L’état offre des garanties de prêt bancaires aux start-ups pour qu’elles restent
Les prêts permettront aux start-ups à court d'argent de lever des fonds sans recourir à des fonds de capital-risque ou à des investisseurs étrangers

Israël prévoit de fournir des garanties gouvernementales aux start-ups pour les prêts bancaires, ce qui, espère-t-il, aidera les entreprises à rester en Israël.
Les prêts permettront aux start-ups à court d’argent de lever des fonds sans recourir à des fonds de capital-risque ou à des investisseurs étrangers, qui font souvent pression sur ces entreprises pour délocaliser leurs activités à l’étranger, a déclaré le chef de l’innovation au Times of Israël.
L’idée derrière cette initiative consiste à aider les entreprises israéliennes à rester en Israël.
Aharon Aharon, le responsable de l’Autorité de l’Innovation, qui est chargée de définir les politiques d’innovation du pays, a déclaré que le but était que les start-ups obtiennent des prêts bancaires auprès d’institutions financières israéliennes et étrangères, qui seraient garanties par l’Autorité.
Si les entreprises ne peuvent pas rembourser les prêts, les garanties seraient déclenchées et l’Autorité interviendrait et rembourserait la somme.
« La raison d’être [de cette initiative] est de garder les entreprises en Israël. Cela leur permettra d’éviter la dilution et de rester en Israël, » a déclaré Aharon, dans une interview à son bureau de Airport City, dans la banlieue de Tel Aviv. Il a pris ses fonctions en février 2017 après avoir occupé le poste de PDG d’Apple Israël.
Au fur et à mesure de la croissance d’une start-up, elle passe d’un petit groupe d’employés faisant principalement de la recherche et du développement à une entreprise qui a besoin de produire, commercialiser et vendre son nouveau produit, en attirant de nouveaux clients dans de nouveaux endroits.
Cette étape de croissance exige de l’habileté, du temps et beaucoup d’argent, et c’est aussi la phase qui crée le plus de valeur pour les fondateurs et les actionnaires de la société – et pour le pays dans lequel elle opère, de recettes fiscales.

Pour les entreprises de biotechnologie développant un médicament ou un dispositif médical, la tâche est encore plus difficile et plus coûteuse. Pour passer à travers leurs essais de phase III – la dernière phase avant les approbations de marketing international – les entreprises doivent mobiliser d’énormes sommes d’argent pour recruter des patients et mener des études.
Ainsi, les fondateurs sont confrontés à un choix difficile : s’ils ne veulent pas mettre la clé sous la porte par manque de fonds, ils peuvent soit vendre et laisser un nouveau propriétaire prendre la prochaine étape de la fabrication du produit ou du développement du médicament, ou alors ils peuvent trouver des investisseurs mais voient alors leur participation diluée dans l’entreprise au fur et à mesure que de nouvelles actions sont émises pour ces investisseurs.
De plus, ces investisseurs – souvent des sociétés de capital-risque américaines ou chinoises – exigent souvent que les start-ups délocalisent leurs activités sur leur propre marché.
« Donc, ce que nous constatons dans les deux cas c’est que la chaîne de valeur n’est pas créée en Israël », a déclaré Aharon, qui appelle le dilemme des fondateurs « la vallée de la mort des start-ups », étape dans laquelle ils échouent à lever les fonds dont ils ont besoin ou perdent possession de leur entreprise.
Dans tous ces cas, « Israël a perdu », a-t-il dit. « Même si l’entreprise a été créée ici et que la propriété intellectuelle vient d’ici, tout comme les entrepreneurs locaux et le développement – à la fin la valeur (la création) est ailleurs. »

Un exemple extrême est le cas de Kite Pharma, a-t-il dit, une société américaine achetée l’an dernier par la société bio-pharmaceutique américaine Gilead Sciences, Inc pour un montant de 12 milliards de dollars. Le médicament développé par Kite était basé sur la propriété intellectuelle développée au l’Institut Weizmann des Sciences d’Israël.
« Les 12 milliards de dollars n’ont pas aidé l’industrie israélienne », a-t-il dit, Israël obtenant des revenus fiscaux « nuls » de l’accord, même si la propriété intellectuelle provenait d’Israël.
« La société a été créée sur la base de ce qui a été développé en Israël, mais a été mise en place depuis le début aux États-Unis, car la capacité de lever des fonds en Israël à un stade précoce était très faible. »
Des cas comme celui de Kite ont incité Israël à tenter de maintenir la chaîne de valeur locale en offrant des garanties de prêts soutenues par le gouvernement.
« J’offre aux entrepreneurs la possibilité d’obtenir de l’argent sans dilution », a-t-il déclaré. « C’est très attrayant. Donc, de leur point de vue, il vaut mieux prendre mon argent. »
La Banque européenne d’investissement a déjà émis des garanties pour des prêts bancaires à des petites et moyennes entreprises, y compris à des banques israéliennes qui prêtent à des entreprises israéliennes. Parallèlement, l’Autorité de l’innovation souhaite mettre en place un nouveau programme destiné aux entreprises technologiques à haut risque et à forte croissance, et cherche à recruter des banques israéliennes pour le projet.
L’autorité lancera prochainement des appels d’offres de banques pour le programme de garanties de prêts, a indiqué M. Aharon. « Les banques sont engagées. »
La réduction des employés qualifiés
Dans l’interview, Aharon a également parlé des défis auxquels fait face l’industrie technologique israélienne, le principal étant de trouver suffisamment d’employés qualifiés pour alimenter le boom technologique. Cela crée une concurrence entre les start-ups israéliennes et les géants technologiques étrangers qui opèrent en Israël pour débaucher les meilleurs employés, et provoque une spirale des salaires.
Le salaire moyen dans le secteur de la haute technologie est d’environ 21 000 NIS par mois, comparé à un salaire moyen dans l’économie de 9 800 NIS, a-t-il dit. Mais un diplômé universitaire avec une année d’expérience peut obtenir jusqu’à 23 000 NIS à 28 000 NIS avec une prime d’une valeur de deux mois de salaires, a-t-il dit.
« Nous sommes devenus l’un des pays les plus chers pour employer des programmeurs et des ingénieurs; ce n’a pas toujours été le cas, c’est un changement dramatique », a déclaré Aharon. « Nous sommes presque 25 % plus chers que l’Allemagne et 20 % plus chers que le Royaume-Uni. Les seuls avec lesquelles nous nous alignons sont certaines régions des États-Unis. La Silicon Valley est encore plus chère. »
Entre 2005 et 2015, le salaire moyen dans la haute technologie a augmenté de 38 %, a déclaré l’Autorité de l’innovation dans son rapport annuel 2017.
L’Administration a établi des politiques qui, selon elle, doubleront le nombre d’employés travaillant dans des entreprises axées sur la technologie au cours de la prochaine décennie, faisant passer de 270 000 à 500 000 le nombre d’employés dans le secteur de haute technologie en 10 ans.
Des solutions à court terme sont déjà mises en place, a déclaré Aharon. Ceux-ci comprennent des enseignements intensifs de codage pour enseigner les compétences en programmation et un programme pour attirer des immigrants technologiquement qualifiés en Israël, a-t-il dit. Le pays devrait également tirer parti des populations, comme les Arabes, les ultra-orthodoxes et les femmes, qui ont été largement laissés en marge du boom de la haute technologie. Le recyclage d’employés plus âgés et qualifiés âgés de 45 ans et plus est une autre façon d’augmenter le bassin de travailleurs, a déclaré Aharon
Les Arabes pourraient représenter 20 % de la main-d’œuvre en technologie
L’une des principales ressources inexploitées est la population arabe, a-t-il dit, qui est très scolarisée mais sous-représentée dans le circuit de l’emploi technologique, ne représentant que 1,5 à 2 % des emplois de R&D mais 21 % de la population.
Depuis 2012, le gouvernement a mis en place un certain nombre de programmes pour aider les Israéliens arabes à s’intégrer dans le marché du travail et l’industrie de haute technologie, dans le but de stimuler la croissance économique et réduire les inégalités de revenus. Seulement 5,7 % des Arabes israéliens sont employés dans l’industrie de haute technologie et seulement 2 % d’entre eux sont employés dans la R&D, selon le rapport de l’Autorité de l’Innovation Israël 2016.

Cependant, les choses changent progressivement pour le mieux. La part des employés de la communauté arabe travaillant dans la R&D a quadruplé entre 2008 et 2015, selon les données fournies par l’Autorité de l’innovation.
« Il est plus facile » pour les Arabes israéliens de trouver des emplois dans le secteur technologique ces derniers temps, a déclaré Aharon, parce qu’il y a plus de volonté des employeurs de les embaucher – peut-être à cause de la pénurie – et plus de modèles pour les inspirer. Les organisations à but non lucratif et les programmes mis en place pour aider à combler le fossé ont un impact, a-t-il dit.
« Je pense que le potentiel est incroyable », a déclaré Aharon. Les Israéliens arabes pourraient représenter 20 % des emplois technologiques en Israël, a-t-il dit. « Je le crois. Cela n’arrivera pas dans un an, mais je pense que oui, il y a beaucoup de potentiel. »