Israël en guerre - Jour 474

Rechercher

Le nouveau régime syrien nomme des combattants islamistes étrangers dans l’armée

Ouïghours, jordaniens et turcs ont reçu des grades militaires, alors que le groupe islamiste au cœur du nouveau gouvernement de facto en Syrie crée des forces armées officielles

Des membres des nouvelles forces armées, d'anciens rebelles islamistes qui ont renversé le gouvernement de Bashar el-Assad et qui servent maintenant dans le nouveau gouvernement syrien, se tiennent en formation alors qu'ils se préparent à un défilé militaire dans le centre de Damas, en Syrie, le 27 décembre 2024. (Crédit : Leo Correa/AP)
Des membres des nouvelles forces armées, d'anciens rebelles islamistes qui ont renversé le gouvernement de Bashar el-Assad et qui servent maintenant dans le nouveau gouvernement syrien, se tiennent en formation alors qu'ils se préparent à un défilé militaire dans le centre de Damas, en Syrie, le 27 décembre 2024. (Crédit : Leo Correa/AP)

Le nouveau dirigeant syrien, Ahmad al-Sharaa, a nommé d’anciens rebelles islamistes à des postes de commandement au sein de la future armée du pays, parmi lesquels des jihadistes étrangers selon des experts.

Les autorités ont annoncé la semaine dernière un accord avec les groupes terroristes issus de la coalition d’islamistes radicaux ayant renversé le dictateur syrien Bashar el-Assad le 8 décembre, pour leur dissolution et leur intégration au sein du ministère de la Défense.

Ces factions islamistes avaient pris Damas ce jour-là à l’issue de moins de deux semaines d’une offensive éclair menée par le groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS), dirigé par Sharaa.

Après plus d’un demi-siècle de règne sans partage de la famille Assad, les nouvelles autorités s’attellent à restructurer l’appareil étatique mis en place par l’ancien pouvoir, dont l’armée s’est effondrée.

Dans un décret publié dimanche soir, le « Commandement général » de Sharaa liste 49 noms parmi lesquels ceux de rebelles islamistes syriens et d’anciens officiers de l’armée ayant déserté à la première heure après le début de la guerre en 2011 et rallié la rébellion islamiste.

« Restructuration de l’armée »

Des membres des nouvelles forces armées, d’anciens rebelles islamistes qui ont renversé le gouvernement de Bashar el-Assad et qui servent maintenant dans le nouveau gouvernement syrien, se tiennent en formation alors qu’ils se préparent à un défilé militaire dans le centre de Damas, en Syrie, le 27 décembre 2024. (Crédit : Leo Correa/AP)

Ces nominations interviennent « dans le cadre du développement et de la modernisation de l’armée […], afin de garantir la sécurité et la stabilité », explique le texte.

« Les sept plus hauts gradés semblent tous être issus des rangs de HTS », souligne l’analyste Haïd Haïd.

Il y voit une manière pour le groupe de « positionner ses membres et ceux qui en sont proches à la tête du ministère de la Défense et de la future armée » et de « diriger la restructuration de cette armée ».

Deux hommes obtiennent un grade de général, notamment Mourhaf Abu Qasra, le chef militaire de HTS pressenti pour devenir ministre de la Défense au sein du gouvernement de transition.

Le dirigeant de facto de la Syrie, Ahmed al-Sharaa, anciennement connu sous le nom d’Abu Mohammed al-Jolani (au centre) rencontrant Walid Ellafi, troisième à droite, ministre d’État libyen chargé de la communication et des affaires politiques, au palais présidentiel de Damas, en Syrie, le 28 décembre 2024. (Crédit : Mosaab Elshamy/AP)

Cinq autres sont nommés généraux de brigade et une quarantaine obtiennent le grade de colonel.

Alors que HTS – autrefois affilié à Al-Qaïda – affirme avoir renoncé au jihadisme, les nouvelles autorités cherchent à rassurer la communauté internationale en assurant qu’elles respecteront les droits des minorités, dans une Syrie multi-confessionnelle et multi-ethnique.

Interrogé dimanche soir par la télévision saoudienne Al-Arabiya sur les nominations allant uniquement à son camp au sein du gouvernement de transition, Sharaa a reconnu que c’était « vrai ».

« Quand nous aurons un gouvernement temporaire sur un plus long terme, nous pourrons avoir une participation plus large. »

Disposant d’un vaste réseau de sources en Syrie, l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) a identifié au moins « six jihadistes étrangers » dans la liste, notamment un Albanais, un Jordanien, un Tadjik, un Ouïghour, mais aussi un Turc issu de HTS.

Le Ouïghour est issu du Parti islamique du Turkestan (TIP), groupuscule jihadiste implanté à Idleb, bastion rebelle de Syrie d’où est partie l’offensive qui a mené à la chute d’Assad, a précisé à l’AFP le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane.

Décisions « unilatérales »

Expert des mouvements jihadistes et du conflit syrien, Aymenn Al-Tamimi a lui identifié trois étrangers sur la liste : un Ouïghour, un Jordanien et un Turc « ayant dirigé le bloc de combattants turcs sous HTS et qui est maintenant [promu] général de brigade », dit-il à l’AFP.

Des membres des forces de sécurité du nouveau gouvernement syrien détiennent un homme soupçonné de faire partie des milices du dictateur déchu Bashar el-Assad à Adra, dans la banlieue de Damas, en Syrie, le 30 décembre 2024. (Crédit : Leo Correa/AP)

« Un des principes fondateurs de HTS est que le groupe ne trahira pas les mouhajirin [les étrangers, ndlr], et ne les livrera pas à leur pays d’origine », poursuit-il.

Si ces combattants étrangers « sont livrés à eux-mêmes en Syrie, cela pourrait poser problème », juge-t-il.

« Les intégrer dans le nouvel ordre syrien devient la meilleure stratégie », ajoute-t-il.

En Syrie, 13 années de guerre civile ont fait plus d’un demi-million de morts et morcelé le territoire en zones d’influences tenues par des belligérants aux intérêts divergents.

Le conflit avait ouvert la voie à l’émergence d’une multitude de factions jihadistes, se battant parfois entre elles. À Idleb, HTS luttait notamment contre les cellules du groupe terroriste sunnite État islamique (EI).

Mais avec la transition qui s’ouvre en Syrie, Haïd met en garde contre « la manière dont les décisions sont prises […] unilatéralement et sans consultations avec les autres » groupes.

« L’actuel chef de HTS […] s’arroge le droit non seulement d’accorder une promotion aux siens, mais aussi à des étrangers », souligne-t-il.

Et cela « sans demander au peuple syrien si ces étrangers ayant pris part au combat contre le régime peuvent obtenir la nationalité » s’ils sont incorporés dans l’armée.

En savoir plus sur :
S'inscrire ou se connecter
Veuillez utiliser le format suivant : example@domain.com
Se connecter avec
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation
S'inscrire pour continuer
Se connecter avec
Se connecter pour continuer
S'inscrire ou se connecter
Se connecter avec
check your email
Consultez vos mails
Nous vous avons envoyé un email à gal@rgbmedia.org.
Il contient un lien qui vous permettra de vous connecter.
image
Inscrivez-vous gratuitement
et continuez votre lecture
L'inscription vous permet également de commenter les articles et nous aide à améliorer votre expérience. Cela ne prend que quelques secondes.
Déjà inscrit ? Entrez votre email pour vous connecter.
Veuillez utiliser le format suivant : example@domain.com
SE CONNECTER AVEC
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation. Une fois inscrit, vous recevrez gratuitement notre Une du Jour.
Register to continue
SE CONNECTER AVEC
Log in to continue
Connectez-vous ou inscrivez-vous
SE CONNECTER AVEC
check your email
Consultez vos mails
Nous vous avons envoyé un e-mail à .
Il contient un lien qui vous permettra de vous connecter.