Israël en guerre - Jour 533

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L’Egypte ouvre cette fois pour une « durée indéterminée » sa frontière avec Gaza

Des pourparlers intra-palestiniens se tiennent au Caire ; Situation intenable pour les cancéreux pris au piège dans la bande à cause des restrictions sanitaires

Les forces de sécurité du Hamas à côté d'une tour de guet égyptienne à la frontière entre l'Egypte et Gaza, à Rafah, au sud de la bande de Gaza, le 21 septembre 2015. (Crédit : Abed Rahim Khatib/Flash90)
Les forces de sécurité du Hamas à côté d'une tour de guet égyptienne à la frontière entre l'Egypte et Gaza, à Rafah, au sud de la bande de Gaza, le 21 septembre 2015. (Crédit : Abed Rahim Khatib/Flash90)

Lassés par les « fermetures à répétition » de la frontière entre la bande de Gaza et l’Egypte, des Palestiniens espèrent que sa réouverture pour une période « indéterminée » annoncée mardi par les Egyptiens sera cette fois-ci bien la bonne.

Ce poste-frontière de Rafah est depuis plusieurs années la seule porte de sortie vers le monde extérieur – à l’exception du point de passage avec Israël – pour les deux millions d’habitants de Gaza, territoire palestinien dirigé par les terroristes islamistes du Hamas.

Ce mouvement armé est lié aux Frères musulmans, qui étaient au pouvoir en Egypte jusqu’à leur éviction en 2013 par le président actuel Abdel Fattah al-Sissi.

Les autorités égyptiennes évoquaient notamment des raisons de sécurité pour justifier la fermeture de Rafah, auxquelles se sont greffées des craintes sanitaires ces derniers mois avec la pandémie de Covid-19.

Plus de 52 740 personnes contaminées ont été recensées à Gaza, dont quelque 530 décès. En Egypte, environ 170 210 cas ont été détectés, dont près de 9 700 décès.

Le poste-frontière de Rafah est resté fermé la plupart du temps depuis le début de la crise sanitaire afin de limiter la propagation du coronavirus, créant des difficultés à ceux souhaitant quitter l’enclave ou y retourner, notamment pour voir leur famille.

Or mardi, à l’heure où la classe politique palestinienne était réunie au Caire pour des pourparlers concernant la tenue des premières élections palestiniennes en quinze ans, les autorités égyptiennes ont annoncé sa réouverture.

Elles ont « ouvert aujourd’hui (mardi) le passage de Rafah pour une durée indéterminée, pour la première fois depuis des années », a indiqué un responsable sécuritaire égyptien, sous couvert d’anonymat.

« Il ne s’agit pas d’une ouverture ordinaire. D’habitude, le passage est ouvert pour trois ou quatre jours. (Cette fois) ça arrive alors que le dialogue national palestinien a lieu au Caire », a-t-il ajouté, sans épiloguer.

Dès mardi matin, des Gazaouis ont afflué vers le terminal de Rafah, a constaté une équipe de l’AFP.

« Cela faisait six mois que j’attendais que le passage rouvre, ces fermetures à répétition m’ont fait rater mon premier semestre à l’université », a confié à l’AFP Ibrahim al-Chanti, qui s’apprêtait à franchir le passage mardi matin. « J’espère qu’il va rester ouvert de manière permanente », a ajouté l’étudiant de 19 ans.

Yasser Zanoun, un autre voyageur, a souligné l’urgence de la situation à Gaza. Selon lui, le passage devrait rester « ouvert 24 heures sur 24 toute l’année, (car) nous sommes confrontés à de graves crises sanitaires ».

La bande de Gaza dispose d’infrastructures limitées et souffre d’un chômage endémique (50 %).

Mais les permis de travail en Israël sont limités en temps normal, et sont suspendus depuis le début de la pandémie, et que le poste de Rafah était quasiment tout le temps fermé, les jeunes Gazaouis pouvaient difficilement quitter l’enclave ces derniers mois pour tenter de trouver du travail ailleurs.

Tahani al-Rifi, une Palestinienne de 34 ans atteinte d’un cancer de la thyroïde, prends ses médicaments chez elle à Gaza le 1er février 2021. (Crédit : Mohammed ABED / AFP)

Même problème pour les malades graves, notamment des cancéreux, qui doivent souvent sortir de Gaza pour leurs traitements.

Tahani al-Rifi voyait dans ses deux séances mensuelles de radiothérapie une lueur d’espoir dans son combat contre le cancer. Mais avec la pandémie et la fermeture de la bande de Gaza, cette Palestinienne s’est retrouvée privée de soins. Diagnostiquée d’un cancer de la thyroïde il y a trois ans, cette femme de 34 ans se rendait chaque mois dans un hôpital de la ville palestinienne de Hébron en Cisjordanie, pour une radiothérapie à l’iode, un procédé qui n’existe pas à Gaza.

La dernière séance de radiothérapie de Tahani remonte au mois d’août.

Depuis maintenant six mois, Tahani se sent très affaiblie. « Mes analyses de sang montrent que mon état s’est détérioré », raconte la jeune femme au foulard fleuri et au masque sanitaire rose: « Je vis sous sédatifs en raison de douleurs aux pieds et au cou ».

« Les cancéreux sont plus fragiles face à la pandémie de Covid-19 », alerte Imane Shanane, directrice d’un programme d’aide à destination de ces malades dans la bande de Gaza.

Selon elle, environ 7.000 Gazaouis ont des diagnostics de cancer, en grande partie du sein.

« Ils devraient avoir encore davantage le droit à une prise en charge médicale », affirme Mme Shanane, qui a elle-même survécu à un cancer du sein.

« Le patient a deux options: soit il reste chez lui et il meurt (du cancer), soit il sort pour recevoir un traitement antidouleur à l’hôpital et prend le risque d’être contaminé » par le virus, explique-t-elle.

Rim Fathi, 18 ans, est atteinte de leucémie. « J’ai reçu plusieurs autorisations de la part d’Israël pour sortir de Gaza et aller me faire soigner à Jérusalem parce que je suis un cas grave », raconte-t-elle à l’AFP.

Tahani al-Rifi, un Palestinien de 34 ans atteint d’un cancer de la thyroïde, passe devant une peinture murale inspirée par le coronavirus dans une rue de la ville de Gaza, le 1er février 2021. (Crédit ; Mohammed Abed/AFP)

« Mais je préfère souffrir ici plutôt que de voyager jusqu’à Jérusalem et prendre le risque d’attraper le coronavirus et en mourir », souffle-t-elle.

« La réticence d’être hospitalisé n’est pas due seulement à la peur d’être infecté : elle reflète aussi l’inquiétude de perdre une grande partie de ses revenus, surtout s’il faut se placer en quarantaine », relèvent des chercheurs européens dans une étude de l’université britannique de Bath publiée mercredi.

« L’insécurité financière est aggravée parce que les malades semblent devoir payer eux-mêmes leurs médicaments », d’après cette étude, qui estime que la fermeture des points de passages a privé « des milliers » de malades chroniques gazaouis de soins appropriés.

« Le système de santé fragile, le blocus israélien, la fermeture des points de passage, la pénurie de médicaments et d’appareils médicaux: c’est ceux qui sont atteints de cancer qui en payent le prix à Gaza », s’alarme Imane Shanane.

Tahani al-Rifi espère, elle, pouvoir franchir bientôt le point de passage israélien d’Erez, au nord de Gaza, pour pouvoir se rendre en Cisjordanie via Israël.

« Mais j’ai besoin de 1.800 shekels (environ 450 euros) pour voyager et séjourner à Hébron », explique-t-elle. « Je devrais emprunter cette somme, si tant est que je reçoive une autorisation israélienne ».

D’habitude, l’Autorité palestinienne prend en charge au moins une partie du coût du voyage. Mais pour s’assurer une sortie plus rapide dès qu’elle aura le feu vert israélien pour traverser Erez, la famille de Tahani compte tout payer de sa poche.

« Son état de santé n’est plus tolérable », souffle son père Radwane, 70 ans, à l’épaisse barbe blanche: « Nous paierons ce qu’il faut pour l’empêcher de mourir ».

Pour Mohammed Abdo, 34 ans, qui s’apprêtait mardi à se rendre en Egypte, l’ouverture de la vanne ne doit pas être temporaire : « Nous demandons à la délégation aux pourparlers du Caire de pousser pour que la frontière reste ouverte, pour que la vie puisse être une vie, c’est-à-dire avec dignité et santé ».

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