En Australie, les actes antisémites ont quadruplé depuis le 7 octobre – rapport
Selon les auteurs du rapport, les 2 062 incidents répertoriés ne donnent qu'une image tronquée du regain d'antisémitisme
Les Juifs australiens ont été la cible de plus de 2 000 incidents antisémites depuis le début de l’année, soit quatre fois plus que l’an dernier, a indiqué le Conseil exécutif de la communauté juive australienne (ECAJ) dans un rapport publié dimanche.
Au total, 2 062 incidents ont été répertoriés entre octobre 2023 et septembre 2024, bien davantage donc que les 495 incidents constatés un an plus tôt. Ce chiffre n’inclut pas les déclarations antisémites faites sur les réseaux sociaux.
Ces chiffres sont semblables à ceux publiés la semaine dernière à propos des actes antisémites survenus en Nouvelle-Zélande durant la même période.
Le rapport, publié par le Conseil juif de Nouvelle-Zélande, parle de 226 actes antisémites répertoriés dans les douze mois suivant le pogrom du 7 octobre, soit plus que les neuf dernières années cumulées. Moins de 10 000 Juifs vivent en Nouvelle-Zélande.
Les incidents antisémites se sont multipliés au sein des communautés juives, un peu partout dans le monde, depuis le 7 octobre 2023, jour où des terroristes du Hamas venus de Gaza ont déclaré la guerre à Israël en prenant d’assaut des villes entières et en tuant près de 1 200 personnes, sans oublier les 251 otages enlevés lors d’une attaque des plus brutales.
Nombre de pays sont en proie à des actes antisémites – alimentés par des critiques virulentes de la politique israélienne et amplifiés par l’incitation à la haine sur les réseaux sociaux –, à des niveaux inédits depuis la Shoah. Selon les sources, on parle d’actes antisémites en hausse de 100 % à 300 % voire plus dans de nombreux pays.
« On n’a jamais connu pareille augmentation », explique Julie Nathan, directrice de recherche de l’ECAJ, qui a compilé le rapport annuel. « Au contraire, les chiffres bruts sous-estiment la gravité du regain d’antisémitisme. »
Les incidents les plus graves se sont produits lors de manifestations anti-Israël devant des synagogues ou des écoles juives : on a aussi vu des militants anti-Israël s’en prendre à de petites entreprises appartenant à des familles juives, des maisons juives recouvertes de graffitis et d’autocollants haineux, sans parler de la très forte augmentation des agressions physiques et violences verbales ä l’envers des Juifs sur la voie publique, poursuit Nathan.
Selon le rapport, plusieurs événements survenus en Australie ont, dans l’immédiat après 7 octobre, donné le ton de l’année à venir. Dans l’ouest de Sydney, le lendemain du massacre, le cheikh Ibrahim Daoud a pris la parole lors d’une grande manifestation de réjouissance suite à la mort de nombreux Juifs en Israël pour dire en substance : « Je suis ravi. C’est un jour qui redonne courage, un jour de résistance, un jour de fierté, un jour de victoire. »
Un jour plus tard, devant le célèbre Opéra de Sydney, une foule anti-Israël s’est rassemblée pour tirer des fusées éclairantes et scander « Fuck the Jews ! », « Où sont les Juifs ? » et, selon plusieurs témoins, « Gazez les Juifs ! », sous les yeux de la police. Il s’agissait de la première d’une longue liste de manifestations organisées chaque week-end un peu partout en Australie cette année, analyse le rapport.
Plus de 2 000 incidents de ce type s’ajouteront à la liste.
Le doxxing de 600 Juifs a eu pour effet de leur faire perdre leur emploi ou de faire de leur petite entreprise des cibles de choix pour les détracteurs. Certains d’entre eux ont même dû déménager pour se mettre en sécurité.
En novembre 2023, un grand nombre de manifestants anti-Israël ont pénétré dans une synagogue de Melbourne, un vendredi soir. Une émeute a éclaté et des pierres ont été jetées sur les Juifs, ce qui a conduit à l’évacuation de la synagogue pour mettre les fidèles à l’abri.
En mai 2024, des Juifs de Melbourne qui participaient à une manifestation contre l’antisémitisme « Plus jamais » ont été accostés et physiquement pris à partie par une foule anti-Israël qui leur barrait la route.
En octobre 2023, à Sydney, un homme juif âgé de 44 ans a été traité de « Chien de juif » et agressé dans un parc public par trois hommes : il s’en est tiré avec une commotion cérébrale et des fractures de la colonne vertébrale.
Les auteurs de ces actes antisémites sont représentatifs de toute la frange anti-Israël – groupes arabo-musulmans, progressistes de gauche, antisémites de droite, néo-nazis, sans oublier les non affiliés à une quelconque mouvance, explique le rapport, qui préconise une plus grande sévérité de la part des autorités.
« La réponse des autorités politiques, communautaires, universitaires et même de la société civile a été tiède, dans le meilleur des cas », ajoute Nathan. « Les agressions physiques, verbales et d’autre nature contre des personnes, familles ou communautés juives vont continuer de s’aggraver à moins que les autorités, la police et d’autres services ne fassent preuve de fermeté en prenant des mesures fortes pour mettre fin à cette marée montante d’actes antisémites et forcer les responsables à rendre des comptes. »