Le chef de l’IPS a saboté l’enquête sur un policier de Cisjordanie – DIPI
La procureure générale envisage d'inculper Kobi Yaakobi pour obstruction à l'enquête sur un officier supérieur qui aurait ignoré les attaques d'Israéliens radicaux pour plaire à Itamar Ben Gvir

La division des affaires policières internes du ministère de la Justice envisage d’inculper le commissaire en chef de l’Administration pénitentiaire israélienne (IPS), Kobi Yaakobi, pour obstruction à l’enquête en cours sur un policier de haut rang de Cisjordanie, a rapporté le quotidien Haaretz dimanche.
Le mois dernier, des enquêteurs du Département des enquêtes internes de la police (DIPI) ont annoncé qu’ils soupçonnaient le commandant Avishaï Muallem, qui dirige l’unité d’enquête et de renseignement de la police de Cisjordanie, d’avoir fermé les yeux sur les violences commises par les résidents d’implantations dans l’espoir de satisfaire le ministre d’extrême-droite de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir.
Muallem est soupçonné d’avoir trafiqué à plusieurs reprises des enquêtes sur des attaques de nationalistes juifs contre des Palestiniens en Cisjordanie, donnant l’impression d’une enquête approfondie tout en laissant les auteurs de ces attaques impunis.
Alors que l’investigation était encore confidentielle, Yaakobi aurait informé Muallem, lors d’un appel téléphonique sur écoute, qu’il faisait l’objet d’une enquête.
Muallem a téléphoné à Yaakobi, nommé par Ben Gvir et toujours proche du ministre ultra-nationaliste, pour lui demander une promotion. Yaakobi a répondu à Muallem qu’une promotion serait impossible, lui révélant qu’il faisait l’objet d’une enquête.
Des sources au sein de l’organisme chargé de l’application de la loi ont déclaré à Haaretz que cet appel téléphonique constituait une « obstruction classique » et leur fournissait des preuves « concluantes » pour engager des poursuites à l’encontre de Yaakobi. Il devrait être accusé d’obstruction et d’abus de confiance, puisque l’appel suggère également qu’il a interféré dans les nominations de la police.

La procureure générale Gali Baharav-Miara et le procureur de l’État Amit Aisman n’ont pas encore déposé d’acte d’accusation contre le chef de l’IPS. Par conséquent, il reste donc à son poste pour le moment.
Ben Gvir a critiqué l’enquête du DIPI sur Yaakobi dimanche, accusant la division de « fabriquer un cas contre un officier exceptionnel » sur le réseau social X.
« Je soutiens pleinement le commissaire en chef de l’IPS, Kobi Yaakobi, contre la note d’information du procureur de l’État publiée dans le journal terroriste Haaretz, selon laquelle il a l’intention de déposer un acte d’accusation contre lui », a-t-il écrit.
« Le DIPI, sur ordre du procureur de l’État et de la procureure générale, le maltraite parce qu’il met en œuvre la politique du ministre. »
Ben Gvir a lui-même critiqué à de nombreuses reprises les enquêtes menées par les autorités israéliennes sur les violences commises par les résidents d’implantations, qu’il a qualifiées de « persécution sélective des gens de droite ».
Dans une déclaration faite le mois dernier à propos de l’arrestation de Muallem, le bureau de Ben Gvir a rappelé le vœu qu’il avait fait en devenant ministre, à savoir que l’époque où l’on « portait atteinte illégalement aux Jeunes des Collines était révolue ».
Les « Jeunes des Collines » sont des militants radicaux qui établissent des avant-postes illégaux en Cisjordanie. Nombre de ces militants ont été impliqués dans de graves actes de violence, des vols et des incendies criminels à l’encontre de Palestiniens et de leurs biens.
Lors d’un interrogatoire en décembre, Yaakobi aurait nié avoir eu connaissance d’une enquête sur Muallem. Sa version contredit celle de son assistant, Lior Abudraham, qui a déclaré au DIPI qu’il avait informé son patron de l’enquête.
Les enquêteurs du DIPI ont arrêté Muallem à deux reprises : la première fois dans le cadre de leur enquête initiale, et la seconde fois parce qu’ils le soupçonnaient d’avoir contacté son service pour leur demander l’envoi de documents classifiés alors qu’il avait été suspendu de ses fonctions. La semaine dernière, la suspension de Muallem a été prolongée d’un mois.
Il est soupçonné d’avoir accepté et donné des pots-de-vin, d’avoir commis un abus de confiance et de ne pas avoir empêché la réalisation d’un crime en ignorant délibérément les informations de l’agence de sécurité intérieure du Shin Bet concernant des Juifs soupçonnés de terrorisme.