L’effort de paix de Sissi est toujours sur la table, selon des élus égyptiens
L'élue du parti Union sioniste Ksenia Svetlova a exprimé "un optimisme prudent" concernant une initiative de paix régionale après des discussions "très positives" sur des questions d'eau avec des élus de pays arabes
Marissa Newman est la correspondante politique du Times of Israël
Des parlementaires égyptiens ont indiqué à leurs homologues israéliens que la proposition de paix du Président Abdel-Fattah el-Sissi était toujours sur la table, d’après la membre du parti Union sioniste Ksenia Svetlova, qui a rencontré des législateurs arabes à Genève la semaine dernière autour de la crise de l’eau au Moyen-Orient.
Lors de ce que Svetlova a décrit comme étant des discussions « très positives », elle et son collègue du parti Union Sioniste Erel Margalit ont assisté à une table ronde de trois jours organisée par Union interparlementaire (IPU) avec une délégation palestinienne, en même temps que des législateurs du Bahreïn, d’Egypte et des Emirats Arabes Unis.
« Nous avons également parlé d’eau, mais pas seulement. Le message que les Egyptiens voulaient transmettre, selon mon impression, est que l’Initiative (de paix) d’Abdel-Fattah el-Sissi est toujours sur la table, » affirme Svetlova au Times of Israël mercredi.
Dans un rare appel direct aux Israéliens, Sissi a le mois dernier encouragé à un renouvellement des pourparlers de paix entre Israël et les Palestiniens. Le président égyptien, en même temps que le Secrétaire d’Etat américain John Kerry et l’ancien envoyé du Quartet Tony Blair, a apparemment figuré parmi les dirigeants étrangers qui ont poussé le président du parti de l’Union sioniste Isaac Herzog à rejoindre le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu. Les négotiations Herzog-Netanyahu se sont effondrées, cependant, lorsque Netanyahu s’est tourné vers le parti Yisrael Beytenu d’Avigdor Liberman afin d’élargir sa coalition.
Vendredi, après un Sommet sur la paix d’une journée à Paris – auquel Israël et les Palestiniens n’étaient pas invités – Sissi a salué les initiatives récentes de la communauté internationale ayant pour but d’avancer vers une solution pour le conflit israélo-palestinien.
« On investit beaucoup dans des efforts internationaux, et l’initiative française est à l’agenda, » a-t-il ajouté.
Netanyahu a rejeté le plan français, mais a partiellement approuvé l’Initiative de paix arabe plus tôt ce mois-ci, et a affirmé qu’il est ouvert à des pourparlers régionaux avec une médiation arabe. Netanyahu et Herzog ont tous deux récemment souligné à de nombreuses reprises qu’il y avait une « opportunité rare » de raviver les pourparlers de paix et d’avancer vers un accord régional, sans donner plus de précisions.
Svetlova a mercredi exprimé un « optimisme prudent » concernant de « petite fluctuations » dans l’attitude de la région face à l’Etat juif, fluctuations qui devraient être saisies comme une opportunité de redémarrer les pourparlers, en particulier venant d’Egypte. Elle a maintenu que malgré un sentiment anti-israélien larvé au sein de la population égyptienne – dont elle dit qu’il a diminué dans les médias égyptiens depuis 2011 – « il y a plus d’ouverture maintenant, de façon certaine dans les couloirs de la politique. Et si Israël répond à cela, il y a un (horizon) politique qui n’existait pas avant. C’est le message que je veux transmettre. »
Avant la réunion de Genève, Svetlova, une ancienne journaliste qui a couvert le monde arabe, a affirmé qu’elle était prête à être « sur la défensive » et qu’elle était préparée « à tous les scénarios ».
« A ma surprise et à ma joie, l’atmosphère était très positive. Tout spécialement de la part des membres du Parlement égyptiens, la plupart étant de nouveaux membres, » a-t-elle ajouté. « Nous avons également reçu une invitation pour une visite en Egypte. Je ne sais pas si cela va avoir lieu ou quand cela aura lieu. C’était une invitation orale. J’espère personnellement que cela aura lieu. »
« Il était facile de discuter » avec les Égyptiens et « tous étaient unis dans l’idée que nous devons sortir de l’impasse régionale, » a-t-elle ajouté.
La membre du parti Union sioniste a exhorté le gouvernement israélien à poursuivre les pourparlers de paix et à capitaliser sur la situation, tout en sous-entendant que Netanyahu avait manqué des opportunités similaires dans le passé.
« Avec toutes les bonnes et positives déclarations venant du Caire et l’atmosphère nouvelle qui a été créée, nous devrions l’utiliser rapidement, ou bien il sera trop tard, » a-t-elle affirmé.
« Je suis très prudente dans mon optimisme. Parce qu’en tant que journaliste, j’ai vu beaucoup de débuts prometteurs. Mais s’il n’y a pas de suite politique, cela pourrait facilement s’écrouler, » continue-t-elle. « Je pense que le Premier ministre a manqué beaucoup d’opportunités comme celle-là, » parmi elles en 2009, « et il n’en a pas tiré parti alors ; la question est, va-t-il en tirer parti maintenant. »
Tandis qu’Herzog a défendu ses discussions de coalition avec Netanyahu sur la base d’un redémarrage des pourparlers de paix, Svetlova a indiqué mercredi que les négotiations étaient terminées.
« Je crois mon chef de parti lorsqu’il dit que ce n’est pas sur la table, fin de l’histoire, a-t-elle déclaré. Je n’y crois pas, a déclaré Svetlova à propos des offres de Netanyahu. Les déclarations jusqu’à maintenant, de mon point de vue, sont des mots vides de sens ».
Le sommet de la semaine dernière à Genève, consacré aux questions de l’eau, était le premier de plusieurs rencontres sur la coopération au Moyen Orient, prévues pour les prochains mois suivants. Le second se concentrera sur l’agriculture et la nourriture, et le troisième sur la technologie et l’énergie renouvelable.
L’IPU a fait un « effort extraordinaire pour rassembler » les parlementaires, a déclaré Svetlova, tout en saluant le travail du président de la Knesset Yuli Edelstein pour faire avancer les choses. « Ce n’est pas simple. C’était juste avant le mois de Ramadan, [il y a] des contraintes politiques, et en général ce n’est pas facile », pour faire que des législateurs arabes et israéliens se rencontrent, a-t-elle déclaré.
Svetlova a déclaré qu’elle continuerait les discussions avec les représentants palestiniens, dont certains se trouvent à Jérusalem Est, pour essayer de résoudre la « crise [de l’eau] très dure dans l’AP » et comment « faire la différence entre l’eau de la politique ».
La deuxième rencontre est prévue pour dans deux mois, et Svetlova espère qu’elle se tiendra en Egypte.
« Mon rêve est de renouer les relations avec l’Egypte sur l’agriculture. Nous avions des liens excellents avec l’Egypte dans les années 1980… De ce que j’entends, il y a beaucoup des possibilités pour une coopération israélo-egyptienne. Maintenant, quand l’atmosphère sera un petit peu plus positive, je pense que nous pourrons restaurer la situation et renouveler la coopération qui était si fructueuse entre les deux pays », a-t-elle déclaré.