Le Likud signe un accord de partage des surplus de vote avec l’extrême droite
L'accord avec le Parti sioniste religieux de Smotrich rapproche davantage le Premier ministre des extrémistes tels qu'Itamar Ben Gvir d'Otzma Yehudit
Le parti du Premier ministre Benjamin Netanyahu, le Likud, a signé mercredi un accord de partage des surplus de votes avec le Parti sioniste religieux d’extrême droite, qui comprend le kahaniste Otzma Yehudit et les factions anti-LGBT Noam, à l’approche des élections à la Knesset du mois prochain.
Cette décision associe le Premier ministre à des extrémistes tels qu’Itamar Ben Gvir, un disciple du rabbin d’extrême droite Meir Kahane, aujourd’hui décédé. Son parti Otzma Yehudit – qui a récemment rejoint le Parti sioniste religieux – soutient l’encouragement à l’émigration des non-juifs d’Israël et l’expulsion des Palestiniens et des Arabes israéliens qui refusent de déclarer leur loyauté à Israël et d’accepter un statut réduit dans un État juif élargi, dont la souveraineté s’étendrait à toute la Cisjordanie.
Ben Gvir occupe la troisième place sur la liste fusionnée, qui, selon la plupart des sondages, devrait franchir le seuil de la Knesset et remporter 4 à 5 sièges lors des élections du 23 mars.
Les accords de partage des voix, qui sont largement utilisés lors des élections israéliennes, permettent aux partis de s’assurer que les voix supplémentaires qu’ils gagnent et qui ne s’additionnent pas pour obtenir un siège à la Knesset ne soient pas gaspillées. Au lieu de cela, un parti peut transférer ces votes à un autre parti par le biais d’un accord spécial.
Selon la loi, les votes restants combinés vont au parti le plus proche de remporter un autre siège – et sont souvent suffisants pour ajouter ce siège à son décompte, ce qui rend les votes potentiellement décisifs dans une course serrée.
Ces accords ne comptent que si les deux partis franchissent le seuil électoral de 3,25 % des voix.
Le Parti sioniste religieux, dirigé par Bezalel Smotrich, a annoncé la nouvelle dans un communiqué qui dit que le parti « a insisté pour que Netanyahu s’engage à former un gouvernement de droite dont les lignes directrices fondamentales incluront la sauvegarde de la Terre d’Israël, le renforcement de l’identité juive de l’État, le renforcement de la capacité à gouverner et à faire progresser l’économie et le bien-être de la société israélienne ».
L’accord stipule également que le Likud et le Parti sioniste religieux feront tout leur possible pour assurer le succès des deux partis lors des prochaines élections.
Le Parti sioniste religieux s’est engagé dans l’accord à ne soutenir personne d’autre que Netanyahu en tant que Premier ministre pour toute la durée du mandat de la 24e Knesset, tandis que le Likud a promis d’avoir des représentants du Parti sioniste religieux dans tout gouvernement formé par Netanyahu.
« Comme nous l’avons dit tout à l’heure, parallèlement au traitement de la crise du coronavirus et de l’économie, nous ne permettrons pas la formation d’un gouvernement de centre-gauche qui mettrait de côté les valeurs du sionisme religieux et de la droite pour les années à venir », a déclaré le parti de M. Smotrich. « Nous avons une idéologie et nous ferons tout pour former un gouvernement de droite. »
L’opposition n’a pas tardé à critiquer le Likud pour cette décision. Le chef du parti Yesh Atid, Yair Lapid, a tweeté que Netanyahu avait signé un accord avec le « terroriste » Ben Gvir et faisait « tout » pour le faire entrer au Parlement et au gouvernement.
Gila Gamliel, ministre de la Protection de l’environnement du Likud, a déclaré lors d’une conférence que si le parti de M. Smotrich faisait « vraiment » partie du gouvernement, « certaines personnalités refuseraient peut-être de faire partie de ce gouvernement ».
Un autre député du Likud, Yoav Kisch, a exprimé une position différente, en disant que Ben Gvir « est un candidat légitime ».
Le mois dernier, les partis de droite Tikva Hadasha et Yamina ont signé un accord de partage des voix, tout comme les partis Yesh Atid et Yisrael Beytenu. En début de semaine, le parti Kakhol lavan de Benny Gantz a signé un tel accord avec le nouveau Parti Économique de Yaron Zelekha, bien que les deux partis – en particulier celui de Zelekha – risquent de ne pas réussir à entrer à la Knesset.
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Ces accords sont généralement signés entre des partis proches politiquement ou idéologiquement. Le laïc de droite Yisrael Beytenu avait précédemment signé des accords avec le Likud, mais le leader du parti, Avigdor Liberman, s’est brouillé avec Netanyahu après les élections d’avril 2019.
Yamina, également, s’est éloigné du Likud. Mais alors que le leader de Tikva Hadasha, Gideon Saar – un ancien ministre du Likud – a juré à plusieurs reprises qu’il ne siégerait pas dans une coalition avec Netanyahu, le chef de Yamina, Naftali Bennett, s’est abstenu de rejeter totalement son ancien allié, disant qu’il vise à le remplacer comme Premier ministre, mais n’a pas exclu de servir avec lui ou sous ses ordres dans une coalition.
L’accord entre Tikva Hadasha et Yamina était considéré à l’époque comme une menace de laisser le Likud sans accord de partage des voix pour la première fois depuis 2003, les alliés ultra-orthodoxes de Netanyahu, le Shas et Yahadout HaTorah, étant censés signer un accord entre eux.
Au cours des cinq dernières élections, le Likud a signé des accords de partage des voix avec Yamina ou d’autres factions sionistes-religieuses. Cette fois-ci, Netanyahu a beaucoup travaillé en coulisses pour que Smotrich se sépare de Yamina et joigne ses forces à celles des factions extrémistes.
La date limite pour la signature des accords de partage des votes est le 12 mars, autrement dit 11 jours avant les élections.
De nouvelles élections, les quatrièmes depuis avril 2019, ont été convoquées en décembre après que le gouvernement de partage du pouvoir du Likud et de Kakhol lavan n’a pas réussi à s’entendre sur un budget avant la date limite du 23 décembre.
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