Le contrôleur de l’État évoque « un échec majeur » après des brèches dans la barrière
"C’est ainsi qu’un terroriste peut se rendre de Jénine à Bnei Brak en une heure", a dit Englman, exhortant les députés israéliens à "revenir à la raison" face au terrorisme

Le contrôleur de l’État a accusé jeudi les autorités d’avoir laissé la barrière de sécurité avec la Cisjordanie tomber en ruine. Il a indiqué que ce qui avait servi à endiguer la deuxième Intifada, il y a plus de 15 années de cela, n’était « plus adapté ».
Le contrôleur de l’État, Matanyahu Englman, a tenu ces propos lors de sa visite d’une partie abimée de la barrière, à proximité de la ville de Matan, au nord-ouest de Tel Aviv, quelques jours après qu’un terroriste palestinien, apparemment entré en Israël par un trou dans la clôture, a abattu cinq personnes à Bnei Brak.
« Nous voyons ici des ouvertures par lesquelles des milliers de Palestiniens peuvent passer, avec ou sans permis, sans aucune surveillance. Il est même possible que des véhicules les franchissent », a-t-il déclaré, évoquant un « échec majeur ».
« C’est ainsi qu’un terroriste peut se rendre de Jénine à Bnei Brak en une heure, avec une grande facilité », a précisé Englman.
La première partie de la barrière de sécurité avec la Cisjordanie a été construite en 1994, sous la mandature de l’ex-Premier ministre, Yitzhak Rabin. L’ouvrage a pris de l’ampleur à la faveur de la deuxième Intifada (2000-2005), comme défense principale des grands centres de population israéliens contre les kamikazes palestiniens.
Des 708 kilomètres de barrière prévus initialement, seuls 62 % sont sortis de terre. Environ 85 % de la barrière passe à l’intérieur de la Cisjordanie : les 15 % restants longent la Ligne verte ou se trouvent en territoire israélien. Certaines parties de la barrière sont donc encore à construire tandis que des pans entiers s’effondrent.

Les Palestiniens critiquent depuis longtemps la barrière qui, à certains endroits, les isole des terres agricoles. Depuis la deuxième Intifada, elle est considérée comme un obstacle par les travailleurs palestiniens illégaux à la recherche de meilleurs salaires en Israël.
« Ces derniers mois, nous nous sommes penchés sur la question de la barrière de séparation. C’est un échec majeur. Plus de 8 milliards de shekels ont été investis dans le projet et un peu plus de 5 milliards de shekels dans la clôture elle-même. L’État d’Israël investit 140 millions de shekels par an dans la maintenance et les opérations quotidiennes dans la région », a détaillé Englman.
Le contrôleur a invité le Premier ministre, Naftali Bennett, et le gouvernement dans son ensemble, à « revenir à la raison et prendre conscience que la barrière de séparation, longtemps considérée comme la première défense des citoyens israéliens contre les terroristes, ne jouait plus son rôle ». Il a dit souhaiter une réévaluation des ressources investies afin « d’examiner comment remédier à ces problèmes ».
Oshrat Gani Gonen, direcrice du Conseil régional de Sharon du Sud, a joint sa voix à celle d’Englman en rappelant les mises en garde répétées du Conseil au gouvernement sur la question.
« Pendant des années, nous avons alerté le ministère de la Défense et le ministère de la Sécurité publique sur notre sentiment d’abandon face à une clôture aisément franchissable. C’est avéré aujourd’hui », a-t-elle rappelé.
« Tout ce que nous demandons – et, plus que jamais, nous voyons à quel point cette revendication est justifiée – c’est que soient réparées ces brèches, que soit entretenue la barrière et que l’on positionne des forces de l’ordre le long de la clôture », a-t-elle ajouté.

La visite d’Englman à la barrière a eu lieu après trois attentats qui ont coûté la vie à onze Israéliens en l’espace d’une semaine, dans ce qui s’apparente à la plus grande vague terroriste depuis 2006.

Ce mardi, un terroriste palestinien a tué cinq personnes à Bnei Brak. Des attentats à Hadera, dimanche, et Beer Sheva, mardi dernier, avaient déjà coûté la vie à six Israéliens.
Face à ce qu’il a lui-même qualifié de « vague de terrorisme meurtrier », Bennett a invité les Israéliens autorisés à détenir des armes à feu à s’armer dans l’espace public, ajoutant qu’« il n’y aurait aucune limite aux ressources » pour lutter contre le terrorisme.
Il a ajouté que les militaires stationnés en Cisjordanie et le long de la ligne de contact seraient renforcés de 15 bataillons, « un apport considérable ».
Le président de la Knesset, Mickey Levy, a pour sa part annoncé que la Knesset se réunirait en session plénière, en urgence, mercredi prochain, pour agir face au terrorisme.
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