Les dernièrs Juifs du Yemen envisagent l’alyah en Israël
La prise de pouvoir des Houthis est source d'inquiétude pour cette petite communauté
La devise des Houthis, « Mort à l’Amérique, mort à Israël » incite actuellement les derniers juifs yéménites à immigrer en Israël. Quelques familles, c’est tout ce qui reste de l’historique communauté juive du Yémen.
La semaine dernière, six Juifs yéménites d’une même famille sont arrivés en Israël, a indiqué l’agence de presse Reuters. « Depuis Septembre dernier, nous sommes très inquiets pour notre sécurité et quelques membres de la communauté ont préféré quitter le Yémen », soupire le grand rabbin Yahya Youssef depuis son appartement situé dans une enceinte fortifiée à côté du ministère de la Défense.
Vêtus d’un habit traditionnel yéménite, le visage ridé, Rabbi Yahya, qui parle l’hébreu et l’arabe, confie que les membres de la communauté se méfient de ce que pourrait représenter une nouvelle vie en dehors de leur pays d’origine, rapporte le quotidien israélien Ynet.
« Nous ne voulons pas partir. Si nous le voulions, nous l’aurions fait il y a déjà fort longtemps », explique Yahya.
La communauté juive a vu le nombre de ses membres considérablement diminué au Yemen, ces dernières années. Quelque 200 à 300 personnes représentent désormais une infime fraction des quelque 19 millions d’habitants du Yémen. Jusqu’en 1949, il y avait 40 000 Juifs au Yémen. A l’époque, Israël avait organisé leur transfert de masse à destination de l’Etat nouvellement créé. Ceux qui sont restés expliquent avoir continué de vivre en paix avec leurs voisins dans ce pays arabe musulman.
Lors d’une rencontre organisée la semaine dernière, des représentants des Houthis avaient pourtant offert des garanties quant à la sécurité des Juifs au Yemen.
Un responsable militaire, Abu al-Fadl, avait déclaré que « le problème des Houthis n’est pas les Juifs du Yémen, mais Israël, pays qui occupe la Palestine ».
Pourtant, le souvenir des menaces de mort et celui de combattants Houthi mettant à sac des maisons juives, au cours de la dernière décennie de guerre civile, ont laissé des traces.
La sécurité n’est cependant pas la seule préoccupation de cette communauté profondément conservatrice, qui craint que la vie en Israël (ou ailleurs), ne porte atteinte à leurs valeurs traditionnelles.
« En Israël, les filles se rebellent contre leurs pères, et nous craignons pour nos filles. Je ne pourrais pas accepter que ma fille vienne un jour à ma rencontre en m’expliquant qu’elle est mariée à son petit ami, a déclaré le rabbin Yahya. Ce n’est pas admissible dans notre religion. »