Israël en guerre - Jour 491

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Les échanges commerciaux entre la France et Israël

La France est le 8e fournisseur d’Israël et son 9e client. Leurs relations commerciales connaissent un infléchissement depuis deux ans. Du moins en ce qui concerne les biens

Un drapeau français et israélien. Illustration. (Crédit : Glenn Cloarec/Times of Israel)
Un drapeau français et israélien. Illustration. (Crédit : Glenn Cloarec/Times of Israel)

Après avoir progressé de 13 % en 2017, les flux de marchandises entre les deux pays se sont contractés en 2018 : les exportations israéliennes vers la France ont atteint 1,21 milliard d’euros, soit une diminution de 7,2 %, tandis que les importations de marchandises françaises en Israël représentaient 1,45 milliard d’euros, en baisse de 4,8 %.

Le déficit israélien

En d’autres termes, cette évolution globalement défavorable l’est encore plus pour Israël qui voit son déficit commercial avec la France s’aggraver : 234 millions d’euros en 2018 contre 215 en 2017.

Il faut souligner que le commerce extérieur de biens entre les deux pays a toujours bénéficié principalement à la France qui exporte vers Israël des produits à forte valeur ajoutée. Des automobiles en premier lieu (11,5 % du total), mais la fin d’une série d’avantages fiscaux a provoqué une stagnation des achats de véhicules neufs en 2018.

Les ventes en Israël de parfums et produits pour la toilette français (second poste avec 113 millions d’euros) sont en légère baisse (- 4,3 %), les importateurs israéliens se tournant de plus en plus vers d’autres fournisseurs.

Mais ces produits « made in France » restent encore très prisés par les consommateurs (et surtout les consommatrices). C’est dans la filière « équipements mécaniques, matériel électrique, électronique et informatique » que la baisse de la demande israélienne est la plus sensible (près de 10 %). Ici, plusieurs explications peuvent être avancées. D’une part, la croissance en Israël s’est ralentie et la demande de biens d’équipement s’en ressent. D’autre part, Israël a développé avec l’Inde et surtout la Chine un courant d’importation très dynamique, en particulier pour ces produits.

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S’agissant des échanges agricoles, ceux-ci connaissent un déclin historique, et ils représentent aujourd’hui moins de 4 % du total. Mais les éleveurs français, en grave difficulté, trouvent sur le marché israélien une légère compensation à la forte baisse de la consommation de produits carnés en Europe. En 2018, les exportations de viandes fraîches françaises vers Israël ont fait plus que doubler du fait de la reconnaissance de l’équivalence des systèmes d’inspection sanitaire. Les exportations israéliennes vers la France sont celles principalement de produits chimiques et pharmaceutiques, de matériels de haute technologie (informatique, électronique, optique) et de diamants.

Investissements directs et services

Le déséquilibre entre les deux pays est flagrant en ce qui concerne les investissements directs. En Israël, on compte d’importants groupes français : EDF énergie nouvelles (premier acteur de l’énergie solaire en Israël), Alstom, Thales, Egis et Systra (ferroviaire). L’Oréal est implanté depuis longtemps. Décathlon l’est depuis l’été 2017 seulement, mais la marque rencontre un grand succès qui conduira le groupe à ouvrir de nouveaux magasins en 2019.

Des drapeaux de l’enseigne de sport Décathlon, le 27 février 2019. (Crédit : Pascal GUYOT / AFP)

Dans l’autre sens, les investissements israéliens en France restent très limités : une cinquantaine d’entreprises israéliennes y emploieraient 1 500 personnes, dont Teva, mais ses 350 emplois dans l’hexagone pourraient disparaître dans le cadre du plan de restructuration mondial de l’entreprise.

En mai 2018, le groupe Delta Galil, leader israélien de l’habillement, a racheté le fabricant de sous-vêtements Eminence, et de ce fait emploie désormais 600 personnes dans le Gard.

Le commerce extérieur des services contribue quelque peu à diminuer le déficit commercial d’Israël vis-à-vis de la France. En effet, comme la plupart des pays de l’OCDE, Israël a développé fortement ses activités de services, notamment dans des secteurs à forte intensité technologique. Cela se traduit depuis le début des années 2000 par une balance des services structurellement excédentaire. De façon continue, la part des services dans les échanges entre la France et Israël augmente et dégage près de 100 millions d’excédents en faveur de l’Etat juif chaque année.

Dans cette balance des services, on doit noter l’importance croissante du tourisme. En 2018, plus de 4 millions de touristes, dont 320 000 Français, ont dépensé plus 5 millions d’euros en Israël, apportant à la balance des paiements du pays une contribution significative (du fait qu’il fait gagner au pays des devises étrangères, le tourisme est considéré comme une exportation). Parmi les touristes français, on trouve bien entendu des Juifs, mais pas seulement. Des jeunes venus de toute la France, des groupes chrétiens, ou encore des hommes (et des femmes) d’affaires sont nombreux à prendre l’avion pour Tel-Aviv.

La dimension européenne

La réglementation du commerce extérieur entre les deux pays n’est pas, pour l’essentiel, fixée par leurs autorités, mais définie par l’accord d’association existant entre Israël et l’Union européenne (UE) depuis 1995. Les principes fixés par cet accord épousent le mouvement de libéralisation des échanges internationaux ayant conduit à la fondation de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Ces textes prévoient une baisse progressive de toutes les barrières tarifaires ou non qui handicapent les échanges.

Les produits industriels sont les premiers à bénéficier de cette diminution des droits de douane et des quotas ; les produits agricoles se voient appliquer un calendrier de démantèlement des protections plus lent ; les services – thème nouveau dans le droit du commerce international – doivent également s’ouvrir à la concurrence internationale.

En raison de cet accord d’association – très complet et qui a été amélioré à plusieurs reprises -, et contrairement à une opinion très répandue, l’Union européenne est le principal partenaire commercial d’Israël, représentant 35,3 % de ses exportations totales.

Au sein de l’UE, la France n’est que le cinquième fournisseur d’Israël (elle est devancée par l’Allemagne, la Belgique et l’Italie et le Royaume Uni) et son cinquième client (après le Royaume Uni, les Pays-Bas, la Belgique et l’Allemagne).

Perspectives

Bruno Le Maire, à gauche, ministre français de l’Economie, Daniel Sperling, adjoint au maire de Marseille, au centre, Mounir Mahjoudi, secrétaire d’Etat au Numérique, et Hélène Le Gal, ambassadrice de France en Israël, à droite, sur le stand de la Ville de Marseille au Festival DLD de Tel Aviv, en septembre 2017. (Crédit : autorisation)

Cette situation n’est pas satisfaisante et les autorités des deux pays sont bien décidées à y remédier. Le ministre français de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, après sa visite en Israël en septembre 2017, a mis sur pied avec ses homologues israéliens une task force visant à augmenter les échanges entre les deux pays.

Dans les années qui viennent, les exportations françaises seront dopées par les ventes de six Airbus (trois A321néo et trois A330néo) à Arkia, corrigeant en partie l’impact de l’exclusivité historique donnée par El Al à Boeing.

Pour les exportations israéliennes vers la France, la situation dépendra largement de la conjoncture monétaire. Le haut niveau de la devise israélienne (3,93 shekels pour un euro à l’heure où ces lignes sont écrites) handicape lourdement les exportateurs israéliens. Ici, aucune prévision n’est possible, la guerre monétaire entre le dollar le yuan chinois pouvant s’étendre à l’euro et connaître des développements dramatiques dans le monde entier.

Quelle que soit la conjoncture internationale, pour développer ses exportations vers la France, Israël dispose d’une force de frappe méconnue : celles des jeunes Français qui s’installent en Israël, dont le niveau de qualification des nouveaux immigrants venus de Paris, Lyon ou Marseille est élevé : 70 % ont le bac et très souvent une licence, un master ou un doctorat. Les polytechniciens, les anciens de HEC, de l’ESSEC ou d’autres grandes écoles ne sont pas rares. Nombre de ces jeunes professionnels talentueux rêvent de créer une entreprise dans leur nouveau pays. Et lorsqu’ils voudront exporter, nul doute qu’ils penseront d’abord au marché français.

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