Arrestation d’un policier de premier plan qui faisait déjà l’objet d’une enquête
Avishai Muallem, inculpé pour des enquêtes fictives sur des crimes nationalistes juifs pour plaire à Ben Gvir, a été placé en détention pour avoir tenté de retirer des documents des systèmes de la police
Jeremy Sharon est le correspondant du Times of Israel chargé des affaires juridiques et des implantations.

Un officier de police de premier plan, qui fait déjà l’objet d’une enquête pour corruption et pour d’autres délits liés à son manque de volonté apparent d’enquêter sur les crimes nationalistes juifs en Cisjordanie, a été de nouveau arrêté jeudi. Il est soupçonné d’obstruction à l’enquête ouverte à son encontre et d’avoir abusé de son autorité.
Le Département des enquêtes internes de la police (DIPI) a fait savoir que le commandant de la police israélienne Avishai Muallem, chef du département des enquêtes et du renseignement du district de Judée-Samarie, au sein de la police israélienne, avait été appréhendé parce qu’après avoir été suspendu de son poste, il avait demandé à son département de « retirer des documents des systèmes de la police et de les lui transférer ».
Muallem a été arrêté par des agents du DIPI. Il doit comparaître jeudi devant le tribunal de première instance de Jérusalem. Lors de cette audience, le département demandera qu’il soit libéré – une libération qui sera assortie de restrictions.
Muallem avait déjà été arrêté pour les mêmes faits au début du mois de décembre et il avait été placé en détention pendant quatre jours avant d’être assigné à résidence.
Les investigations lancées concernent des soupçons portant sur de possibles enquêtes fictives qui avaient été ouvertes sur des crimes nationalistes juifs commis en Cisjordanie – avec pour objectif de donner l’impression que des enquêtes étaient menées sans que les auteurs soient réellement amenés à rendre des comptes, dans le but de satisfaire aux vœux d’Itamar Ben Gvir, le ministre de la Sécurité nationale d’extrême-droite.
Ben Gvir a exprimé à plusieurs reprises son mécontentement face aux actions entreprises par les forces de l’ordre contre les partisans du mouvement pro-implantation. Lui-même a été accusé d’intervenir de façon inappropriée dans les activités et dans les enquêtes de la police.

Un autre haut-responsable de la police appartenant au même district et dont le nom n’a pas encore été révélé fait actuellement l’objet d’une enquête parallèle. De son côté, le commissaire en charge de l’administration pénitentiaire israélienne, Kobi Yaakobi, est également soupçonné dans cette affaire.
Mardi, le DIPI a déclaré que Muallem et l’autre responsable de son district étaient soupçonnés d’avoir « mené des activités irrégulières dans le cadre de leurs fonctions, dans le but d’influencer leur avancement dans les rangs de la police israélienne, tout en s’écartant de la procédure dans le traitement des cas de criminalité nationaliste ».
Yaakobi est soupçonné d’avoir informé Muallem qu’il faisait l’objet d’une enquête sous couverture avant que cette dernière ne soit rendue publique.
Selon un article qui a été publié le mois dernier dans le journal Haaretz, Muallem aurait aussi ignoré de manière répétée et délibérée les informations qui lui avaient été transmises – ainsi qu’à son unité – par le département en charge des crimes nationalistes au sein du Shin Bet au sujet de l’implication d’extrémistes de droite dans des attaques qui avaient pris pour cible des Palestiniens.

Le refus de Muallem de s’attaquer à l’extrémisme juif découlait, semble-t-il, du désir de s’attirer les faveurs de Ben Gvir et d’obtenir une promotion au sein de la police. Ben Gvir est un ultranationaliste qui avait été condamné devant les tribunaux avant d’entrer en politique.
Le scandale avait éclaté le mois dernier lorsque des agents de la DIPI avaient mené un raid au domicile de Muallem en date du 2 décembre. Il avait été arrêté. Yaakobi, de son côté, avait été placé en détention en vue d’un interrogatoire.
L’avocat de Muallem, Ephraim Dimri, a dénoncé une enquête « politique », affirmant que Muallem n’avait fait qu’appliquer les ordres qui lui avaient été transmis par de hauts responsables et qu’il n’avait fait que mettre en œuvre les politiques de son ministre de tutelle.
L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.