Les soldats qui ont tiré sur les otages ignoraient l’appel à l’aide en hébreu
Selon un reportage, l'enquête sur la mort tragique d'Alon Shamriz, de Samar Talalka et de Yotam Haim se concentre sur le soldat qui a tiré malgré les ordres de son supérieur
Un reportage diffusé à la télévision israélienne mardi a révélé de nouveaux détails de l’enquête de l’armée israélienne sur le meurtre par erreur de trois otages le week-end dernier, en particulier le fait que les troupes n’avaient pas été informées de signes indiquant la présence possible de captifs dans la région.
Les trois otages, Yotam Haim, Samar Talalka et Alon Shamriz, ont été kidnappés par le Hamas lors de l’attaque du groupe terroriste sur le sud d’Israël le 7 octobre. Ils étaient parvenus à s’échapper des mains du Hamas lorsqu’ils ont été abattus par erreur par des soldats, vendredi matin, dans le quartier de Shejaiya, à Gaza.
Après l’incident, l’armée israélienne a révélé des photos montrant des drapeaux blancs improvisés qui auraient été laissés par les trois otages et sur lesquels on pouvait lire « SOS » et, en hébreu, « Help, 3 hostages » [À l’aide, 3 otages]. Les messages ont été écrits sur du tissu avec des restes de nourriture.
Le bâtiment sur lequel étaient affichés les messages, situé à quelques centaines de mètres de la scène du drame, avait été découvert quelques jours plus tôt par les troupes, qui ont d’abord cru qu’il s’agissait de pièges tendus par le Hamas, le groupe terroriste ayant récemment tenté d’attirer les soldats dans des pièges dans la région.
Selon la chaîne publique Kan, le bataillon de Tsahal qui était en service lors de l’incident n’a pas été informé par l’unité qu’il remplaçait de la découverte par ce dernier groupe d’un drapeau indiquant « À l’aide, 3 otages ».
En outre, l’enquête aurait également établi que le tireur d’élite de Tsahal qui a tué Shamriz et Talalka n’aurait pas distingué le tissu blanc que ceux-ci portaient. Lors du briefing qu’il a reçu au début de son service, le soldat a été informé que tout le secteur était une zone de combat et qu’il était autorisé à ouvrir le feu sur toute personne suspecte.
Le reportage indique que l’enquête portait essentiellement sur le meurtre de Haim, jugé particulièrement grave puisque ce dernier avait réussi à se réfugier dans un bâtiment voisin après avoir été pris pour cible en même temps que Shamriz et Talalka.
Le commandant du bataillon a ensuite crié aux soldats de cesser le feu, mais l’un d’entre eux a continué à tirer, tuant Haim quand ce dernier est sorti de l’immeuble une seconde fois.
Une première enquête de Tsahal sur l’incident avait révélé que le soldat qui a ouvert le feu après avoir identifié à tort les trois hommes comme des terroristes l’a fait en violation des protocoles, tout comme le soldat qui a tué Haim, selon un officier supérieur du commandement du Sud.
Tsahal comprend néanmoins que les conditions sur le terrain ont été un facteur déterminant dans les agissements des soldats ; l’officier supérieur a déclaré que l’armée n’avait identifié aucun civil palestinien à Shejaiya au cours des derniers jours et que la possibilité de tomber sur des otages dans une zone de combat, n’avait pas été envisagée par l’armée.
Immédiatement après l’incident, Tsahal a envoyé de nouveaux protocoles aux troupes au sol pour parer à l’éventualité où d’autres otages parviendraient à s’enfuir.
« Vous voyez deux personnes, les mains en l’air et sans t-shirt, prenez deux secondes », a insisté dimanche le chef d’état-major de Tsahal, le lieutenant-général Herzi Halevi, à des soldats à Gaza. Halevi avait affirmé un jour plus tôt que les soldats qui avaient abattu les trois personnes avaient ouvert le feu en violation des protocoles de Tsahal.
« Et je veux vous préciser quelque chose de tout aussi important : si ce sont deux Gazaouis avec un drapeau blanc qui viennent se rendre, est-ce qu’on leur tire dessus ? Absolument pas. Absolument pas ! »
« Même ceux qui ont combattu et qui, maintenant, déposent leurs armes et lèvent les mains, nous les arrêtons, nous ne leur tirons pas dessus. Nous tirons beaucoup de renseignements des prisonniers que nous avons, nous en avons déjà plus d’un millier », a-t-il précisé aux soldats.
« Nous ne leur tirons pas dessus, parce que Tsahal ne tire pas sur une personne qui a les mains en l’air. C’est une force, pas une faiblesse ». a ajouté Halevi.
Il a expliqué aux soldats que ce qu’il leur disait ne visait pas à « déterminer si [les soldats qui ont ouvert le feu par erreur sur les captifs] avaient raison ou tort, mais à faire en sorte qu’à l’avenir, nous ayons raison ».
Le chef de Tsahal a également déclaré « espérer que viendront d’autres occasions où les captifs viendront à nous ou que nous parviendrons à une maison, et que nous agirons conformément aux règles. »