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Le créateur de « Téhéran », inspiré par l’histoire de sa mère, survivante de la Shoah

Connu pour ses séries à succès, Moshe Zonder explique au ToI ce qui l’inspire et confie le plaisir qu'il a eu de travailler avec Glenn Close sur la saison 2

Jessica Steinberg est responsable notre rubrique « Culture & Art de vivre »

Glenn Close (à gauche) et Nir Sultan dans la deuxième saison de la série à suspense de Kan 11 'Téhéran', diffusée aux États-Unis et en Israël depuis le 5 mai 2022 (Crédit : Autorisation Kan 11)
Glenn Close (à gauche) et Nir Sultan dans la deuxième saison de la série à suspense de Kan 11 'Téhéran', diffusée aux États-Unis et en Israël depuis le 5 mai 2022 (Crédit : Autorisation Kan 11)

Le scénariste Moshe Zonder est passé maître dans les scènes de tension et d’émotion, comme lorsqu’il pousse, dans la dernière saison de « Téhéran », une agente du Mossad interprétée par Glenn Close à prendre des décisions en une fraction de seconde. Ou encore lorsqu’il force le commando Doron Kavillio (Lior Raz) à choisir entre sa famille et son travail dans la première saison de « Fauda ».

Mais ce scénariste israélien chevronné, qui a commencé sa carrière comme journaliste d’investigation, explique s’inspirer, pour écrire, de sa mère, survivante de la Shoah qui non seulement a survécu, mais a bien vécu par la suite.

« Quand je pense à ce qu’elle a vécu, à sa survie et à son âme, cela entre dans l’histoire dans une certaine mesure, peut-être pas d’une manière directe, mais c’est en arrière-plan de l’histoire », confie Zonder, réprimant ses larmes.

La survie, que ce soit celle de l’agente du Mossad Tamar Rabinyan, de son petit ami iranien Milad, ou de leur ennemi iranien, Faraz Kamali, est au cœur de la série dramatique dont la deuxième saison est diffusée en ce moment sur Apple TV et sur la chaîne israélienne Yes.

Cette deuxième saison de la série déjà récompensée a également vocation à offrir aux téléspectateurs un aperçu des habitants et des lieux, explique Zonder.

« Nous avons mené des recherches pendant près de deux ans, rencontré d’anciens membres du renseignement, des universitaires, des gens venus d’Iran. Tous connaissent le vrai Iran, sous toutes ses coutures», ajoute Zonder. « Nous voulions comprendre ce pays qui est notre ennemi, alors même qu’un grand nombre de jeunes Iraniens et Israéliens se ressemblent et parlent le même langage. »

Il a également voulu continuer d’écrire l’histoire d’amour judéo-musulmane entre l’espionne du Mossad Tamar (Niv Sultan) et son petit ami, le pirate informatique Milad (Shervin Alenabi), et voir dans quelle mesure l’amour peut être plus fort que le conflit.

Il emmène Tamar et Milad dans le milieu de la jeunesse dorée de Téhéran, ces jeunes âgés d’une vingtaine d’années qui étudient dans les meilleures écoles du monde avant de rentrer en Iran, pris en tenailles entre l’idéologie occidentale à laquelle ils ont été exposés et un gouvernement islamique autoritaire.

Les acteurs Niv Sultan et Sia Alipour dans une scène de la deuxième saison de la série télévisée « Téhéran ». (Crédit : Apple TV)

L’arrivée de la talentueuse Glenn Close dans « Téhéran » est un bonus auquel Zonder ne s’attendait pas.

Il n’avait pas écrit le personnage de Marjan Montazeri, née en Grande-Bretagne et toujours flegmatique, pour Close, mais lorsque son nom lui a été soufflé, cela a pris sens.

« Elle EST Marjan », explique-t-il, « avec cette incroyable capacité à jouer avec force et confiance, et en même temps à le faire avec émotion, empathie et vulnérabilité ».

Zonder écrit toujours des biographies complètes pour ses personnages, ajoutant des détails et des informations de fond qui peuvent ne jamais s’exprimer à l’écran mais qui donnent des indications précises sur leur personnalité.

Glenn Close interprète le rôle de Marjan, Britannique convertie à l’islam et agent du Mossad, dans la deuxième saison de la série de Kan et AppleTV « Téhéran », diffusée depuis mai 2022. (Autorisation : AppleTV)

Il a fait de Marjan une Britannique issue d’un milieu aristocratique qui a rencontré son mari iranien lors de ses études de psychologie à Paris. Lorsqu’ils sont tombés amoureux, elle a pu prendre ses distances avec une famille difficile et s’est convertie à l’islam, s’installant en Iran après la chute du Shah, à une époque où les intellectuels iraniens plaçaient de grands espoirs en Khomeiny. C’est une patriote iranienne, ajoute Zonder, qui décide de travailler pour l’agence d’espionnage israélienne du Mossad à la mort de son mari, une fois ses rêves d’un Iran libre envolés.

« C’est une agente du Mossad, considérée comme une traître », dit-il, « mais elle était et elle est est toujours une patriote iranienne. Elle croyait que seul le Mossad serait en mesure d’aller jusqu’au bout contre le régime de l’Ayatollah, responsable, selon elle, de la destruction de l’Iran. Elle essaie de sauver son pays de lui-même. Parfois, en tant qu’Israélien, je m’identifie à ce point de vue ».

Ce que Zonder aime chez Marjan, c’est sa capacité à se mettre en danger pour atteindre son objectif.

« Quand on voit Marjan à l’écran, elle nous inspire. On l’apprécie, on s’inquiète pour elle, on s’identifie à elle », confie Zonder. « Dans ces mondes que j’invente, on a l’image de gens qui sont parfois des héros, parfois des anti-héros, mais on les regarde prendre des risques et on ne peut pas s’empêcher de les admirer. »

Zonder a mis tout son cœur dans le personnage de Marjan, et quand Close a lu la notice biographique, elle lui a demandé plus d’informations.

Quand ils ont finalement pu parler, Zonder explique : « J’ai pris une vraie leçon. Elle était tellement préparée que j’avais l’impression qu’elle était dans le corps de Marjan. Je ne parlais pas avec Glenn Close mais avec Marjan. »

« Elle interprète toutes les émotions et elle est juste à chaque instant », dit-il.

Close a étudié le persan via Zoom pendant deux mois, jusqu’à le parler assez bien pour les besoins du rôle.

Moshe Zonder, auteur et créateur de « Téhéran ». (Autorisation de Moshe Zonder)

« C’est impressionnant de voir comment elle travaille – avec le scénario, avec le farsi, sur le plateau », s’exclame-t-il. « Cela a été un vrai honneur pour nous de travailler avec elle. »

Il ressent la même chose pour tous les acteurs de « Téhéran ». En regardant les premiers rushs, les images brutes avant montage et en voyant comment les acteurs apportent leurs propres nuances au scénario, il déclare : « C’est un vrai bonheur de les voir s’emparer du scénario et lui donner vie. »

En plus d’attirer Glenn Close, travailler avec Apple TV (coproducteur de la série créée par la chaîne publique Kan) aura permis d’obtenir des budgets plus importants, de tourner davantage de scènes, à Athènes, en Grèce ou dans de grandes villes. Zonder a également apprécié de travailler avec les scénaristes américains et britanniques d’Apple TV, qui ont aidé l’équipe israélienne à atteindre l’excellence.

« Ils nous ont aidé à garder une grande densité en termes d’enjeux et de suspense tout en écrivant un tissu également dense de relations intimes entre les personnages », ajoute-t-il.

Cela dit, Zonder continue de penser que le génie israélien est pour beaucoup dans le succès d’une série comme « Téhéran ».

Les acteurs Niv Sultan, dans le rôle de Tamar Rabinyan, et Shervin Alenabi dans celui de son petit ami iranien, Milad, dans la deuxième saison de la série diffusée par AppleTV « Téhéran ». (Autorisation : AppleTV)

Zonder, qui est sous contrat pluriannuel avec Apple TV, a créé « Téhéran » avec Dana Eden et Maor Kohn, et le scénario a été écrit avec Omri Shenhar. Cruciales pour le succès de la série, la réalisation a été confiée à Daniel Syrkin, la production à Donna Eden et à Shula Spiegel et la musique originale à Mark Eliyahu.

« Je pense que c’est le talent israélien qui fait le succès de cette série », explique-t-il. « Alors oui, il y avait plus d’argent, mais au final, c’est le talent israélien qui a rendu tout ceci possible. »

Ce qui continue de fasciner Zonder, c’est d’écrire les pensées de l’ennemi.

« Je n’écris pas toujours sur des choses que je connais, mais j’écris avec le cœur. Je peux m’identifier à Tamar, ou à Faraz ou à Marjan, ou à la femme de Faraz, Nahid », confie-t-il. « Je peux les comprendre. Quand j’écris sur eux, je me mets à leur place. Il faut savoir qui ils sont, il faut les aimer et les comprendre, sinon c’est impossible d’écrire à leur sujet. »

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