Israël en guerre - Jour 492

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Le premier médecin juif se met au service de sa communauté en Ouganda

Le docteur Samson Wamani a dirigé l'unité COVID-19 dans la capitale, avant de retourner dans sa ville natale, à l'Est du pays, pour servir les 2 500 Juifs du secteur

  • Le docteur Samson Wamani, à droite, officie comme Mohel lors d'une circoncision juive traditionnelle. (Autorisation :  Wamani)
    Le docteur Samson Wamani, à droite, officie comme Mohel lors d'une circoncision juive traditionnelle. (Autorisation : Wamani)
  • Un membre de la synagogue Nasenyi porte une kippa et un masque contre la transmission du coronavirus. (Autorisation : Congrégation Nasenyi)
    Un membre de la synagogue Nasenyi porte une kippa et un masque contre la transmission du coronavirus. (Autorisation : Congrégation Nasenyi)
  • Les jeunes membres de la synagogue  Nasenyi. (Autorisation : Congrégation Nasenyi)
    Les jeunes membres de la synagogue Nasenyi. (Autorisation : Congrégation Nasenyi)
  • Les membres de la congrégation Nasenyi avec le grand rabbin ougandais Gershon Sizomu, au centre, avec la veste de costume. (Autorisation : Congrégation Nasenyi)
    Les membres de la congrégation Nasenyi avec le grand rabbin ougandais Gershon Sizomu, au centre, avec la veste de costume. (Autorisation : Congrégation Nasenyi)
  • Il y a peu de médecins dans les dispensaires de village de l'Ouganda, où il n'y a souvent pas d'électricité. Ici, une sage-femme de la région de Mbale, où vit la communauté juive du pays, avec dans les mains un nouveau-né. (Crédit :  Bernard Dichek)
    Il y a peu de médecins dans les dispensaires de village de l'Ouganda, où il n'y a souvent pas d'électricité. Ici, une sage-femme de la région de Mbale, où vit la communauté juive du pays, avec dans les mains un nouveau-né. (Crédit : Bernard Dichek)
  • Le docteur Samson Wamani avec une femme sur le point d'accoucher dans un dispensaire de la région de Mbale, en Ouganda, en 2014. (Crédit : Bernard Dichek)
    Le docteur Samson Wamani avec une femme sur le point d'accoucher dans un dispensaire de la région de Mbale, en Ouganda, en 2014. (Crédit : Bernard Dichek)
  • Le docteur Samson Wamani devant la maison de son enfance dans le village de  Nasenyi en 2014. (Crédit :  Bernard Dichek)
    Le docteur Samson Wamani devant la maison de son enfance dans le village de Nasenyi en 2014. (Crédit : Bernard Dichek)

L’épidémie de coronavirus a entraîné de graves difficultés pour les Juifs en Ouganda – ainsi que pour le tout premier médecin juif né dans le pays, sur lequel ont appris à se reposer les 2 500 membres de la communauté.

Le docteur Samson Wamani, âgé de 41 ans, travaillait aux urgences d’un hôpital de Kampala au début de la pandémie qui a frappé le monde. Et il s’est mis lui-même en danger lorsqu’il a été nommé directeur d’une unité improvisée qui a été chargée de soigner les malades de la COVID-19, mise en place en hâte.

« L’hôpital n’avait aucun équipement de protection personnelle et en tout et pour tout, on nous a tous donné trois masques jetables que nous devions laver pour pouvoir continuer à les réutiliser », explique-t-il.

Le confinement qui a suivi a également signifié que Wamani a été coupé de sa famille et du reste de la communauté juive qui réside dans des villages situés aux alentours de Mbale, une ville d’approximativement 100 000 habitants, à environ 250 kilomètres à l’est de Kampala. Avant le confinement, Wamani a régulièrement fait le déplacement depuis Kampala – où il avait déménagé suite à sa prise de fonction à l’hôpital – jusqu’à Mbale pour offrir des conseils en matière de santé.

« C’était très dur de communiquer avec la communauté au moment même où elle avait le plus besoin de conseils sur les mesures de sécurité à suivre », se souvient Wamani.

« Et, ce qui était le plus important pour moi, mon projet d’établir un centre de soins juifs à Mbale a dû être mis en suspens », ajoute-t-il.

Le docteur Samson Wamani, à droite, officie comme Mohel lors d’une circoncision juive traditionnelle. (Autorisation : Wamani)

Si la communauté juive vit majoritairement dans les zones rurales qui entourent Mbale – avec des infrastructures médicales médiocres, indique Wamani, « l’isolement de la communauté est lié, en fait, à nos tentatives de préserver notre caractère juif ».

De nombreux dispensaires, en Ouganda, ont été établis par des missionnaires chrétiens, note Wamani, et les Juifs du pays ont fait le choix de prendre leurs distances face au reste de la population pour éviter d’être tentés de quitter le bercail. Mais dans l’ensemble, précise Wamani, les Juifs vivent en harmonie avec leurs voisins chrétiens et musulmans.

Les Juifs ougandais, connu sous le nom d’Abayuda – « le peuple de Judas » en ougandais – remontent au début des années 1990 quand un groupe d’Ougandais, dont faisait partie le grand-père de Wamani, a commencé à pratiquer la circoncision et d’autres rituels Juifs, et que ses membres se sont déclarés Juifs.

Pendant le règne du dictateur de triste mémoire Idi Amin, dans les années 1970, le judaïsme avait été déclaré hors-la-loi et les membres de la communauté avaient été dans l’obligation de pratiquer leur foi en privé.

Après la chute d’Amin, en 1979, de nombreux courants juifs d’Amérique du nord et d’Israël étaient entrés en contact avec les Abayudaya pour les aider à se convertir officiellement au judaïsme. Aujourd’hui, la communauté dispose de douze synagogues différentes représentant presque tous les courants du judaïsme – notamment orthodoxe, massorti, reconstructionniste ou du renouveau.

Les jeunes membres de la synagogue Nasenyi. (Autorisation : Congrégation Nasenyi)

Wamani avait 15 ans en 1995 quand il s’est converti au judaïsme massorti. « J’avais alors parlé, à ce moment-là, de reconversion », dit-il, souriant. « Un Juif est un Juif et, de toute manière, nous respections d’ores et déjà la casheroute, le Shabbat et nous suivions les lois relatives à la pureté familiale ».

L’arrivée en Ouganda d’organisations juives étrangères avait aussi changé d’une autre façon la vie de Wamani. Lycéen brillant, sa mère, veuve, rencontrait de fortes difficultés à payer ses frais de scolarité à partir de son maigre revenu acquis en brassant et en vendant de la bière artisanale – un commerce commun parmi les Ougandaises les plus pauvres, qui n’ont que peu d’autres options pour répondre à leurs besoins.

Un membre de la synagogue Nasenyi porte une kippa et un masque contre la transmission du coronavirus. (Autorisation : Congrégation Nasenyi)

Quand l’organisation juive Koulanou, dont le siège est à New York, avait proposé de financer les études universitaires de Wamani, ce dernier avait soudainement eu la chance de pouvoir choisir une carrière.

« J’ai été influencé par ce que j’ai vu arriver à la femme de mon frère. Elle avait fait une forte hémorragie en accouchant et avant que mon frère n’ait pu l’emmener, en vélo, dans un dispensaire qui se trouvait à plus de dix kilomètres, elle était morte. J’ai réalisé que s’il y avait eu un médecin à proximité, elle aurait peut-être pu survivre », raconte-t-il, évoquant le texte juif antique de l’Éthique des pères par inadvertance. « Comme le dit un proverbe africain : ‘Quand il n’y a pas l’homme, alors soyez cet homme’. »

Alors qu’il étudiait la médecine et la chirurgie au sein de l’université Busitema, qui se trouve à environ une heure de voiture au sud de Mbale, Wamani avait aussi commencé à se rendre dans différentes synagogues pour parler de questions relatives à la santé publique. Une expérience qui l’avait amené en 2013 à devenir directeur exécutif de RAIN Ouganda, une ONG qui offre des conseils en termes de sensibilisation au VIH, de dépistage du cancer du col de l’utérus, de contraception et autres au sein de la communauté.

Et, au début de l’année, Wamani a pris la décision de quitter son poste prestigieux à l’hôpital de Kampala et de retourner vivre dans sa communauté juive, dans sa ville natale de Nasenyi. Employé dans un dispensaire avoisinant financé par le gouvernement, il est dorénavant en mesure d’aider les futures jeunes mères – une aide qui avait cruellement manqué à l’époque de la mort de sa belle-sœur.

Le docteur Samson Wamani avec une femme sur le point d’accoucher dans un dispensaire de la région de Mbale, en Ouganda, en 2014. (Crédit : Bernard Dichek)

« Je m’occupe de nombreuses questions maternelles et néonatales et il y a des semaines où je peux pratiquer jusqu’à dix césariennes », explique Wamani qui estime qu’au cours des six derniers mois, il a aidé à faire naître environ 150 bébés.

Avec un taux de médecin par habitant qui est de 1 pour 25 000 (contre 1 pour 300 en Israël), Wamani est un homme très occupé – mais la crise sanitaire globale n’a fait que venir s’ajouter à cette charge déjà énorme de travail.

« De nombreux membres de la communauté sont morts au début de la pandémie et il est malheureux que si peu de gens aient été en mesure de se faire vacciner, la majorité, ici, souhaitant se faire immuniser », précise Wamani.

Même si les chiffres officiels de l’Organisation mondiale de la Santé font état de 125 000 cas confirmés en Ouganda, Wamani souligne que les chiffres sont très probablement beaucoup plus élevés en réalité.

« La plus grande partie des Ougandais n’ont que peu de contacts avec les structures de soins et un grand nombre de cas de COVID-19 – comme c’est le cas aussi pour les autres maladies – ne sont pas signalés », continue-t-il.

Quand il travaillait à Kampala, Wamani a réussi à se faire vacciner contre le coronavirus mais selon l’Organisation mondiale de la Santé, moins de
1 % de la population du pays – forte de 45 millions de personnes – a reçu les deux précieuses doses.

Le docteur Samson Wamani chez lui avec son épouse et sa petite fille. (Crédit : Bernard Dichek)

« Les écoles restent encore fermées dans tout l’Ouganda mais la vie reprend lentement son cours habituel », dit Wamani qui remarque que le port du masque et le respect des autres mesures de sécurité restent largement pratiqués.

Dans la communauté juive aussi, les choses reviennent à la normale. « A Pessah, nous avons fait notre propre matzah et nous avons organisé un Seder à Nasenyi qui a réuni environ 200 personnes », déclare-t-il.

Pour le moment, c’est le manque de ressources financières qui continue à retarder la concrétisation du rêve de Wamani de créer un centre médical juif à Mbale. Le médecin se dit toutefois résolument optimiste face à l’avenir.

« Aujourd’hui, trois membres de la communauté juive sont en train de faire leurs études de médecine », s’exclame-t-il. « J’espère que nous pourrons concrétiser ce projet d’ici à ce qu’ils obtiennent leur diplôme. »

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