Les « pionnières du cinéma » mises à l’honneur par l’Institut français de Tel Aviv
Des œuvres d’Alice Guy, Germaine Dulac, Nicole Vedrès et Marguerite Duras seront diffusées ces prochaines semaines
Le ciné-club de l’Institut français de Tel Aviv (7 boulevard Rothschild) lancera prochainement le deuxième cycle de son ciné-club, Club 7.
La première séance aura lieu le jeudi 27 avril à 19h30, et les deux autres les 30 mai et 27 juin. Toutes sont gratuites.
Les « Pionnières du Cinéma », ces femmes trop peu connues du grand public et qui ont révolutionné le 7e art, par le regard féminin qu’elles ont apporté en se plaçant derrière la caméra, par leur clameur féministe aussi car elles ont défié un monde alors réservé quasi exclusivement aux hommes, seront mises à l’honneur lors de ces trois évènements.
Un hommage sera ainsi rendu à Alice Guy, (1873-1968), réalisatrice, scénariste et productrice de cinéma ; Germaine Dulac (1882-1942), réalisatrice, productrice et scénariste ; Nicole Vedrès (1911-1965), auteure, essayiste et réalisatrice française de films de montage d’archives.
« Le cinéma doit à ces femmes avant-gardistes et engagées d’importants bouleversements esthétiques et une approche foncièrement politique de leur pratique et de leurs narrations », écrit l’Institut. « La plus connue d’entre les réalisatrices qui clôturera la programmation de ce 2e trimestre est Marguerite Duras, qui croise le cinéma et la littérature de manière unique et envoûtante en interrogeant sans cesse les codes du cinéma traditionnel. Ces femmes réalisatrices, féministes, entrepreneuses, visionnaires ont en commun l’opiniâtreté des génies et l’audace de s’affranchir du monde des hommes dans lequel elles ont vécu et réussi à créer. Repoussant les limites du récit et de l’esthétique, on a oublié combien leurs films étaient courageux, inventifs, passionnants. Sans eux, et surtout sans elles, c’est tout l’art de filmer qui eût été différent. »
Alice Guy a été secrétaire puis scénariste, réalisatrice et directrice de production. Elle s’est expatriée aux États-Unis pour pouvoir y créer des films comme elle l’entendait au sein de sa propre société de production, La Solax. Elle totalise plus de 500 films à son actif. Femme d’affaires visionnaire et pionnière de différents genres et formes cinématographiques – elle réalise notamment le premier péplum de l’histoire, « La Vie du Christ » (1906), et met en scène le plaisir féminin d’une manière inédite pour l’époque – elle est la première réalisatrice de films de fiction de l’histoire du cinéma. Ses œuvres ont en partie été détruites, ou faussement attribuées à des hommes de son entourage. Club 7 a voulu rétablir cette injustice en proposant de découvrir 13 de ses courts-métrages.
Journaliste, théoricienne du cinéma, réalisatrice, productrice, féministe, Germaine Dulac était elle une passionnée, femme engagée, éprise de toute forme d’expression artistique, investie très tôt dans le journalisme et les mouvements féministes, et fervente militante pour le droit de vote des femmes. Elle s’imposera dans un milieu d’hommes comme une figure majeure et sera respectée par ses pairs comme Abel Gance, Jean Epstein, Louis Delluc, Antonin Artaud ou Jean Cocteau. Germaine Dulac travaillera beaucoup les procédés et techniques cinématographiques lui permettant d’imposer une esthétique de réalisation – déformation d’images, mouvement de caméra, effets de montage – faisant d’elle une figure de proue du cinéma impressionniste. Club 7 propose de découvrir « La souriante Madame Beudet » (1923), considéré comme son chef d’œuvre, dans lequel Germaine Dulac critique de façon virulente l’institution bourgeoise et la place des femmes.
Auteure, chroniqueuse, essayiste, romancière, Nicole Vedrès est elle une personnalité importante du monde culturel français de l’après-guerre. Elle commence une carrière de réalisatrice en 1947 et entreprend d’explorer les archives de l’actualité de la Belle Époque avec Paris 1900 qui sera présenté dans ce nouveau cycle à suivre de Club 7, un travail qui vaudra à Nicole Vedrès de décrocher le prix Louis-Delluc et le prix Méliès la même année.
Figure majeure de la littérature de la seconde moitié du XXe siècle, la femme de lettres, dramaturge, scénariste et réalisatrice française Marguerite Duras clôturera ce cycle avec « India Song » réalisé en 1975. Plus proche de nous, Marguerite Duras est reconnue pour l’inventivité, la beauté, la force et le style de ses textes novateurs mais ses films – elle en a réalisé 19 – ont, eux, longtemps été sous-estimés.
« Duras réinvente pourtant dans son style cinématographique la relation entre l’écrit et l’image. D’une poétique et d’une forme qui lui sont propres, ses films semblent bien plus appartenir à notre temps qu’au sien, suscitant impressions entêtantes et sensations hypnotiques », écrit l’Institut.
Comme pour son cycle de lancement, Club 7 proposera, en amont de chaque film, la projection d’un court-métrage mettant en avant la scène émergente des réalisateurs israéliens.
Pour ce second trimestre, des femmes réalisatrices ont été choisies : Mor Israeli, Neta et Rotem Murat, Elinor Nechemya. Elles permettent ainsi un dialogue cinématographique inédit d’une époque à une autre, d’une culture à une autre, ainsi qu’une expression contextualisée du cinéma de femmes.
Les détails et réservations sont disponibles sur le site Event Brite.