Les autorités locales demandent au gouvernement de ne pas importer plus de pétrole
Le ministère de l'Environnement avait décidé de protéger la région - et particulièrement les coraux d'Eilat - des risques de pollution aux hydrocarbures
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.

Les chefs de sept autorités locales du sud d’Israël ont demandé au Premier ministre Benjamin Netanyahu de ne pas laisser l’entreprise publique European Asia Pipeline Company (EAPC) décharger davantage de pétrole brut dans les ports d’Eilat, sur la mer Rouge, et d’Ashkelon, en Méditerranée, et de l’acheminer par voie terrestre entre les deux villes.
« En cette période d’urgence nationale, nous vous demandons de renoncer à envisager d’augmenter l’acheminement [de pétrole brut] », ont écrit les maires d’Eilat, Ashkelon, Dimona, Ramat Hanegev, Upper Arava, Mitzpe Ramon et Eilot.
Leur lettre fait suite à une réunion organisée en urgence dimanche par le ministère de la Protection de l’environnement, au cours de laquelle les chefs des conseils locaux ont demandé la reconduction de la politique de « Zéro risque supplémentaire » dans le but de protéger les récifs coralliens d’Eilat, réputés dans le monde entier, contre de possibles marées noires. Ces récifs sont en effet au cœur de l’économie touristique d’Eilat.
La ministre de la Protection de l’environnement, Idit Silman, a déclaré que l’augmentation prévue des importations de pétrole n’était pas destinée à Israël, mais aux entreprises qui allaient le retraiter avant de l’exporter.
Conformément à ce qu’il avait qualifié d’études insuffisantes de risque de la part de l’EAPC pour lui permettre d’augmenter ses importations de pétrole, le ministère avait, en 2021, sous l’autorité de la ministre Tamar Zandberg, plafonné ses importations à 14,6 millions de barils annuels afin de limiter les risques de pollution aux hydrocarbures.
Le ministère était autorisé à le faire en raison de sa compétence pour délivrer des permis pour les matières toxiques.
L’EAPC a demandé au gouvernement de revenir sur sa règle du « Zéro risque supplémentaire » et de l’autoriser à honorer l’accord conclu avec un consortium d’hommes d’affaires israéliens et émiratis en 2020 pour décharger le pétrole du Golfe dans le port d’Eilat et l’acheminer par voie terrestre jusqu’à Ashkelon avant de le mettre sur des pétroliers à destination de l’Europe.
Dans leur lettre, les chefs des autorités locales protestent contre le projet d’annuler la décision prise par le ministère de la Protection de l’environnement en août dernier en vertu de laquelle l’EAPC devait remettre une étude de risque environnemental dans les six mois.
Malgré les promesses faites toutes ces années, le gouvernement n’a pas doté l’unité de protection côtière d’Eilat des équipements nécessaires pour lui permettre de faire face à une importante fuite de pétrole.
L’EAPC a un mauvais bilan environnemental. Il est en effet responsable d’une marée noire survenue il y a de cela dix ans – la plus grande catastrophe environnementale de toute l’histoire d’Israël – lorsque l’un de ses oléoducs s’était rompu et avait déversé près de 6 000 mètres cubes de pétrole brut dans la réserve naturelle d’Evrona, dans le sud d’Israël, qui ne s’en est toujours pas remise.
L’EAPC a fait savoir par voie de communiqué : « Un comité interministériel spécialisé … a conclu sans équivoque, sur la base de l’avis avisé des ministères de l’Énergie, de la Défense, des Finances, des Affaires étrangères, du Conseil national de sécurité et de l’Autorité des entreprises que le port de la Europe Asia Pipeline Company à Eilat pouvait être autorisé à fonctionner à plein régime. La confirmation de la décision prise par l’ex-ministre de la Protection de l’environnement, Tamar Zandberg, en dehors de toute compétence et fondement, conduira à la fermeture du terminal stratégique de la Europe Asia Pipeline Company d’Eilat et fera du tort à la sécurité énergétique de l’État d’Israël. »