Le KKL-JNF s’apprête à planter des arbres au Nahal Yatir, dans le Néguev
Le président du groupe déclare que cette pratique de boisement est cruciale à différents niveaux ; pour les critiques, elle vise à déplacer les résidents bédouins du secteur
Le KKL-JNF (Jewish National Fund-Keren Kayemet LeYisrael) a annoncé dimanche qu’il comptait mener à bien son projet de plantation d’arbres à proximité du Nahal Yatir dans le Néguev, une initiative qui avait entraîné de violentes réactions l’an dernier.
Dans la première décision prise en tant que présidente de l’organisation depuis son arrivée à ses fonctions, au début du mois, Ifat Ovadia-Luski a indiqué que le KKL-JNF allait planter « sans délai » des arbres et effectuer d’autres travaux agricoles dans le secteur.
Elle n’a pas précisé de date pour le lancement de cette initiative – une date qui correspond souvent aux environs de la fête juive de Tu Bishvat qui commence cette année le 5 février.
Le site d’information Walla, pour sa part, a avancé la date du 29 janvier.
S’attardant sur l’objectif de ce travail de plantation, Ovadia-Luski a indiqué que ce boisement aurait lieu « sur des terres appartenant à l’État, ce qui protègera contre les incursions, les dommages environnementaux, les constructions illégales et les intrusions – qui sont tous des phénomènes courants dans la région ».
Elle a expliqué que le KKL-JNF est « en première ligne concernant la protection, le développement et la construction du pays », ajoutant que « conserver et protéger les terres ainsi que la protection des arbres sont des valeurs qui sont au cœur du JNF-KKL depuis les premiers jours du mouvement sioniste et nous sommes fiers d’être des leaders dans ce domaine encore aujourd’hui ».
Selon Yitzhak Wasserlauf (Otzma Yehudit), qui est ministre du Développement de la périphérie, du Néguev et de la Galilée, la décision prise par le groupe de planter ces arbres, cette année, a été scellée grâce aux pressions que lui-même a exercées ces derniers jours.
L’année dernière, ce travail avait été temporairement arrêté en raison des émeutes qui avaient eu lieu parmi les résidents bédouins du Néguev, certains faisant brûler des pneus, bloquant des routes et lançant des pierres en direction de voitures civiles, des échauffourées qui avaient fait deux blessés du côté des policiers. Le boisement avait repris deux jours après en présence d’une sécurité lourde.
Les Bédouins du secteur affirment que ces travaux agricoles empiètent sur leurs terres non-reconnues et que le KKL-JNF cherche à les déplacer.
Les Bédouins du Néguev entretiennent une relation difficile avec l’État. Pendant des décennies, le gouvernement a cherché à les installer dans des villes reconnues, planifiées, mais un grand nombre d’entre eux vivent encore dans des hameaux non-reconnus qui s’étalent dans tout le désert du sud de l’État juif.
« C’est une décision méprisable et scandaleuse qui se cache derrière une simple plantation d’arbres. Ce dont ont besoin des résidents du Néguev, c’est de la reconnaissance totale de leurs villes et de leurs villages non-reconnus, avec des infrastructures et l’intégralité des droits – ils n’ont pas besoin d’une nouvelle démonstration de ‘gouvernance’, » a réagi l’alliance des partis radicaux arabes Hadash et Taal.
Parmi les autres critiques du programme-phare du KKL-JNF, les défenseurs de l’environnement qui considèrent que cette pratique de boisement est nuisible dans la mesure où elle a permis à une seule espèce d’arbre de se propager de manière incontrôlée, ce qui a diminué la biodiversité et renforcé le risque d’incendie.
Tobias Siegal a contribué à la rédaction de cet article.