Les courants juifs libéraux du Royaume-Uni fusionnent en un mouvement « progressiste »
Après avoir résolu leurs divergences idéologiques, ce nouveau mouvement unifié représente environ 30 % des Juifs britanniques affiliés à des synagogues

Deux mouvements juifs libéraux du Royaume-Uni ont voté en faveur de leur fusion, créant ainsi une nouvelle organisation nationale appelée « Progressive Judaism » (Judaïsme progressiste) qui représentera environ 30 % des Juifs du pays affiliés à des synagogues.
Les mouvements du judaïsme libéral et du judaïsme réformé ont tous deux voté en faveur de la fusion à plus de 95 % des voix, après 125 ans d’existence séparée, ont annoncé dimanche les deux parties dans un communiqué. La fusion, annoncée pour la première fois il y a deux ans, prendra environ six mois, avec le lancement d’une nouvelle marque et une collecte de fonds prévus en novembre.
Si les deux courants se sont affrontés par le passé en raison de divergences idéologiques, il n’y a désormais plus guère de désaccord entre eux, a expliqué un porte-parole de la nouvelle organisation nationale. Le judaïsme progressiste issu de cette union sera plus présent au Royaume-Uni et partagera ses ressources pour en tirer un plus grand bénéfice, a-t-il ajouté.
« Nous avons entendu directement de la bouche des Juifs progressistes de tout le pays qu’ils souhaitent saisir cette occasion unique pour créer quelque chose de nouveau et de réfléchi », a déclaré le rabbin Josh Levy, chef du mouvement juif réformé.
« Un judaïsme progressiste qui a quelque chose à dire au monde peut aider davantage de personnes à mener une vie religieuse plus épanouissante. »
Ce mouvement unifié regroupera environ 80 communautés, ce qui en fera le plus grand mouvement juif du Royaume-Uni en nombre de synagogues, ont indiqué les organisations. Le mouvement espère également toucher des milliers de Juifs non affiliés qui partagent les valeurs progressistes, ont-elles ajouté.

Selon le recensement britannique de 2021, le Royaume-Uni compte plus de 270 000 Juifs. Cela en fait la deuxième plus grande communauté juive d’Europe, après la France.
Le « Progressive Judaism » acceptera le mariage entre personnes du même sexe, les couples de confessions différentes, les femmes rabbins et les offices mixtes, et reconnaîtra comme juif toute personne dont l’un des parents est juif. Bon nombre de ces valeurs contrastent fortement avec celles du judaïsme orthodoxe traditionnel, pratiqué par la grande majorité des Juifs affiliés à une synagogue du pays.
Il s’agit vraisemblablement de la première fusion officielle entre deux branches du judaïsme. Il s’agit également de la première unification de courants religieux au Royaume-Uni depuis la création de l’Église réformée unie en 1972, selon le mouvement.
Une fusion similaire avait déjà été tentée dans les années 1980. Mais elle avait échoué en raison de divergences religieuses, a précisé le porte-parole. La décision prise en 2015 par le mouvement réformé britannique d’accepter les Juifs de descendance patrilinéaire a supprimé l’une des principales différences entre les deux organisations.
Il a également souligné que les relations chaleureuses entre les instances dirigeantes des deux courants avaient contribué à faciliter le processus cette fois-ci.
Les deux dirigeants des deux organisations, Levy et le rabbin Charley Baginsky du judaïsme libéral, continueront à guider la formation de la nouvelle organisation, a déclaré le « Progressive Judaism ».
La nouvelle organisation nationale a déclaré vouloir se concentrer sur quatre missions principales : renforcer et connecter les communautés ; promouvoir les valeurs progressistes du judaïsme ; soutenir les jeunes générations ; et améliorer l’accès à la vie juive.
« Nous assistons aujourd’hui à l’aboutissement de la prochaine étape de l’histoire du judaïsme progressiste », a déclaré le rabbin Baginsky.
« Grâce à ce vote, nos membres s’appuient sur les épaules de tous ceux qui nous ont précédés et créent quelque chose de durable pour nos enfants et les générations futures. »