », a-t-il ajouté.

L’ancien président du Paraguay, Horacio Cartes, a pour sa part affirmé devant le public que le silence face à l’antisémitisme « n’est pas de la neutralité, mais de la complicité ».

Cartes, qui fait l’objet de sanctions de la part des États-Unis pour corruption et pour ses liens présumés avec le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah, soutenu par l’Iran, avait été invité à la conférence par le bureau du Premier ministre, selon Haaretz.

Le président des Serbes de Bosnie, Milorad Dodik, dans la ville bosniaque de Banja Luka, au nord-ouest de Sarajevo, le 26 février 2025. (Crédit : Radivoje Pavicic/AP)

Un autre dirigeant étranger, le président des Serbes de Bosnie, Milorad Dodika brièvement quitté la conférence après avoir été informé qu’un tribunal de Bosnie avait émis un mandat d’arrêt international à son encontre, en raison de ses appels à la sécession de la Republika Srpska, entité serbe de Bosnie, du reste du pays.

Selon les organisateurs, Dodik a quitté les lieux de son propre chef avant d’y revenir plus tard. En tant que signataire de la Convention européenne d’extradition, Israël est théoriquement tenu d’extrader les ressortissants faisant l’objet d’un mandat. Il n’était pas établi jeudi si la Bosnie avait officiellement transmis une demande d’extradition dans le cadre de la conférence.

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