Le chef du Mossad en visite aux États-Unis pour discuter de l’Iran
David Barnea devrait faire pression sur les hauts responsables américains pour qu'ils ne concluent pas d'accord provisoire avec l'Iran

Le chef du Mossad, David Barnea, devait se rendre dimanche à Washington pour discuter de l’Iran avec de hauts responsables de l’administration Biden.
Ce voyage intervient quelques jours après l’arrêt de la reprise des négociations visant à rétablir l’accord de 2015 limitant le programme nucléaire iranien en échange d’un allègement des sanctions, les États-Unis ayant déclaré que les Iraniens ne semblaient pas sérieux quant à la conclusion d’un accord.
Selon le quotidien Haaretz, M. Barnea cherchera à convaincre les dirigeants américains de ne pas chercher à conclure un accord intérimaire qui ne verrait pas l’Iran revenir à un respect total de l’accord, et cherchera plutôt à obtenir le soutien international en faveur de sanctions sévères contre Téhéran.
Selon le journal, ces rencontres ont été qualifiées d’ « extrêmement importantes ».
Le chef du Mossad soulignera que si un accord avec l’Iran est finalement conclu, Israël ne sera pas lié par celui-ci et poursuivra ses efforts pour contrecarrer les travaux nucléaires de la République islamique, selon le site d’information Ynet.
M. Barnea, qui agira en tant qu’émissaire du Premier ministre Naftali Bennett, aurait également l’intention de présenter aux Américains de nouvelles informations sur le programme iranien.

Le ministre de la Défense, Benny Gantz, se rendra aux États-Unis plus tard dans la semaine pour des entretiens qui devraient également porter sur l’Iran.
Les Etats-Unis ont accusé samedi l’Iran de bloquer les négociations pour sauver l’accord sur le nucléaire iranien tout en développant son programme atomique, et ont prévenu qu’ils ne pourront « pas accepter » cette attitude – sans pour autant claquer la porte des discussions.
« L’Iran n’a pas montré l’attitude d’un pays qui pense sérieusement à un retour rapide » dans l’accord de 2015 censé l’empêcher de se doter de la bombe atomique, a dit à des journalistes un haut responsable qui venait de participer, à Vienne, à la reprise des pourparlers.
Le constat américain rejoint celui des négociateurs européens. Les Européens ont exprimé vendredi leur « déception et préoccupation » quelques jours après la reprise à Vienne des négociations sur le nucléaire iranien, selon des hauts diplomates de la France, de l’Allemagne et du Royaume-Uni (E3).
« Téhéran revient sur la quasi-totalité des compromis qui avaient été difficilement trouvés » au cours du premier cycle de négociations entre avril et juin, ont-ils déclaré. Les pourparlers reprendront « la semaine prochaine pour voir si ces divergences peuvent être surmontées ou non ».
Ces négociations indirectes entre Washington et Téhéran, qui s’étaient ouvertes en avril avant de s’arrêter en juin à la suite de l’élection d’un nouveau président iranien ultra-conservateur, ont redémarré lundi. Elles se déroulent par l’intermédiaire de l’Union européenne, qui coordonne la mise en oeuvre du texte, et de ses autres signataires, à savoir l’Allemagne, la France, le Royaume-Uni, la Russie et la Chine.

Selon ce responsable américain, alors que les Etats-Unis ont fait preuve de « patience » au cours des cinq derniers mois, pendant que la République islamique était censée « se préparer » à renouer le dialogue, cette dernière a en fait « continué à accélérer son programme nucléaire de manière provocatrice ».
Et quand elle est finalement revenue à Vienne, « c’était avec des propositions qui revenaient sur tous les compromis proposés par l’Iran » d’avril à juin, afin de « bénéficier de tous les compromis faits par les autres et en particulier les Etats-Unis, et réclamer davantage », a-t-il déploré.
« Nous ne pouvons pas accepter une situation dans laquelle l’Iran accélère son programme nucléaire tout en traînant des pieds dans sa diplomatie nucléaire », a insisté ce responsable, réitérant une mise en garde du secrétaire d’Etat américain Antony Blinken.
Plus que jamais jusqu’ici, Washington semble sur le point de quitter les négociations et affirme se préparer « à une situation dans laquelle il n’est plus possible » de sauver l’accord.
Pour autant, le responsable a assuré que la décision de débrancher le dialogue et mettre oeuvre un plan B dont les contours restent flous, qui plongerait le Moyen-Orient dans une zone de fortes turbulences, n’est pas encore prise.
Au contraire, il a dit espérer que Téhéran va bientôt revenir à la table des pourparlers « prêt à négocier sérieusement » – probablement en milieu de semaine, même si la date doit encore être fixée par le coordinateur européen.
Samedi, le haut responsable américain a encore une fois estimé que si la diplomatie était la voie préférée de l’administration Biden, « d’autres outils » étaient aussi à sa disposition.
Si l’Iran ne rentre pas dans le rang, « nous devrons recourir à d’autres outils, des outils que vous pouvez imaginer, pour tenter d’accroître la pression sur l’Iran », a-t-il lancé, sans plus de précisions.
Macron prudent sur la poursuite des négociations
Au cours d’une visite à Dubaï, le président français a estimé qu’il ne fallait « pas exclure » que ce round de négociations « ne se rouvre pas rapidement ».
« Je pense que tout le monde est conscient du fait que de ne pas discuter, et de ne pas essayer de retrouver un cadre, à la fois sur le nucléaire et les sujets régionaux, affaiblit tout le monde, et est un facteur d’augmentation de la conflictualité », a commenté Emmanuel Macron.
Il a souligné l’importance « d’impliquer dans cette discussion l’ensemble des membres du P5 » (Etats-Unis, Chine, France, Russie, Royaume-Uni, auxquels s’ajoute l’Allemagne), en citant en particulier les Chinois.
Il est aussi « important », selon lui, de réengager une dynamique un peu plus large et d’y impliquer les puissances régionales » car « il est très difficile de trouver un accord si les pays du Golfe, Israël et tous ceux qui sont directement touchés dans leur sécurité, n’en font pas partie prenante ».
« Tout le monde sait qu’ils (les Iraniens) ont repris le travail d’enrichissement. Nous avons donc une situation qui n’est pas bonne pour eux, et pas bonne non plus pour la sécurité régionale », a-t-il ajouté, en insistant sur la nécessité de laisser les inspecteurs de l’AIEA faire leur travail en Iran.