Les Français de Netanya au cœur d’un bras de fer politique
La mairie de la ville a décidé de supprimer le budget dédié à l'intégration des nouveaux immigrants dès le 1er juillet
Branle bas de combat à Netanya, la ville la plus francophone d’Israël. La mairie, dans le cadre d’un chantage financier avec le gouvernement, vient d’annoncer qu’elle coupait le budget d’intégration des nouveaux immigrants au 1er juillet prochain.
Freddo Pachter ne décolère pas. Comme 52 autres collègues payés pour assurer la bonne intégration des juifs français à Netanya, mais aussi des Russes et des Ethiopiens (la ville compte 67 000 nouveaux immigrants pour 235 000 habitants), le coordinateur de l’alyah de la mairie a reçu, le 30 mai, une lettre de licenciement valable au 1er juillet prochain.
Un remerciement brutal, illégitime et totalement inattendu pour les équipes en place, qui induirait, en outre, la fermeture de l’oulpan, des clubs de jeunes, et de toutes les structures gérées par la municipalité depuis des années pour favoriser l’insertion de ces milliers de Français arrivés en masse. Autant dire que, dans la cité balnéaire, la nouvelle a fait l’effet d’une bombe.
« On ne sait pas pourquoi et on n’avait rien vu venir », s’insurge Freddo Pachter, devenu depuis plusieurs années figure locale à Netanya. Seuls des bruits courent ». Les bruits en question : le bras de fer entre le maire de la ville, Miriam Frierberg-Ikar (« une femme de poigne qui ne cédera pas », selon le coordinateur) et le gouvernement qui refuse de revenir sur une loi obsolète de 1951 qui n’intègre pas Netanya parmi les villes officielles d’intégration, la privant ainsi de plusieurs millions de shekels de budget du ministère de l’Intérieur assumés en partie par la municipalité.
Laquelle demande, depuis des années la fin d’une injustice qui permet à une ville comme Beer Sheva, considérée comme « d’intégration » il y a plus de soixante ans, de continuer de recevoir des fonds alors qu’elles n’accueillent quasiment pas d’olim.
Netanya est-elle victime d’immobilisme ou d’une décision politique réfléchie ?
« Les Français qui peuplent Netanya sont supposés avoir de l’argent, soupçonne Aimé Tangy, l’avocat des salariés licenciés. C’est ancré dans les esprits ici. Mais la vérité, c’est que la majorité de ces ménages peine à finir le mois ».
L’avocat, comme la direction du Likud francophone, a décidé de contre-attaquer. Selon nos dernières informations une modification de la loi de 1951 serait enfin, après des années d’inertie, en négociation.
Le 20 juin, Freddo Pachter et son équipe seront eux entendus par la mairie dans le cadre de la procédure de licenciement. Le temps presse.