Le Shin Bet rencontre les autorités US sur fond de craintes de la chute de l’AP
Ronen Bar doit s'entretenir avec la CIA et la Maison Blanche, qui a accueilli jeudi des collaborateurs de Netanyahu pour évoquer l'Iran, la Russie et l'Ukraine et les Palestiniens
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
Le chef de l’agence de sécurité du Shin Bet était à Washington, hier jeudi, pour s’entretenir avec de hauts responsables américains inquiets de la situation sécuritaire en Cisjordanie et de la détérioration de l’Autorité palestinienne (AP), explique un responsable israélien.
Ronen Bar devrait rencontrer des interlocuteurs à la Maison Blanche, au Département d’État et à la CIA, ajoute le responsable, confirmant une information publiée par le site d’information Axios.
Le responsable n’a pas précisé si Bar allait s’entretenir avec le chef de la CIA, William Burns, étroitement impliqué dans la politique américaine de pérennisation de l’AP.
Le ministre des Affaires stratégiques, Ron Dermer, et le conseiller à la sécurité nationale, Tzachi Hanegbi, ont également effectué le déplacement à Washington, cette semaine, pour s’entretenir avec des responsables à la Maison Blanche ainsi qu’au Département d’État pour évoquer la menace nucléaire iranienne et les perspectives de paix avec l’Arabie saoudite.
Selon les termes d’une brève déclaration de la Maison Blanche, jeudi, Hanegbi et Dermer ont rencontré le conseiller à la sécurité nationale, Jake Sullivan, dans la journée pour « poursuivre les discussions » sur la prévention de l’acquisition de l’arme nucléaire par l’Iran et « les moyens de contrer les menaces posées par l’Iran et ses alliés ».
Les trois hommes ont par ailleurs évoqué ce qui est une préoccupation commune des États-Unis et d’Israël, à savoir « l’approfondissement des relations de défense entre la Russie et l’Iran, et l’importance de soutenir l’Ukraine dans la défense de son territoire et de sa population, notamment contre les drones iraniens ».
Sullivan a réaffirmé l’engagement de l’administration Biden à « renforcer la sécurité et l’intégration économique d’Israël dans le Moyen-Orient » et « a souligné la nécessité de prendre de nouvelles mesures pour améliorer la vie des Palestiniens, préalable indispensable à l’avènement d’une région plus en paix, prospère et intégrée ».
En février dernier, Burns avait décrit avec noirceur la nature des relations actuelles entre Israël et les Palestiniens, affirmant que les tensions à l’œuvre faisaient penser à celles de la deuxième Intifada.
Plus modéré que ses rivaux du Hamas, l’AP de Mahmoud Abbas a vu sa popularité chuter ces dernières années en l’absence d’un processus de paix. Elle est également depuis longtemps soupçonnée de corruption, et le refus d’Abbas d’organiser des élections depuis 2005 n’a fait que renforcer la méfiance de la population.
Les relations entre Jérusalem et Ramallah sont tendues depuis des mois.
Le précédent gouvernement israélien a pris quelques mesures pour renforcer l’Autorité palestinienne, mais a refusé de s’engager dans des négociations diplomatiques.
Les tensions se sont considérablement accrues depuis la prestation de serment de la nouvelle coalition dirigée par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, fin décembre. Gouvernement le plus à droite de toute l’histoire d’Israël, il a pris une série de sanctions à l’encontre de l’Autorité palestinienne, début janvier, suite au succès de l’initiative de l’AP, aux Nations Unies, demandant à la Cour internationale de justice de se prononcer sur la conduite d’Israël dans les territoires.
Fin janvier, l’armée israélienne a mené un raid à Jénine, dans le nord de la Cisjordanie, au cours duquel neuf Palestiniens ont été tués, parmi lesquels un civil.
Israël a fait savoir que cette opération était une mesure antiterroriste absolument nécessaire. L’AP a riposté en annonçant la rupture de sa coordination de sécurité avec Tsahal (mais Abbas a plus tard déclaré à Burns que les relations n’avaient été que partiellement rompues).
Pour autant, la Cisjordanie est à cran depuis plus d’un an et l’Autorité palestinienne a perdu le contrôle de vastes étendues de territoire que des organisations palestiniennes armées tentent de s’arroger. Les attentats contre les populations civiles et les soldats israéliens ont légèrement augmenté.
Depuis début 2023, les attentats palestiniens en Israël et en Cisjordanie ont tué 20 personnes et fait plusieurs blessés graves.
Convaincue que l’Autorité palestinienne est incapable de lutter efficacement contre les groupes terroristes, Tsahal a mené de fréquentes opérations de nuit, en particulier dans le nord de la Cisjordanie, qui se sont souvent conclues dans le sang.
On estime à 114 au moins le nombre de Palestiniens de Cisjordanie tués en 2023, la plupart lors d’affrontements avec les forces de l’ordre, mais sans oublier les pertes civiles ou les victimes tuées dans des circonstances qui font toujours l’objet d’une enquête.