Le centre médical israélien Sheba dévoile « la chambre d’hôpital du futur »
L'établissement de pointe se prépare à un retour de la pandémie au moyen de robots, de lunettes de réalité augmentée et de systèmes de détection de dégradation

Laissant les robots et l’intelligence artificielle faire le plus gros du travail et gardant les médecins et les infirmières à l’écart d’un patient infectieux grâce à des lunettes de réalité augmentée, un centre médical israélien à la pointe du combat contre la Covid-19 a dévoilé mardi ce qu’il a qualifié de « chambre d’hôpital du futur ».
Le centre médical Sheba a déclaré qu’il n’attendait pas l’avenir pour intégrer les nouvelles technologies, car il cherchait à se préparer à la très redoutée seconde vague d’épidémie de coronavirus, alors même que la pandémie occupe une place de plus en plus mineure dans la vie publique israélienne.
« Les technologies que nous introduisons, et que nous avons introduites récemment, nous donneront un avantage dans notre préparation à une seconde vague », prédit Eyal Zimlichman, le médecin en chef de Sheba.
Il indique que son hôpital, situé juste aux abords de Tel-Aviv, a accueilli le plus grand nombre de patients atteints de Covid-19 en Israël à ce jour, et qu’il était « beaucoup mieux préparé » à une deuxième vague qu’il ne l’était pour la première.
Le médecin s’est entretenu avec le Times of Israël après un événement en ligne d’une heure mardi, au cours duquel il a commenté des images tournées dans une nouvelle salle construite dans le Centre israélien de simulation médicale basé à Sheba. La « chambre du futur » est une installation utilisée pour tester les innovations utilisées par le personnel enseignant. C’est un modèle qui montre ce à quoi les salles du campus commenceront à ressembler au fur et à mesure de l’introduction des innovations au cours des prochains mois.
La salle comprend plus d’une dizaine de technologies qui ont été déployées ces dernières semaines ou qui le seront bientôt dans certaines parties de l’hôpital, notamment dans l’unité Covid, qui compte 450 lits. Sheba a joué un rôle dans le développement de certaines des innovations, mais pas toutes.

L’hôpital s’efforce depuis longtemps de renforcer le rôle de la technologie dans les soins aux patients, mais la Covid-19 a été un « accélérateur » majeur pour la santé numérique, souligne M. Zimlichman. Il explique que la pandémie a forcé le personnel à faire preuve de créativité afin de répondre aux besoins complexes des patients tout en minimisant le contact direct avec eux.
« Certaines de ces solutions avaient déjà été testées à Sheba, mais c’est la Covid-19 qui nous a poussés à les mettre en avant et à les exploiter », précise le médecin.
Le webinaire – intitulé « Espace Santé 2030 », car Sheba voulait lancer une conversation sur ce à quoi ressembleront les soins aux patients dans une décennie – a montré des images de médecins traitant un acteur jouant le rôle d’un hypothétique patient de 40 ans atteint de la Covid-19, Joel Cohen. Un robot l’a connecté pour un appel vidéo avec sa femme, un capteur sous son matelas a surveillé diverses constantes, une infirmière a utilisé la réalité virtuelle pour réparer un respirateur et l’intelligence artificielle a aidé les médecins à détecter une détérioration avant qu’elle ne se produise.

L’une des caractéristiques de la nouvelle chambre d’hôpital est le dispositif que le patient utilise pour effectuer des tests sur la base des instructions d’un médecin ou d’une infirmière qui leur parle via un écran. Dans la simulation, un médecin dit au patient de raccorder un thermomètre et d’autres accessoires pour obtenir une idée de son état de santé.
Pour de nombreuses affections, les médecins veulent que la technologie donne un avertissement précoce en cas de détérioration, mais cela est particulièrement nécessaire pour le coronavirus, a déclaré Eyal Zimlichman. La maladie peut entraîner une mort soudaine, et les médecins souhaitent désespérément recevoir des alertes précoces. « Il est essentiel pour nous de pouvoir surveiller les patients et de voir quelques heures à l’avance quand leur état va se dégrader », a-t-il expliqué.
Les médecins de Sheba placent déjà des capteurs sous les matelas dans certains services pour suivre le rythme cardiaque, la fréquence respiratoire et les mouvements. L’intelligence artificielle traite les données et alerte les médecins si la santé des patients risque de se dégrader. « Cela nous donne généralement un signal quatre à six heures avant une détérioration », indique Eyal Zimlichman, ajoutant que c’est un temps précieux dans le cas des patients atteints de coronavirus.
Un autre système d’alerte, toujours en cours de développement par Sheba et un partenaire du secteur privé, est une application qui surveille la voix d’un patient lorsqu’il parle sur son téléphone portable. Elle peut détecter les changements dans la voix – ou la respiration – qui peuvent indiquer qu’une détérioration est probable, et alerter l’équipe médicale si elle est détectée.
Mais la technologie s’accompagne d’un risque de défaillance technique, et c’est pourquoi la nouvelle chambre du patient comprend une fonction qui permet aux équipes d’assistance technique pour les différents appareils d’aider les médecins et les infirmières à résoudre les problèmes en faisant des démonstrations en réalité augmentée. Ils portent des lunettes Microsoft HoloLens 2, « des lunettes intelligentes à réalité mixte ».
Eyal Zimlichman révèle que la réalité augmentée a été utilisée tout au long de la pandémie et s’est avérée utile, car il est difficile de faire porter aux techniciens des équipements de protection pour effectuer des activités de maintenance dans les unités Covid.
Amitai Ziv, directeur du Centre israélien de simulation médicale, s’est dit particulièrement heureux de voir les entreprises du secteur de la défense s’impliquer dans les soins de santé. « Nous sommes très privilégiés par le fait que nous nous sommes trouvés, pour ainsi dire, à passer de l’industrie de la mort à l’industrie de la guérison », rapporte-t-il.
« Tuer n’est pas un joli mot, on préfère défense, mais beaucoup de ces start-ups que nous avons vues, et des entreprises plus solides qui sont là dans le domaine de la défense… ont réorienté leurs activités vers domaine de la guérison, et c’est quelque chose qui nous a tous rendus très fiers ».