Les Juifs brésiliens critiquent Lula, qui a comparé Israël aux nazis
Les responsables communautaires avertissent que les propos tenus par le président contribuent à l'essor de l'antisémitisme ; un activiste pro-israélien déclare que le chef de l'État fait du pays "un gag à l'international"
SAO PAULO, Brésil – les organisations juives majeures du Brésil ont condamné, dimanche, le président Luiz Inácio Lula da Silva qui a accusé Israël de génocide à Gaza et qui a comparé les agissements des soldats israéliens dans le cadre de la guerre menée contre le Hamas à Gaza à ceux de l’Allemagne nazie.
La CONIB, organisation-cadre des communautés juives du Brésil, a dénoncé « une distorsion perverse de la réalité » de la part de Lula. « Le gouvernement brésilien a adopté un positionnement extrême et déséquilibré en ce qui concerne ce conflit tragique, renonçant à la tradition en politique étrangère du pays qui a toujours été l’équilibre et la recherche du dialogue », a noté un communiqué.
Ricardo Berkiensztat, président exécutif de la FISESP, la Fédération juive de Sao Paolo, qui est la plus importante communauté juive du Brésil, a indiqué que « à chaque nouveau propos, à chaque nouvelle déclaration du président Lula, il y a un nombre croissant de manifestations d’antisémitisme sur les réseaux sociaux et de menaces proférées à l’encontre de la communauté juive locale ».
Il a averti que « nous pensons que la situation peut empirer ».
André Lajst, président exécutif du groupe de lobby pro-israélien Stand With Us Brazil, a estimé que les paroles de Lula s’apparentaient à « une banalisation de la Shoah. » Sur son compte X, anciennement Twitter, il a écrit que les déclarations du président brésilien montraient « qu’il ne sait absolument rien de l’Histoire, sans même parler des relations internationales ».
Lajst a averti que par une telle conduite, le Brésil perdait le respect du monde diplomatique et son prestige – et qu’il offensait des millions de Juifs. Il a ajouté que le pays devenait « un gag à l’international ».
Claudio Lottenberg, le président de la CONIB, a dit au Times of Israel que son organisation « tente d’établir un dialogue constructif avec des membres variés du gouvernement brésilien au vu des positionnements déséquilibrés qui ont été adoptés dans le cadre de ce conflit ».
Ainsi, une rencontre a eu lieu, le 18 décembre, avec le chef de la diplomatie brésilienne, Mauro Vieira, un échange qui avait pour objectif « de faire part de notre inquiétude », a dit Lottenberg. Cet entretien a aussi été l’occasion de discuter de la sécurité de la communauté juive et de l’essor de l’antisémitisme et des discours de haine dans le pays.
Lors de la rencontre avec Vieira, les leaders ont montré au ministre les données qui attestent d’incidents antisémites en hausse de 1000% au Brésil depuis l’attaque du Hamas sur le sol israélien, le 7 octobre, a continué Lottenberg.
« Des expressions et des incidents de haine qui, pour la communauté juive, appartenaient dorénavant à un passé obscur se multiplient aujourd’hui par le biais des réseaux sociaux », a fait savoir un communiqué de la CONIB.
Le président de la Chambre de Commerce et d’Industrie Brésil-Israël, Renato Ochman, a dit au Times of Israel que « le positionnement du gouvernement brésilien concernant le conflit… inhibe les relations commerciales. » Selon Ochman, le Brésil et Israël ont multiplié par trois leur balance commerciale, ces dernières années.
« Nous continuons nos efforts visant à maintenir des relations commerciales constantes entre nos deux pays, nous tentons d’éviter les questions politiques », a-t-il ajouté. « Nous ne pouvons pas oublier que les produits israéliens et en particulier les technologies avancées sont fondamentales pour la population du Brésil, en particulier dans les secteurs médical, sécuritaire et des renseignements ».
Israël a répondu avec indignation aux propos tenus par Lula. Le Premier ministre et le ministre des Affaires étrangères ont dit qu’ils étaient « scandaleux » et que l’ambassadeur brésilien devait être convoqué à l’occasion d’un « blâme ».
Dani Dayan, président de Yad Vashem, a expliqué que ces paroles étaient la démonstration d’un antisémitisme flagrant, ajoutant qu’elles étaient « la combinaison scandaleuse de la haine et de l’ignorance ».
« Comparer un pays qui se bat contre une organisation terroriste meurtrière et les agissements des nazis pendant la Shoah doit être condamné sans équivoque », a-t-il noté. « Il est triste que le président du Brésil en soit arrivé à un tel niveau de distorsion extrême de la Shoah. »
La guerre que mène actuellement l’État juif contre le Hamas avait éclaté le 7 octobre après l’attaque sans précédent qui avait été lancée par le groupe terroriste dans le sud d’Israël. Les hommes armés avaient tué environ 1200 personnes, des civils en majorité, commettant des atrocités et notamment des violences sexuelles à grande échelle. 253 personnes avaient été kidnappées, prises en otage dans la bande de Gaza.
Israël a déclaré la guerre au Hamas avec pour objectif de démanteler l’organisation terroriste et de garantir la remise en liberté des otages.
Plus de 29 000 personnes seraient mortes à Gaza depuis le début de la guerre, selon le ministère de la Santé dirigé par les terroristes du Hamas. Les chiffres publiés par le groupe terroriste sont invérifiables, et ils incluraient ses propres terroristes et hommes armés, tués en Israël et à Gaza, et les civils tués par les centaines de roquettes tirées par les groupes terroristes qui retombent à l’intérieur de la bande de Gaza. L’armée israélienne affirme avoir tué plus de 10 000 membres du groupe terroriste à Gaza, en plus d’un millier terroristes à l’intérieur d’Israël le 7 octobre.