Les chefs de la CIA, du Mossad et le Premier ministre qatari vont relancer les négociations sur les otages
Cette réunion de haut niveau sera la première depuis l'échec des négociations il y a deux semaines ; on ignore si le chef des services de renseignement égyptiens sera présent, mais Le Caire reste impliqué dans la médiation
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
Le directeur de la CIA, William Burns, se rendra en Europe dans les tout prochains jours pour s’y entretenir avec le chef du Mossad, David Barnea, et le Premier ministre qatari, Mohammed bin Abdulrahman Al Thani, pour relancer les négociations en vue de la libération des otages israéliens détenus par le Hamas, ont déclaré jeudi au Times of Israel deux représentants des autorités.
Cette réunion de haut niveau sera la première depuis l’échec des négociations, il y a de cela deux semaines, lorsque le Hamas a réagi à une proposition des médiateurs américains, qataris et égyptiens par des amendements jugés inacceptables par les États-Unis et Israël.
Cette proposition envisageait la libération progressive de 128 otages israéliens, en commençant par celle de 33 femmes, personnes âgées et malades à la faveur d’une trêve d’une durée de six semaines, puis celle des otages restants, en même temps que des négociations en vue d’un cessez-le-feu permanent. La remise des dépouilles des otages morts aux mains du Hamas aurait eu lieu lors d’une troisième phase.
La réponse du Hamas aux propositions des médiateurs, avalisées par Israël, comprenait plusieurs amendements importants, dont le refus de libérer 33 otages vivants lors de la première phase.
On ignore à ce stade si le chef des services de renseignement égyptiens, Abbas Kamel, prendra lui aussi part à cette réunion européenne, comme il l’a fait par le passé, mais Le Caire reste impliqué dans le processus de médiation, ont rappelé un membre des autorités américaines et un représentant des autorités israéliennes, confirmant des informations parues sur le site d’information Axios.
L’Égypte s’est émue des récentes informations données par le Times of Israel et CNN, selon lesquels elle aurait présenté des versions différentes à Israël et au Hamas lors du dernier cycle de négociations, ce qui aurait grandement contribué à leur échec, il y a de cela deux semaines. Le Caire a alors menacer de se retirer de la médiation en raison des doutes sur son rôle exact – menace déjà proférée par le Qatar le mois dernier également.
Le responsable israélien estime que Le Caire ne se retirera pas des pourparlers, car il est trop lié au conflit, avec sa frontière commune avec Gaza. Tant que le Qatar continuera d’accueillir le Hamas à la demande des États-Unis, Doha restera elle aussi impliqué dans la médiation, a-t-il expliqué, ajoutant que le royaume du Golfe avait également la confiance de l’administration Biden.
Les membres des autorités américaines et israéliennes ont tous deux confirmé le prochain déplacement de Burns, quelques heures après la décision du cabinet de guerre israélien d’autoriser la délégation conduite par Barnea à reprendre les négociations indirectes avec le Hamas.
Lors de la réunion du cabinet de guerre, le général de division de Tsahal, Nitzan Alon, membre de la délégation de négociateurs, a présenté un nouveau plan, après le rejet de sa précédente proposition par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, samedi soir, a indiqué la radio publique Kan.
Une source a déclaré à Kan que la délégation de négociateurs n’avait pas obtenu totale satisfaction, « mais que des progrès étaient envisagés ».
Les négociations ont tourné autour du format de la libération des otages en contrepartie d’un cessez-le-feu temporaire dans les conflits, déclenchés par l’attaque terroriste du Hamas le 7 octobre, et la libération de plusieurs centaines de prisonniers palestiniens détenus par Israël.
Les positions respectives d’Israël et du Hamas étaient supposées s’être sensiblement rapprochées, mais ils restent en profond désaccord sur la question de savoir si l’accord conduira à un cessez-le-feu temporaire – comme Israël l’exige pour en finir avec le Hamas – ou à une fin permanente des combats – comme le souhaite le Hamas, qui désire rester en place à Gaza.
On estime que 121 des 252 otages enlevés par le Hamas le 7 octobre se trouvent toujours à Gaza, mais certains ne sont plus en vie. 105 civils ont été libérés au cours d’une trêve d’une semaine à la fin du mois de novembre, et quatre otages ont été remis en liberté avant la trêve. Trois otages, dont une soldate, ont été secourus vivants par les forces israéliennes, et les corps de 19 otages ont également été récupérés, dont trois ont été tués par erreur par l’armée lors d’un incident tragique en décembre.
Tsahal a confirmé la mort de 37 otages encore aux mains du Hamas, sur la foi de renseignements recueillis par les soldats déployés à Gaza.
Une personne est toujours portée disparue depuis le 7 octobre, sans aucune information la concernant.
Le Hamas détient par ailleurs les dépouilles des soldats israéliens Oron Shaul et Hadar Goldin, morts au combat depuis 2014, ainsi que deux civils israéliens – Avera Mengistu et Hisham al-Sayed – probablement vivants, entrés de leur plein gré dans la bande de Gaza respectivement en 2014 et 2015.