Le porte-parole de Tsahal accuse Al Jazeera de couvrir les activités du Hamas à Gaza
Le porte-parole en arabe de l'armée se dit "convaincu" que le journaliste Anas al-Sharif connaissait le nom des terroristes tués ; la chaîne qatarie qualifie ces commentaires de tentative "d'étouffement de la vérité"
Le porte-parole en langue arabe de l’armée israélienne, Avichay Adraee, a accusé, par tweets interposés, le réseau Al Jazeera, basé au Qatar, de couvrir les activités des groupes terroristes Hamas et Jihad islamique à l’intérieur d’une ancienne école de la ville de Gaza qui a été prise pour cible par l’armée israélienne au cours du week-end.
« Je ne peux pas décrire ce qui se passe », a déclaré Anas al-Sharif, journaliste d’Al-Jazira, sur les lieux de la frappe de samedi.
« Nous parlons de près de 100 martyrs dans l’école de Tabaeen dans la ville de Gaza, un grand massacre. Ils faisaient la prière de l’aube à l’intérieur et les avions de guerre israéliens les ont frappés », a-t-il déclaré dans son reportage.
Tamer Almisshal, un autre reporter d’Al Jazeera, a partagé la vidéo du reportage d’al-Sharif sur X, en écrivant : « Que Dieu vous protège. Fier d’Anas al-Sharif et de tous nos collègues, chevaliers de l’audio et de la vidéo ».
« Bien sûr que vous êtes fier d’eux », a répondu Adraee sur le réseau social. « Il couvre les crimes du Hamas et du Jihad [islamique] qui s’abritent dans les écoles. Je suis convaincu qu’il connaît les noms d’un grand nombre de terroristes du Hamas parmi ceux qui ont été tués dans l’école. Mais il présente un mensonge dont la motivation n’a rien à voir avec les habitants de Gaza ».
L’agence de défense civile de la bande de Gaza, dirigée par le Hamas, a affirmé que plus de 90 personnes avaient été tuées dans la frappe aérienne, qualifiant l’incident de « massacre horrible », ce qui a suscité les dénonciations de plusieurs diplomates occidentaux, ainsi que des médiateurs égyptiens et qataris dans les pourparlers en cours entre Israël et le Hamas sur la prise d’otages et le cessez-le-feu.
Cependant, l’armée israélienne affirme avoir utilisé trois munitions de précision contre la salle de commandement des deux groupes terroristes, située dans une mosquée du complexe scolaire de Tabaeen.
صوت وصورة الكذب. واضح ان تكون فخرًا بهم. يغطي على جرائم حماس والجهاد في الاحتماء داخل المدارس…أنا مقتنع انه يعرف عدد كبير ممن قتل داخل مدرسة التابعين من مخربي حماس بأسمائهم لكنه يتحرك في مسرحية إعلامية كاذبة بدوافع لا تمت لسكان غزة بصلة.
— افيخاي ادرعي (@AvichayAdraee) August 10, 2024
Tsahal a déclaré que les images filmées après la frappe montraient que le complexe scolaire environnant n’avait pas subi de dégâts majeurs. L’armée a également déclaré que les missiles « n’ont pas pu causer les dommages correspondant aux informations sur les victimes émanant du bureau des médias du gouvernement à Gaza ».
L’armée israélienne a également publié samedi une infographie contenant les noms et les visages de dix-neuf terroristes qui, selon elle, ont été tués lors de la frappe.
Dans une déclaration publiée sur son site web dimanche, Al Jazeera a réagi aux commentaires de Adraee, les qualifiant « non seulement d’attaque contre le caractère et l’intégrité d’Anas, mais aussi de tentative manifeste d’étouffer la vérité et de réduire au silence ceux qui rendent courageusement compte de la situation à Gaza ».
« Anas a vu les conséquences d’événements horribles, y compris le meurtre de plus de 100 civils aujourd’hui, et pourtant, il continue à rendre compte de la situation avec intégrité et courage », a déclaré la chaîne.
Al Jazeera, qui émet en anglais et en arabe, est depuis des mois la cible des critiques du Premier ministre Benjamin Netanyahu et de son gouvernement.
Au début du mois de mai, le gouvernement a interdit Al Jazeera en Israël, et a fermé et perquisitionné ses bureaux, au motif que la chaîne portait activement atteinte à la sécurité nationale. Le mois dernier, le tribunal de district de Tel Aviv a prolongé l’interdiction de la chaîne.
En janvier, Israël a déclaré qu’un journaliste d’Al Jazeera et un pigiste tués lors d’une frappe aérienne à Gaza étaient des terroristes.
Le mois suivant, elle a accusé un autre journaliste de la chaîne, blessé lors d’une autre frappe, d’être l’adjoint d’un commandant de compagnie du Hamas.
Al Jazeera a démenti les allégations d’Israël et l’a accusé de cibler systématiquement ses employés dans la bande de Gaza.
Emanuel Fabian a contribué à cet article.