Les familles de soldats morts au combat déplorent l’inaction gouvernementale
Les parents de Hadar Goldin et Oron Shaul, dont les corps sont aux mains du Hamas, exhortent les députés d’un nouveau lobby à “faire quelque chose”

Les familles des soldats israéliens morts au combat Oron Shaul et Hadar Goldin, dont les corps sont toujours détenus par le Hamas dans la bande de Gaza, se sont rendues mercredi à la Knesset pour marquer la mise en place d’un lobby officiel demandant leur retour.
Pendant l’évènement, auquel étaient présents des députés de gauche comme de droite, les familles ont accusé le gouvernement de ne faire d’efforts sérieux pour ramener Shaul et Goldin.
Zehava Shaul, la mère d’Oron, a amèrement regretté que « l’Etat puisse l’envoyer au combat, mais ne puisse malheureusement pas le ramener. »
Shaul a appelé les députés rassemblés à « se lever et faire quelque chose », affirmant qu’elle ne pouvait plus dormir depuis qu’elle ne savait pas où était son fils. Elle a dit avoir promis à son mari Herzl, mort en septembre dernier d’un cancer, qu’elle ramènerait leur fils à la maison.
« Il a toujours fait confiance au Premier ministre et au ministre de la Défense, et il disait qu’ils savaient ce qu’ils faisaient. Je lui disais que nous nous faisions avoir, a-t-elle raconté. Quand il était à la maison, avant sa mort, il m’a dit ‘tu as raison, nous nous faisons avoir’. »

Simcha Goldin, le père de Hadar, a déclaré qu’il était « temps que la Knesset rejoigne le combat » pour faire revenir les corps des soldats. Il a lui aussi exprimé son impression, « l’affirmation que le gouvernement fait tout pour ramener les garçons est une déclaration vide. »
Les députés Amir Peretz, de l’Union sioniste, et Shuli Moalem, du parti HaBayit HaYehudi, dirigent le nouveau lobby bipartisan.
Peretz a déclaré que « le fait que Shuli Moalem et moi-même soyons ici ensemble témoigne du fait que nous considérons tous que ce sujet dépasse les partis, et est un test des valeurs les plus importantes de l’Etat d’Israël. »
Il a exprimé son espoir qu’une voie diplomatique puisse fonctionner avec l’aide de la Russie, en raison de ses relations avec l’Iran, soutien du Hamas, ce qui pourrait permettre d’exercer des pressions sur le groupe terroriste.
Moalem a déclaré que la responsabilité des soldats envers leur nation devait être réciproque. « Nous aussi, en tant que citoyens de l’Etat, avons une obligation envers les soldats. » La députée a appelé le gouvernement à faire pression sur le Hamas en menaçant les « généreuses » conditions dont jouissent les prisonniers du groupe terroriste en Israël.
Goldin et Shaul ont été tués à Gaza pendant l’opération Bordure protectrice, à l’été 2014. Leurs corps ont été capturés par le Hamas et sont depuis aux mains du groupe.
Ce mois-ci, des responsables israéliens et des sources palestiniennes gazaouies ont déclaré au Times of Israël que les discussions entre le Hamas et Israël sur le retour des soldats, ainsi que de trois citoyens israéliens détenus dans la bande de Gaza, étaient abandonnées.
Les négociations auraient échoué à cause des conditions préliminaires que le Hamas exige d’Israël, notamment la libération des Palestiniens qui avaient été libérés dans le cadre de l’accord Gilad Shalit de 2011 et ont depuis été à nouveau arrêtés (dans le cadre des mesures punitives de l’opération Gardien de nos frères de 2014), avant de discuter de la libération des citoyens israéliens et de la restitution des corps des soldats.
Les responsables du Hamas affirment qu’Israël détient 58 prisonniers parmi les plus de 1 027 qui ont été libérés dans le cadre de l’accord Shalit 2011.
Le Hamas détiendrait également Avraham Mengistu et Juma Ibrahim Abu Anima, deux Israéliens qui ont traversé la frontière israélienne de leur propre chef, ainsi qu’un troisième citoyen israélien, dont l’identité n’est pas rendue publique, et dont la présence à Gaza n’a pas été confirmée.
Différentes sources ont déclaré au Times of Israël que le gouvernement israélien avait accepté de libérer les prisonniers du Hamas, mais uniquement dans le cadre d’un accord global, et seulement s’ils n’ont pas été condamnés ou accusés d’avoir planifié ou tenté de nouvelles attaques terroristes.
Israël est également prêt à rendre les dépouilles des membres du Hamas en sa possession.
La position d’Israël a été transmise au Hamas par, entre autres, l’ambassadeur Mohammed al-Emadi, envoyé du Qatar dans la bande de Gaza. Des responsables du renseignement égyptien et des diplomates européens ont également participé aux tentatives de médiation.

Le militant israélien Gershon Baskin, qui a été chargé d’une négociation entre Israël et le Hamas dans le passé et qui a négocié l’accord Shalit, a participé aux efforts de négociation. Baskin a confirmé sa participation au Times of Israël, mais affirme que les pourparlers sont arrêtés.
Des responsables proches des négociations ont déclaré que bien que les dirigeants du Hamas se rendent compte qu’ils ne peuvent pas s’attendre à obtenir autant de prisonniers que dans l’accord Shalit, ils attendent tout de même qu’un nombre important d’entre eux soit libéré en échange du retour des trois citoyens qui sont entrés dans Gaza.
Parallèlement, Israël semble prêt à libérer un petit nombre de prisonniers palestiniens, principalement ceux qui sont sur le point de terminer leur peine ou qui souffrent de graves problèmes de santé.
Avi Issacharoff a contribué à cet article.