Le président péruvien Kuczynski, fils de réfugiés juifs et ancien de Wall Street
Découvrez le parcours de Pedro Pablo Kuczynski : flûtiste émérite et cousin de Jean-Luc Godard
Il a renoncé à la nationalité américaine mais son accent lui vaut le surnom de « gringo » : Pedro Pablo Kuczynski, 77 ans, futur président du Pérou, est un ex-banquier de Wall Street, flûtiste de haut niveau et fan de Harley Davidson.
« PPK », comme il est surnommé, aura besoin de toute son expérience d’ancien ministre et Premier ministre pour tenter de réunifier un pays profondément divisé. Il prend les rênes du Pérou après une victoire étriquée face à Keiko Fujimori, dont le père Alberto, ex-président (1990-2000), est emprisonné pour crime contre l’humanité et corruption.
Phrasé posé, cheveux gris et fines lunettes, cet habitué des costumes-cravates a beaucoup travaillé pendant la campagne pour se défaire de son image élitiste et se rapprocher des Péruviens les plus pauvres, qui le connaissent peu.
Sous ses airs austères, il a choisi un « cuy » géant (cochon d’Inde), animal traditionnel du Pérou, comme mascotte durant sa campagne. Celle-ci a hérité du sobriquet de « PPKuy ».
Ce concertiste de haut niveau n’a pas non plus hésité à jouer de la flûte traversière sur les estrades, aux côtés de la peluche à taille humaine de ce rongeur, ni à enfiler un poncho ou un chapeau traditionnel des Andes.
Toujours au chapitre artistique, M. Kuczynski est marié en secondes noces avec Nancy, une Américaine qui est la cousine de l’actrice de Hollywood Jessica Lange, détentrice de deux oscars.
Cousin de Jean-Luc Godard
Mais les liens du nouveau président péruvien avec le monde du cinéma ne s’arrêtent pas là : de mère franco-suisse, il est le cousin du réalisateur Jean-Luc Godard.
L’éventail de ses passions s’étend aussi à la moto : une Harley Davidson, sur laquelle ses proches l’auraient bien vu passer sa retraite. « Mes amis me disent que je pourrais aller tranquillement me reposer, avec ma Harley » plutôt que mener une vie politique, déclare M. Kuczynski.
Positionné au centre droit, « PPK », dont les initiales sont également celles de son parti, Peruanos por el Kambio, est né d’un père médecin qui fut officier dans l’armée allemande durant la Première Guerre mondiale. Ce dernier a fui l’Allemagne lors de l’accession d’Adolf Hitler au pouvoir.
Une fois au Pérou, Kuczynski père soigne des lépreux dans la jungle amazonienne, où le jeune « PPK », né en 1938, passe une partie de son enfance.
Dans les années 1950, il étudie dans de prestigieux établissements : le Royal College of Music de Londres, l’université d’Oxford, en Angleterre, et celle de Princeton, aux Etats-Unis.
Economiste et ancien banquier de Wall Street, Pedro Pablo Kuczynski a également travaillé à la Banque mondiale.
Ses détracteurs lui reprochent des conflits d’intérêts, lui qui a été membre du conseil d’administration de plusieurs entreprises. « Ce sont des bêtises. J’ai les mains propres », rétorque-t-il.
« Je ne suis pas un homme politique, je suis un économiste qui veut faire quelque chose pour son pays », déclare PPK, candidat malheureux à l’élection présidentielle en 2011, tout comme sa rivale Keiko Fujimori.
Pourtant, M. Kuczynski est un vieux routard de la politique. Ministre de l’Energie dans les années 1980 puis de l’Economie sous la présidence d’Alejandro Toledo (2001-2006), il fut aussi son Premier ministre durant sa dernière année de mandat.
Pour lui, l’âge n’est pas un problème. Au contraire. « On dit que je suis vieux, mais ma tête et mon expérience fonctionnent », rétorque-t-il.
Se voulant ouvert sur les questions de société, il se dit favorable aux unions civiles pour les homosexuels, mais pas au mariage.