Netanyahu: « Si nous quittons Philadelphi », le Hamas pourra se réarmer et lancer de nouveaux 7 octobre
Après le rejet, par le Premier ministre, de toute perspective de retrait israélien du corridor dans le cadre des discussions avec le Hamas, Lapid l'accuse de vouloir une guerre éternelle et de n'avoir jamais eu l'intention de conclure un accord
Rejetant l’idée qu’il puisse chercher à bloquer la finalisation d’un accord qui ouvrirait la porte à la remise en liberté des otages, lundi soir, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a réaffirmé avec force « l’impératif stratégique », selon lui, de maintenir la présence des soldats israéliens dans le couloir Philadephi, qui court le long de la frontière que partage Gaza avec l’Égypte.
S’exprimant devant les journalistes au cours d’une rare conférence de presse à Jérusalem, Netanyahu a insisté sur le fait que ce territoire s’étendant sur 14 kilomètres était déterminant pour qu’Israël puisse atteindre ses objectifs de guerre.
Si Tsahal devait se retirer ne serait-ce que pendant les 42 jours de mise en œuvre de la première phase de l’accord, avec pour but de garantir la libération de nombreux captifs encore en vie, alors les troupes ne seraient plus en mesure d’y retourner, a-t-il dit, ajoutant que le Hamas pourrait ainsi se réarmer, se reconstituer et commettre un grand nombre d’autres pogroms similaires à celui du 7 octobre.
Il a rejeté l’idée que les six otages qui ont été exécutés par le groupe terroriste à Gaza, la semaine dernière, sont morts parce que les clauses qu’il avait imposées dans le cadre des pourparlers ont empêché la conclusion définitive d’un accord. « Nous ne sommes pas parvenus à les sortir de là. Nous n’étions pas loin d’y parvenir mais nous n’avons pas réussi. C’est terrible », a-t-il déclaré.
« Mais ce n’est pas arrivé à cause de cette décision [qui a été prise sur la question du couloir Philadelphi]. C’est tout d’abord arrivé parce que le Hamas ne veut pas d’un accord », a-t-il continué. « Je cherche tous les moyens… pour les faire revenir à la maison », a-t-il poursuivi, évoquant les otages.
Le chef de l’opposition Yair Lapid a qualifié la conférence de presse de Benjamin Netanyahu de « manipulation politique inutile » dont le seul objectif était de maintenir sa coalition en place. Il a noté que Netanyahu avait eu de longues années pour reprendre le contrôle du couloir Philadephi et qu’il n’avait pas jugé digne de le faire, faisant remarquer qu’il n’avait envoyé les troupes prendre possession du territoire que huit mois après le début de la guerre.
La vérité terrible concernant le positionnement dont Netanyahu a fait part, a continué Lapid, est « qu’il ne conclura pas d’accord. Il ne fera pas revenir nos enfants ». Il a appelé les personnalités « les plus conscientes de leurs responsabilités » au sein de la coalition du Premier ministre à poser un ultimatum : « Vous pouvez lui dire que s’il n’y a pas d’accord, il n’y aura plus de gouvernement ».
Le Forum des Familles d’otages, pour sa part, s’est engagé à renforcer « le combat en faveur du retour des otages », estimant que le Premier ministre faisait preuve « d’une négligence criminelle ».
L’approvisionnement « en oxygène » du Hamas
Au début de la conférence de presse, faisant une allocution qu’il avait préparée devant les journalistes, le Premier ministre a déclaré que les objectifs de guerre tels qu’ils avaient été définis par Israël étaient « de détruire le Hamas, de ramener tous nos otages, de faire en sorte que Gaza ne représente plus une menace pour Israël et de ramener chez eux en toute sécurité les habitants de la frontière nord ». Il a affirmé que « trois de ces objectifs de guerre transitent par un seul endroit : le couloir Philadelphi. C’est par là que passe l’oxygène du Hamas, c’est par là que passe son réarmement ».
Projetant ensuite sur le mur, derrière lui, une carte d’Israël et de Gaza pour expliquer pourquoi le contrôle israélien de la frontière entre l’Égypte et Gaza était essentiel à la sécurité d’Israël, Netanyahu a expliqué qu’après le désengagement de 2005, Israël contrôlait toutes les frontières de Gaza à l’exception de celle avec l’Égypte, et que c’est par là que les armes entraient la bande de Gaza.
« L’axe du mal a besoin de l’axe de Philadelphi », a-t-il déclaré en faisant référence à l’Iran et à ses proxies, ajoutant que c’était là la raison précise expliquant pourquoi l’État juif devait y maintenir sa présence « permanente » et y exercer son contrôle.
« Le sens et l’importance » de la mainmise d’Israël sur le couloir Philadelphi est « de garantir que nous ne connaîtrons pas un nouveau 7 octobre, encore un nouveau 7 octobre et toujours un nouveau 7 octobre, ce qui est ce que le Hamas nous a promis », a-t-il dit.
Critiquant l’Égypte pour son incapacité à sécuriser la frontière, Netanyahu a insisté sur le fait qu’il avait appelé, il y a deux décennies, le Premier ministre de l’époque, Ariel Sharon, pour lui demander de conserver le contrôle du corridor , avant le désengagement israélien de Gaza qui avait eu lieu en 2005.
Il a ajouté avoir ensuite lutté contre le renforcement militaire du Hamas alors qu’il était Premier ministre et au cours de ses différents mandats, disant qu’il avait été entravé dans ses initiatives par l’absence de légitimité internationale et nationale concernant une reprise éventuelle de Gaza de la part de l’État juif.
Netanyahu a été très critiqué en Israël pour avoir, semble-t-il, bloqué la conclusion d’un accord en insistant, depuis le mois de juillet, sur le maintien de la présence israélienne dans le couloir Philadelphi et dans le couloir Netzarim, à Gaza, qui sépare le nord et le sud de la bande.
Au mois de juillet, Netanyahu avait ajouté plusieurs exigences « non-négociables » dans le cadre de la proposition d’accord sur les otages datant du 27 mai – réclamant notamment que l’État juif garde le contrôle des deux couloirs.
Dans la proposition israélienne soumise au mois de mai, il n’était pas spécifié que les troupes seraient autorisées à rester dans les couloirs Netzarim et Philadelphi.
Selon la Douzième chaîne, Netanyahu a indiqué au ministre de la Défense Yoav Gallant lors d’une rencontre du cabinet de sécurité qui a été organisée la semaine dernière qu’il accordait la priorité au maintien des soldats israéliens dans le couloir, assumant ouvertement qu’il reléguait au second plan le sauvetage des vies des captifs qui se trouvent encore dans les geôles du Hamas à Gaza.
Lundi soir, le Premier ministre a rejeté l’argument laissant entendre que Tsahal pourrait revenir sans difficulté dans le couloir Philadelphi après la mise en œuvre de la première phase de l’accord qui est actuellement en cours de discussion. Il a évoqué les promesses qui avaient été faites, dans le passé, concernant un retour éventuel de l’armée au Liban et à Gaza si des attaques devaient avoir lieu depuis ces territoires qui venaient d’être évacués.
« Si nous quittons le couloir Philadelphi, nous pourrions ne pas y revenir pendant 42 ans, parce que nous sommes partis et que nous n’y sommes pas revenus pendant vingt ans », a-t-il indiqué, qualifiant la présence israélienne sur la frontière « d’impératif stratégique et diplomatique ».
« Tout est lié aux pressions diplomatiques intenses qui seront exercées sur Israël par le monde entier : Si nous partons, nous ne reviendrons pas », a-t-il dit. « Ce couloir est différent de tous les autres endroits – il est central, il détermine notre avenir ».
Malgré les pressions massives exercées en faveur d’un retrait du couloir et d’un cessez-le-feu définitif, un tel retrait « ne ramènera pas les otages » mais « il aura l’effet opposé », a-t-il affirmé, ajoutant que selon lui, quitter le couloir Philadelphi permettrait au Hamas de déplacer les otages en Iran ou au Yémen par le réseau souterrain pendant la première phase de 42 jours de l’accord actuellement en cours de discussion.
Des excuses et un appel à l’unité
Alors qu’il défendait ses positionnements avec férocité, écartant d’un revers de la main les critiques qui, dans le pays et au sein de la communauté internationale, l’accusent d’être responsable du blocage de la conclusion d’un accord, Netanyahu a demandé pardon aux familles des six captifs dont les corps sans vie ont été récemment retrouvés dans un tunnel du Hamas.
« Je le dis aux familles et je le répète encore ce soir – je demande votre pardon parce que nous n’avons pas réussi à les ramener en vie. Nous n’étions pas loin d’y parvenir mais nous n’avons pas réussi », a-t-il déclaré, nommant chacune des victimes et jurant que le Hamas « paiera un prix très lourd » pour ces morts.
Alors que les manifestants se rassemblaient aux abords de ses domiciles de Jérusalem et de Césarée à l’issue d’une journée entière de protestation, avec le renfort d’une grève nationale qui avait été lancée par le syndicat de la Histadrout, Netanyahu a insisté sur le fait que pour l’emporter dans la guerre existentielle actuellement en cours contre l’Iran et contre son axe, « nous devons rester unis, comme un seul corps, contre un ennemi cruel qui veut nous détruire tous – qui veut nous détruire tous sans exception ».
« Nous avons accepté la formule qui a été présentée par le président Biden le 31 mai », a-t-il poursuivi. « Nous avons accepté ce qu’ils ont appelé la ‘proposition finale de transition’ le 16 août. Le Hamas a rejeté la première proposition. Le Hamas est en train de rejeter la seconde. »
Le jour d’après
Répondant aux questions des journalistes, Netanyahu a mis l’accent sur la nécessité, pour l’État juif, de conserver le contrôle sécuritaire des postes-frontières « le jour d’après » le Hamas et dans un avenir à moyen-terme.
« Quand le jour viendra » et qu’une autre instance, une autre organisation pourront prendre en charge cette problématique « dans le cadre d’un arrangement permanent », a-t-il précisé, lui-même ne s’y opposera pas. Mais « pour le moment », Israël doit maintenir sa présence aux postes-frontières pour empêcher de nouveaux massacres, des enlèvements et autres menaces existentielles.
« Même si nous sommes très proche du démantèlement total du Hamas », a-t-il affirmé, Israël doit encore trouver une alternative au contrôle civil assuré jusqu’à présent par le groupe terroriste.
Évoquant les termes de l’accord de cessez-le-feu, le Premier ministre a déclaré que personne n’était plus engagé en faveur de la libération des otages qu’il ne l’était lui-même.
« Personne ne peut me faire la morale à ce sujet », a-t-il dit. « La formule à laquelle j’ai demandé mon accord concerne une première phase d’une durée de 42 jours – une phase après laquelle nous pourrons reprendre les combats, bien sûr, si aucune solution ne doit être trouvée au cours des négociations. C’est notre décision, j’ai insisté là-dessus. Et si une décision doit être prise pour le long-terme, si un arrangement permanent est trouvé dans la bande, avec quelqu’un d’autre qui pourra prendre en charge la mission sécuritaire et qui pourra protéger les frontières, alors je suis partant. Mais pour le moment, je ne vois aucune solution de ce genre à l’horizon ».
Alors qu’il lui était demandé – au vu de l’importance qu’il accorde au couloir Philadelphi – pourquoi il avait accepté un retrait de Gaza au mois de mai, à un moment où l’armée n’avait pas encore pris le contrôle plein et entier de la frontière, il a répondu indirectement qu’il était désireux de réduire le nombre de soldats à la frontière entre l’Égypte et Gaza parce qu’il n’est pas nécessaire, a-t-il ajouté, qu’une présence militaire soit visible « à chaque mètre ».
« Nous devons rester à plusieurs endroits, en lien, à une certaine distance les uns des autres avec la capacité de patrouiller tout le long de la route », a-t-il indiqué, disant que l’État juif ne pouvait pas compter sur les capteurs et autres outils technologiques pour monter la garde à la frontière.
Les querelles politiques internes
Netanyahu a aussi déploré « des voix au sein du cabinet », a-t-il expliqué, « des ministres du gouvernement » qui ont vivement recommandé le retrait de la présence israélienne dans le couloir Philadelphi « même si nous avions d’ores et déjà pris la décision de ne pas le quitter » – une allusion à peine voilée au ministre de la Défense Yoav Gallant.
Ce sont de telles dissensions qui ont rendu indispensable un vote du cabinet sur le sujet, a affirmé Netanyahu qui a insisté sur le fait qu’il était « flexible là où je peux l’être » mais que sur la question de la frontière séparant la bande de l’Égypte, « nous insisterons tous et d’une seule voix parce que nous devons le faire ».
Interrogé sur les désaccords qui persistent entre lui-même et Gallant, Netanyahu a déclaré que la relation entre les deux hommes pouvait continuer « tant qu’il y a de la confiance » tout en soulignant que tous les ministres étaient tenus de se conformer aux décisions prises par le cabinet : « C’est ça qui est aujourd’hui mis à l’épreuve », a-t-il fait remarquer.
En réponse à une question qui portait sur les fuites d’information faisant état des critiques émises par les responsables de la sécurité sur les décisions prises par le cabinet, Netanyahu a dit que « celui qui prend les décisions, c’est le gouvernement – et l’armée, comme les autres agences en charge de la sécurité, doivent respecter les décisions prises. Je ne vois pas d’autre option ».
Une fin de la guerre
Alors qu’il lui était demandé ce qui marquerait, selon lui, la fin de la guerre, le Premier ministre a estimé que ce sera « quand le Hamas ne sera plus à la tête de Gaza ».
Et tout comme cela avait été le cas quand les Alliés avaient vaincu l’Allemagne nazie, il faudra une victoire militaire et politique : « Et nous sommes en train d’atteindre ces deux objectifs », a-t-il noté.
Alors que Biden a laissé entendre, lundi matin, que Netanyahu ne faisait pas suffisamment pour obtenir la finalisation d’un accord, le Premier ministre a répondu que « je ne crois pas que le président Biden ait réellement dit ça ».
S’exprimant en anglais pendant quelques minutes, Netanyahu a dénoncé les appels lancés à Israël qui somment le pays de faire des concessions après « que les assassins du Hamas ont exécuté six de nos otages ».
« Ils leur ont tiré dans le dos et dans la tête… et maintenant, après ça, on nous demande de montrer du sérieux ? On nous demande de faire des concessions ? Quel message cela transmet-il au Hamas ? Cela revient à lui dire de tuer un plus grand nombre d’otages, d’assassiner un plus grand nombre d’otages parce que c’est ainsi qu’il obtiendra davantage de concessions de notre part ? » s’est étonné Netanyahu.
« Les pressions de la communauté internationale doivent s’exercer sur ces meurtriers, sur le Hamas, pas sur Israël. Nous disons ‘oui’ et eux disent ‘non’ tout le temps. Ils ont aussi assassiné ces gens. Et aujourd’hui, nous avons besoin de pressions internationales exercées sur le Hamas », a-t-il indiqué.
« Je ne crois pas que le président Biden ou qui que ce soit de sérieux face à la nécessité de faire la paix, face à la nécessité d’obtenir la libération des otages puisse demander à Israël – à Israël ! – de faire des concessions », s’est-il insurgé. « Nous en avons déjà faites. Le Hamas doit faire des concessions ».
La sphère politique réagit
Suite à cette conférence de presse, les membres de l’opposition politique ont fustigé le Premier ministre, l’accusant de mentir sur ses antécédents et d’avoir échoué dans sa mission de protection des Israéliens.
« Netanyahu a éhontément menti aujourd’hui quand il a dit que le retour des résidents dans le nord du pays était l’un des objectifs de la guerre », a déclaré le parti Hamahane Hamamlahti, dirigé par Benny Gantz, ancien membre du cabinet de guerre, dans un communiqué. « Netanyahu a refusé de manière répétée les demandes soumises par Gantz et par [le député Gadi] Eizenkot d’inscrire ce retour à la liste des objectifs de la guerre – et même pire, alors que la guerre a commencé il y a un an, il se refuse encore à agir pour permettre aux habitants du nord de revenir chez eux ».
Pour sa part, l’ancien ministre de la Défense Avigdor Liberman, leader de la faction va-t-en-guerre Yisrael Beytenu qui siège dans l’opposition, a écrit sur Twitter que « l’héritage » de Netanyahu « est celui du pire échec sécuritaire survenu dans toute l’Histoire d’Israël ».
« Votre héritage, ça a été la remise en liberté de Sheikh Ahmed Yassin, le fondateur de l’organisation du Hamas que vous avez relâché en date du 30 septembre 1997 », a-t-il écrit dans une publication qui a été postée sur X.
« Votre héritage, ça a été la libération de Yahya Sinwar et de 1026 autres terroristes au mois d’octobre 2011. Votre héritage, ça a été le vote qui a abouti au désengagement et au départ du couloir Philadelphi, le 26 octobre 2004… Votre héritage est celui du pire échec sécuritaire de toute l’Histoire d’Israël, le 7 octobre 2023, celui de l’abandon des résidents du nord du pays. Votre héritage, c’est que vous avez été celui qui avez été à l’origine de l’établissement d’un gouvernement qui restera dans les mémoires comme ayant été le gouvernement le plus incapable de toute l’Histoire du peuple juif, et ce pour de nombreuses générations », a-t-il ajouté.
De son côté, le chef de l’opposition, Yair Lapid, a estimé que la conférence de presse donnée par le Premier ministre était « une manipulation politique inutile ». Il a affirmé que ce qu’il a dit à propos du couloir Philadelphi « n’a rien à voir avec la réalité ».
« Aucun professionnel ne croit à cette interprétation. Ni les responsables chargés de la sécurité, ni la communauté internationale, ni les combattants qui sont actuellement sur le terrain, à Gaza, et qui connaissent la réalité telle qu’elle est là-bas. Je n’ai pas de discours à prononcer en l’accompagnant de photos, mais il y a simplement les faits », a-t-il dit. « Israël a évacué le couloir Philadelphi il y a 19 ans, et Netanyahu a voté pour. Au gouvernement comme à la Knesset. Netanyahu a été Premier ministre pendant 15 ans. Il ne lui est pas venu à l’idée de reprendre le couloir Philadelphi ».
« La guerre a commencé le 7 octobre. Jusqu’au 20 mai, soit pendant huit mois, il n’avait pas pris la peine d’envoyer l’armée israélienne dans le couloir Philadelphi », a affirmé Lapid. « Tout ce qu’il a décrit aujourd’hui, c’est son propre échec ».
« La question du couloir ne concerne pas Netanyahu, il s’agit plutôt du ‘couloir Ben Gvir-Smotrich’, » a-t-il poursuivi, citant les noms des ministres de la Sécurité nationale et des Finances d’extrême droite. « C’est sa nouvelle ruse pour empêcher la désintégration de sa coalition. Il s’agit de politique, et uniquement de politique ».
« Netanyahu a parlé aujourd’hui comme si le 7 octobre n’était pas arrivé sous sa direction. Comme s’il n’était pas à la fois responsable et coupable de la catastrophe et du massacre les plus terribles à être survenus dans toute l’Histoire du pays », a affirmé Lapid, qui a appelé Netanyahu « M. Échec » et « M. Catastrophe ».
« Au moins Netanyahu a dit une vérité : il ne veut pas mettre fin à la guerre. Il l’a dit trois fois, il ne veut pas mettre fin à la guerre, ce qui signifie qu’il ne veut pas conclure d’accord sur les otages, il veut la guerre pour toujours. Ses mots de ce soir ont une signification terrible : il ne conclura pas d’accord. Il ne ramènera pas nos enfants à la maison ».
Lapid a appelé les personnalités « conscientes de leurs responsabilités » au sein de la coalition de Netanyahu à lui poser un ultimatum à l’opposé de ce qu’a pu lui demander le ministre d’extrême-droite Itamar Ben Gvir : « Vous pouvez lui dire que s’il n’y a pas d’accord, il n’y aura plus de gouvernement ».
Évoquant l’appel à l’unité lancé par le chef de gouvernement, Lapid a dit qu’une personnalité réellement désireuse d’unir la population ne devait pas diaboliser ses adversaires, comme il l’a fait à l’égard « des centaines de milliers de patriotes » qui sont descendus dans les rues au cours des dernières vingt-quatre heures et dans le cadre de la grève générale qui a eu lieu lundi.
« La Histadrout [le syndicat des travailleurs] n’a pas transféré des valises remplies de millions de dollars au Hamas – c’est vous », a-t-il dit, s’adressant à Netanyahu. « Ce n’est pas l’opposition qui a déclaré que le Hamas devait être renforcé – c’est vous. Ce ne sont pas les familles des otages qui ont libéré Sinwar de prison dans le cadre de l’accord Shalit – c’est vous », a-t-il conclu. « Nous avons assisté la conférence de presse scandaleuse d’un Premier ministre sans âme ».
En contraste, Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich, qui ont tous les deux menacé de renverser la coalition si cette dernière devant accepter un accord mettant un terme à la guerre, se sont félicités de l’apparition du Premier ministre devant les journalistes.
Smotrich a indiqué qu’il apportait son soutien à Netanyahu « qui reste ferme face à nos ennemis et qui a délivré un message clair au public israélien et au monde entier ». Il a ajouté que le Premier ministre « a dit des choses simples, des choses avec lesquelles tous les Israéliens qui veulent vivre en sécurité devraient pouvoir s’identifier ».
« Nous ne devons pas accepter un accord imprudent et quitter le couloir Philadelphi et tout comme nous ne devons pas abandonner le couloir Philadelphi, nous ne devons pas abandonner les autres principes qui garantiront notre victoire dans cette guerre », a affirmé Ben Gvir.
« Le moment est venu de renforcer les pressions militaires exercées sur le Hamas, de lui faire payer le prix lourd du meurtre de nos otages », a-t-il continué, appelant de ses vœux la « défaite totale et complète » du Hamas.