Le “Trump israélien” appelle la Cour à ordonner une enquête sur Netanyahu
Erel Margalit accuse le Premier ministre de corruption dans le scandale ThyssenKrupp, et d’utiliser l’Etat comme son “distributeur automatique”

Un député de l’opposition a publié dimanche une vidéo dans laquelle il accuse le Premier ministre Benjamin Netanyahu et son cercle proche d’utiliser les leviers du pouvoir pour s’enrichir tout en compromettant la sécurité d’Israël.
Erel Margalit, député de l’Union sioniste, avait déjà fait parler de lui cette année avec une tirade filmée contre Netanyahu et le Likud, le parti au pouvoir, qui avait entraîné des comparaisons dans les médias avec le style combatif du président américain élu Donald Trump.
Pour sa vidéo de dimanche, il s’est associé avec un militant travailliste en croisade contre Netanyahu, Eldad Yaniv. Ils ont appelé la population à rejoindre une pétition déposée devant la Haute cour de justice, qui demande une enquête sur Netanyahu en raison de ses méfaits présumés dans le cadre d’un récent achat d’armes auprès de l’entreprise allemande ThyssenKrupp.
Le géant industriel allemand a fait les gros titres en Israël après la révélation le mois dernier que l’avocat personnel de Netanyahu, David Shimron, avait avancé les intérêts de ThyssenKrupp en Israël, ce qui pourrait constituer un conflit d’intérêts.

Le procureur général, Avichai Mandelblit, a ordonné à la police d’examiner les accusations selon lesquelles Shimron aurait utilisé sa proximité avec Netanyahu pour pousser Israël à acheter plusieurs sous-marins au groupe allemand, accorder à l’entreprise un contrat pour des navires de guerre pour défendre les champs de gaz naturel de l’Etat juif, et lui permettre de gérer un chantier naval dans le pays.
La Deuxième chaîne a déclaré que l’enquête policière, qui n’est pas encore une enquête généralisée, ne se concentre pas sur l’achat de trois sous-marins de classe Dolphin à l’entreprise allemande, qui a fait les gros titres, mais sur un autre appel d’offres émis en 2014 par le ministère de la Défense pour des navires de guerre, qui implique aussi ThyssenKrupp, pour protéger les champs de gaz naturel en mer Méditerranée.
ThyssenKrupp a également été cité dans les médias israéliens quand il a été révélé qu’une entreprise gouvernementale iranienne possédait 4,5 % des parts du conglomérat.
Dans la vidéo de Margalit [lien en hébreu], qui est parsemée de photos du style de vie luxueux de Netanyahu et de titres de journaux détaillant les différents scandales impliquant le Premier ministre, Margalit et Yaniv fustigent ce qu’ils appellent l’utilisation par Netanyahu des coffres de l’Etat comme « tiroir-caisse personnel » et « distributeur automatique » pour lui et ses proches, et accusent le Premier ministre de « vendre » la sécurité d’Israël et de « nous voler » avec les achats à ThyssenKrupp pour s’enrichir personnellement.
Margalit critique aussi les « gémissements de Netanyahu devant le Congrès [américain] pour l’Iran », tout en « faisant des accords avec eux d’autre part », en référence à la propriété iranienne partielle de ThyssenKrupp, qui aurait rapporté à l’Iran près de 100 millions de dollars ces dix dernières années.
Affirmant que le procureur général et le chef de la police ne prendront pas de mesure contre Netanyahu puisqu’il « les tient par les c*uilles », Margalit et Yaniv appellent la population à « cesser de se plaindre », « se lever du canapé » et rejoindre une pétition devant la Haute cour de justice pour qu’elle ordonne une enquête sur Netanyahu pour l’affaire ThyssenKrupp.
Dans le cadre de la loi israélienne, tout citoyen peut faire appel devant la Haute cour de toute action du gouvernement qui serait illégale.
Margalit, dont la campagne vidéo a été interprétée comme un présage à une future candidature à la direction du Parti travailliste, le plus grand parti de l’Union sioniste, a tenté de se présenter l’année dernière comme un politique franc, qui n’a pas peur de s’en prendre à l’establishment.
Yaniv, ancien conseiller du Premier ministre Ehud Barak, s’est présenté ces dernières années comme lanceur d’alertes, expert télévisé et critique féroce de Netanyahu. Après avoir échoué pendant les dernières élections à entrer à la Knesset sur la liste de l’Union sioniste, il s’est consacré aux campagnes sur les réseaux sociaux visant à destituer le Premier ministre pour toute une série d’accusations de méfaits financiers.