Israël en guerre - Jour 373

Rechercher
‘Peu importe, je n’ai pas l’impression que nous pouvons choisir la sécurité au lieu de les aider’

Le mémorial de l’Holocauste italien entame sa deuxième année de refuge pour migrants

Sous la gare centrale de Milan se trouve un paradis improvisé pour les réfugiés en fuite, sur un quai utilisé à l’époque nazie pour déporter les juifs vers les camps d’extermination

Les réfugiés ont un endroit où dormir, un petit-déjeuner, et un déjeuner à emporter avant de partir pour la journée du mémorial de l'Holocauste de Milan, situé sous la gare centrale de la ville, à l'été 2016. (Crédit : Rossella Tercatin/ Times of Israel)
Les réfugiés ont un endroit où dormir, un petit-déjeuner, et un déjeuner à emporter avant de partir pour la journée du mémorial de l'Holocauste de Milan, situé sous la gare centrale de la ville, à l'été 2016. (Crédit : Rossella Tercatin/ Times of Israel)

MILAN – Il est sept heures du matin et Noam, deux ans, est déjà prêt à commencer une nouvelle journée. Elle court joyeusement entre son père et sa mère dans son pantalon rouge, attrapant son petit-déjeuner. Noam et sa famille viennent d’Ethiopie, et elle mange un paquet de Bamba, l’un des apéritifs préférés des Israéliens.

Elle semble beaucoup aimer ça, et elle n’est pas la seule. Avec du pain et de la confiture, du lait, des gâteaux et des jus, les Bamba sont les apéritifs préférés de la plupart des 43 personnes qui ont fui la guerre, la persécution et la faim et qui ont passé la nuit dans un refuge au mémorial de la Shoah de Milan.

Situé dans un vaste espace sous la gare centrale de la ville, le mémorial est sur le secret quai 21 où les nazis et les fascistes remplissaient les trains destinés aux camps d’extermination pendant la Deuxième Guerre mondiale.

A l’été 2015, quand des milliers de réfugiés sont arrivés en train à Milan depuis les côtes sud de l’Italie, la fondation qui gère le mémorial a décidé d’en transformer une partie en refuge, qui a accueilli 4 500 personnes venues de 26 pays entre juin et novembre.

« L’année dernière, la plupart des gens ne restaient qu’une seule nuit, avant de partir pour les pays du nord de l’Europe. Cette année, avec la fermeture des frontières, beaucoup d’entre eux sont coincés et reviennent nuit après nuit », a déclaré au Times of Israel Roberta Jarach, vice-président de la Fondation pour le mémorial.

‘Cette année, avec la fermeture des frontières, beaucoup sont coincés ici’

Autre chose a changé depuis l’année dernière : beaucoup des derniers attentats terroristes qui ont frappé l’Europe occidentale ont été commis par des terroristes qui étaient arrivés avec les migrants et les demandeurs d’asile, entraînant le public à regarder avec peur et suspicion les nouveaux arrivants.

« La sécurité est évidemment un problème, particulièrement après ce qu’il s’est passé ces dernières semaines. Comment pourrait-on ne pas y penser ? Cependant, je ne m’attends à rien de dangereux de la part de ces personnes. Ils veulent manger, se doucher, laver leurs vêtements, ce sont leurs inquiétudes. Et peu importe, je n’ai pas l’impression que nous pouvons choisir la sécurité au lieu de les aider », a souligné Jarach.

« Bien sûr, ces personnes ici sont conscientes de ce qu’il se passe en Europe, les attentats, la fermeture des frontières », explique Matteo Caravatti, bénévole qui sert le petit-déjeuner aux réfugiés.

Des réfugiés dorment au mémorial, à Milan, en août 2016. Depuis la montée du terrorisme en Europe occidentale, beaucoup de migrants ont été immobilisés. (Crédit : Rossella Tercatin/ Times of Israel)

« Je me souviens de groupe de jeunes Afghans Hazaras qui était ici il y a quelques jours, a-t-il dit. Ils s’étaient rencontrés et étaient devenus amis pendant leur épuisant voyage vers l’Europe, caché dans un camion. Ils nous ont dit que leur rêve était de s’installer en France. C’était le soir du 14 juillet, quand a eu lieu l’attentat de Nice. Beaucoup ici se demandaient comment faire pour avancer dans leurs projets. »

Pendant qu’il parle, les réfugiés prennent leur petit-déjeuner et s’asseyent avant de quitter le refuge, qui est fermé pendant la journée.

Parmi les organisations qui fournissent de la nourriture, Beteavon, la soupe populaire du Habad–Loubavitch, « a été essentielle pour nous permettre de fournir aussi un déjeuner à emporter pour les réfugiés », a expliqué Stefano Pasta au Times of Israël par téléphone.

Même si me refuge du mémorial est fermé pendant la journée, il a pu fournir aux réfugiés un déjeuner à emporter, à Milan, en août 2016. (Crédit : Rossella Tercatin/ Times of Israel)

Pasta est le coordinateur du projet au nom de l’association catholique Comunità di Sant’Egidio, l’un des partenaires de la fondation pour le mémorial, avec l’Union des communautés juives italiennes, la communauté juive de Milan, le centre de documentation contemporain juif, la municipalité de Milan, et beaucoup d’autres.

« La coopération interreligieuse est un caractère essentiel de cette initiative. Parmi les institutions qui nous aident à gérer le refuge, il y a aussi l’Eglise anglicane de Milan, et plusieurs paroisses catholiques, et les trois personnes qui sont employées pour passer la nuit ici et aider les réfugiés sont musulmanes », a-t-il souligné.

‘Nous envoyons un message contre l’indifférence et pour la solidarité’

« Nous ne voulons tracer aucun parallèle entre la situation des réfugiés et ce qui est arrivé pendant l’Holocauste. Pour nous, il est important de souligner que ce sont deux choses très différentes. Cependant, nous voulons dire qu’en nous inspirant de l’unicité historique de l’Holocauste, nous envoyons un message contre l’indifférence et pour la solidarité », a déclaré Pasta.

Le 2 août, un important quotidien italien, Corriere della Sera, a annoncé que plus de 90 % des migrants qui ont atteint les frontières européennes ces trois derniers mois sont arrivés en Italie, et que la majorité de ceux résident dans des refuges temporaires sont en Lombardie, la région de Milan.

Loin d’être dissuasif, dans les premières 24 heures suivant la réouverture du refuge au mémorial le 11 juillet, plus de 200 Milanais se sont portés volontaires, au point où il a fallu refuser des gens.

« En lisant les journaux ou en regardant la télévision, on peut avoir l’impression que les locaux ne veulent pas aider les réfugiés, mais d’après mon expérience, ce n’est pas vrai. Il y en a tant d’entre eux qui veulent aider », a déclaré un autre volontaire, Pierangelo Soldavini.

Soldavini est journaliste à Il Solo 24 Ore, un important quotidien italien, et pendant l’hiver, il a été bénévole auprès de sans-abris.

Des migrants prennent leur petit déjeuner au refuge du mémorial. Entre juin et novembre 2015, plus de 4 500 personnes ont trouvé refuge ici. A Milan, en août 2016. (Crédit : Rossella Tercatin/Times of Israel)

« Quand j’ai entendu parler de cette initiative l’année dernière, j’ai proposé mon aide, et cette année je voulais recommencer », a-t-il expliqué.

Pendant qu’ils mangent, certains des réfugiés acceptent de parler un peu d’eux-mêmes.

Mohammed vient de Guinée. Il est en Italie depuis plusieurs années, et a récemment obtenu un permis de travail, mais n’a pas encore pu trouver un emploi. Il a donc demandé à dormir au refuge.

« Je suis profondément reconnaissant envers Dieu de m’avoir permis de trouver un si bon endroit, au lieu d’être forcé à dormir dans la rue », a-t-il dit.

Plus de 80% des personnes accueillies au refuge venaient d’Erythrée en 2015, mais les pays d’origine recouvrent l’Afrique et le Moyen Orient. A Milan, en août 2016. (Crédit : Rossella Tercatin/Times of Israel)

A quelques mètres, une table accueille un groupe d’Erythréens. Plus de 80 % des personnes ayant trouvé refuge au mémorial en 2015 venait d’Erythrée, l’un des pays les plus pauvres du monde. L’Etat africain est dirigé par une dictature sanglante qui a instauré un interminable service militaire obligatoire pour chaque homme, forçant beaucoup d’entre eux à fuir.

Parmi eux se trouve Amir, l’un des rares à parler un peu anglais. Il a quitté l’Erythrée il y a huit ans, en passant par le Soudan et la Libye. Son but est d’atteindre la Belgique, où il a des amis.

« J’ai deux enfants en Erythrée, un de neuf ans et l’autre de douze. Je n’ai pas vu leur visage depuis huit ans. Les faire venir en Europe est mon rêve », a-t-il dit au Times of Israël.

« Je sais que beaucoup de personnes ont des problèmes avec tant de migrants qui arrivent tous les jours, a-t-il dit. Je les comprends. Si j’étais à leur place, peut-être que je penserais comme eux, parce que nous avons besoin de tout. Cependant, ils doivent comprendre que personne ne veut quitter son pays, les gens le font parce qu’ils doivent le faire. Si seulement je pouvais, j’adorerais rentrer en Erythrée. Nous aider est ce qu’il y a à faire d’humain. »

En savoir plus sur :
S'inscrire ou se connecter
Veuillez utiliser le format suivant : example@domain.com
Se connecter avec
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation
S'inscrire pour continuer
Se connecter avec
Se connecter pour continuer
S'inscrire ou se connecter
Se connecter avec
check your email
Consultez vos mails
Nous vous avons envoyé un email à gal@rgbmedia.org.
Il contient un lien qui vous permettra de vous connecter.
image
Inscrivez-vous gratuitement
et continuez votre lecture
L'inscription vous permet également de commenter les articles et nous aide à améliorer votre expérience. Cela ne prend que quelques secondes.
Déjà inscrit ? Entrez votre email pour vous connecter.
Veuillez utiliser le format suivant : example@domain.com
SE CONNECTER AVEC
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation. Une fois inscrit, vous recevrez gratuitement notre Une du Jour.
Register to continue
SE CONNECTER AVEC
Log in to continue
Connectez-vous ou inscrivez-vous
SE CONNECTER AVEC
check your email
Consultez vos mails
Nous vous avons envoyé un e-mail à .
Il contient un lien qui vous permettra de vous connecter.