Le Hamas laisse entendre que les 6 otages ont été exécutés parce que Tsahal approchait
Un porte-parole de l'aile militaire du groupe terroriste a dit que des instructions avaient été données aux geôliers après le sauvetage réussi de quatre autres captifs en juin ; il a blâmé Israël pour l'exécution des captifs
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.
Le groupe terroriste du Hamas a déclaré lundi qu’il avait exécuté les six otages dont les dépouilles ont été retrouvées ce week-end par Tsahal dans un tunnel de Rafah, une ville du sud de la bande de Gaza, pour empêcher les troupes de les secourir.
Dans une déclaration, le porte-parole de l’aile militaire du Hamas a indiqué qu’après une mission de sauvetage réussie à Nuseirat, au mois de juin, de la part de l’armée israélienne, de nouveaux protocoles avaient été mis en place concernant la garde des captifs – et notamment des règles à mettre en œuvre en cas d’approche des soldats israéliens.
« Nous le disons clairement à tous : après l’incident survenu à Nuseirat, de nouvelles instructions avaient été émises en direction des moudjahidines qui sont chargés de garder les prisonniers dans l’hypothèse où l’armée d’occupation devait s’approcher de leur lieu de détention », a dit Hudhaifa Kahlout qui est connu sous son nom de guerre, Abu Obeida.
Abu Obeida n’a pas donné de détails concernant la nature exacte de ces instructions. L’État juif pense que le groupe terroriste a donné pour ordre aux geôliers de tuer les captifs s’ils pensent que les forces israéliennes sont à l’approche.
Les six otages dont les corps ont été rapatriés pendant le week-end – Hersh Goldberg-Polin, Eden Yerushalmi, Ori Danino, Alex Lobanov, Carmel Gat et Almog Sarusi — avaient été tués quelques jours avant que les troupes ne les retrouvent, selon les rapports d’autopsie et selon les évaluations de l’armée.
Netanyahu a précisé dans une conférence de presse, lundi, qu’ils avaient été abattus par balle, mortellement blessés à la tête et dans le dos. Il a promis que le Hamas paierait le prix lourd.
Un haut-responsable du Hamas, Sami Abu Zuhri, a déclaré que les accusations lancées par le Premier ministre à l’encontre du groupe terroriste étaient une tentative, de la part de Netanyahu, de ne pas endosser la responsabilité de leur mort, et il a ajouté que les menaces ne l’effrayaient pas.
« Netanyahu a tué les six prisonniers et il est déterminé à tuer tous les autres. Les Israéliens doivent choisir entre Netanyahu et l’accord », a-t-il ajouté.
Abu Obeida, de la même manière, a déclaré que l’organisation terroriste tenait Israël pour responsable de l’exécution des otages.
« L’insistance placée par le Premier ministre Netanyahu sur la remise en liberté des prisonniers par le biais de la pression militaire au lieu de conclure un accord signifie que les otages reviendront auprès de leurs familles dans un cercueil, et que les familles devront choisir si elles les retrouveront en vie ou morts », a-t-il déclaré.
Le Hamas a aussi diffusé une illustration de propagande montrant un otage israélien avec un terroriste, à l’arrière, pointant son arme en sa direction. Une image qui est accompagnée d’une légende écrite en hébreu et en arabe : « Pression militaire : Mort et échec. Accord d’échange : Liberté et vie ».
La vidéo d’Eden Yerushalmi
Lundi en fin de journée, le groupe terroriste a publié une vidéo pré-enregistrée de Yerushalmi — la famille a approuvé la diffusion d’une partie de la vidéo – où cette dernière supplie Netanyahu de conclure un accord ouvrant la porte à la libération des otages, disant qu’elle craint de mourir en captivité.
Il est difficile de dire quand cette vidéo avait été tournée.
« Notre Eden, nous t’aimons, nous aussi, et tu nous manques follement… Tu es pour toujours dans nos cœurs », a dit sa famille, une déclaration qui a été relayée par le Forum des Familles d’otages et de portés-disparus.
Ce n’est pas la première fois que le groupe terroriste diffuse des vidéos de propagande montrant les otages. Israël estime que ces images entrent dans le cadre d’une guerre psychologique et que les propos tenus par les captifs ont été prononcés sous la contrainte.
Les six otages faisaient partie des 251 personnes qui avaient été enlevées par le Hamas, le 7 octobre, quand les hommes armés du groupe terroriste s’étaient livrés à un pogrom sur le sol israélien. Ils avaient massacré près de 1200 personnes, des civils en majorité.
Tsahal a indiqué ne pas avoir su où se trouvaient exactement les captifs, ayant seulement des indications sur le secteur dans lequel ils pouvaient potentiellement se trouver. L’armée avait en conséquence mené des opérations dans la zone avec prudence, ont ajouté les militaires.
Les troupes avaient commencé à fouiller un réseau de tunnels qui se trouvaient à environ 20 mètres sous la surface du sol dans la journée de samedi. Elles avaient découvert les corps sans vie des captifs dans l’après-midi. Les dépouilles avaient été rapatriées au sein de l’État juif dans la nuit de samedi à dimanche à des fins d’identification.
Au début de la guerre, Abu Obeida avait menacé d’exécuter les otages israéliens et de diffuser les images de ces mises à mort.
Après la découverte des corps sans vie, des manifestations massives ont eu lieu sur tout le territoire israélien dans la journée de dimanche. Les protestataires somment le gouvernement de conclure un accord qui permettrait aux captifs de recouvrer la liberté.
Il resterait 97 otages qui avaient été enlevés par le Hamas, le 7 octobre – 251 personnes avaient été kidnappées au total – à Gaza, y compris les corps sans vie de 33 otages dont le décès a été confirmé par l’armée.
Le Hamas avait relâché 105 civils au cours d’une trêve d’une semaine, à la fin du mois de novembre en échange de prisonniers sécuritaires, dont deux qui ont finalement été éliminés lors d’attaques terroristes. Quatre femmes avaient été remises en liberté auparavant. Huit otages vivants ont été secourus par les soldats et les dépouilles de 30 otages ont été rapatriées – notamment celles de trois Israéliens qui avaient été accidentellement tués par l’armée alors qu’ils étaient parvenus à échapper à leurs ravisseurs.
Le Hamas détient également les corps sans vie de deux soldats tombés au combat, Oron Shaul et Hadar Goldin, depuis 2014, ainsi que deux civils israéliens, Avera Mengistu et Hisham al-Sayed, qui seraient encore en vie après être entrés dans la bande de leur propre gré en 2014 et en 2015.