Leur romance russo-américaine a débuté au terme du cycle de la Torah
Après s'être retrouvés à un événement pour Simchat Torah, Tamar Caplan et Alex Zeldin se sont découvert des affinités et sont passés de l'amitié à l'amour pour toujours
JTA – Tamar Caplan a compris qu’Alex Zeldin était l’homme de sa vie lorsque, quelques mois après leur rencontre, il lui a demandé si elle savait pourquoi les pigeons hochaient la tête.
Tamar Caplan se souvient avoir pensé que non seulement elle appréciait le fait « qu’il avait cherché l’explication », mais qu’elle avait été aussi séduite à l’idée « que ce soit une personnalité curieuse de tout et qui aime partager ses découvertes avec moi ».
En réalité, les pigeons ne bougent pas la tête, ils s’arrêtent et attendent que leur corps arrive au même niveau – ce qui ressemble d’ailleurs à une métaphore des débuts de la relation entre Zeldin et Caplan, une relation qui s’est appuyée sur une amitié qui a précédé une relation amoureuse.
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Tous les deux se sont rencontrés par le biais d’un réseau d’amis communs dans l’Upper West Side de Manhattan. Zeldin avait participé à un dîner de Shabbat qui était organisé dans l’appartement de Caplan. Mais quand, enhardi par une conversation passionnante avec Caplan sur la représentation éthique dans la science-fiction, il avait proposé un rendez-vous amoureux à la jeune femme, cette dernière avait refusé.
Elle se souvient lui avoir répondu à ce moment-là qu’elle n’était « pas prête émotionnellement ». Elle venait alors de mettre fin à une longue relation et elle était déprimée ; la période n’était pas favorable à une nouvelle rencontre.
Ils s’étaient ensuite retrouvés lors d’un événement organisé à l’occasion de Simchat Torah à Bnai Jeshurun, une synagogue non-confessionnelle de leur quartier qui célébrait la fin du cycle annuel de la lecture de la Torah de l’année par une grande fête.
« Tout a commencé avec ces conversations qui étaient vraiment profondes pour deux personnes qui ne sortaient pas ensemble », explique Caplan, qui avait continué à refuser les sollicitations du jeune homme.
Puis, un jour, Zeldin lui avait annoncé qu’il allait commencer à voir une autre femme. Ce qui a finalement convaincu Caplan de lui accorder une chance.
Il devait ne jamais rencontrer l’autre femme. Au mois de juin 2017, lui et Caplan ont fait leur premier dîner.
« Je savais dès le début que cette relation valait le coup d’attendre », s’exclame Zeldin. « C’est la raison pour laquelle je me suis montré si patient. »
En plus de leur intérêt commun pour la science-fiction et d’autres sujets culturels, Caplan et Zeldin partagent le même engagement à l’égard de la vie juive. Tous deux observent la casheroute et le Shabbat, et ils sont actifs dans la communauté des jeunes Juifs religieux de l’Upper West Side.
Zeldin, 31 ans, dit être devenu plus pratiquant pendant ses études à l’université Rutgers et il a encore renforcé sa foi lors de son séjour en Israël, où il était allé aussi étudier. Il est aujourd’hui chroniqueur pour le Forward et s’exprime publiquement sur l’identité juive et sur la politique étrangère américaine. Caplan, également âgée de 31 ans et ingénieure diplômée de l’université de Columbia, a grandi au cœur du mouvement Massorti, le judaïsme conservateur moderne, où son père est hazan [chantre].
Lorsqu’ils ont commencé à se fréquenter plus sérieusement, la seule difficulté a été de trouver une synagogue où ils pourraient tous les deux prier.
Caplan, qui a grandi dans le New Jersey où elle était engagée dans diverses institutions juives massorties, préférait prier dans des congrégations « égalitaires traditionnelles » telles que la Kehilat Hadar dans l’Upper West Side, où les hommes et les femmes dirigent la prière et où il n’y a pas de mehitzah, ou de cloison, séparant les deux sexes.
Mais Zeldin avait du mal à suivre à la synagogue de la congrégation Hadar, où la maîtrise de l’hébreu et des rituels était indispensable. Il favorisait les synagogues comme celles qui avaient accueilli sa famille, qui était arrivée aux États-Unis depuis la Biélorussie quand il était encore tout petit. Au cours de son enfance dans le New Jersey, il avait fréquenté des synagogues orthodoxes, dont beaucoup étaient dirigées par des rabbins Habad – particulièrement formés à l’accueil des Juifs russes dont la connaissance de la pratique juive a été affaiblie par des décennies passées sous le régime soviétique.
« Venant d’un milieu soviétique, de nombreuses shul ne nous conviennent pas », explique Zeldin. « Souvent, quand nous, les Juifs russes, nous allons [à la synagogue], on regarde les autres et on n’est pas activement impliqués. On s’y sent souvent mal à l’aise. »
Si Zeldin apprécie le fait que des communautés comme Hadar fassent pleinement participer les femmes alors que les synagogues orthodoxes ne le font pas, il considère que les restrictions liées au sexe ne sont qu’un des nombreux obstacles à l’inclusion dans les synagogues.
« Je bénéficie d’un privilège masculin, mais je ne pense pas à ça en termes de dénomination », dit-il. « Je me pose plutôt la question : Où les Juifs russes sont-ils les bienvenus ? Et le plus souvent, c’est dans les espaces orthodoxes parce que là-bas, il y a des actions de sensibilisation plus ciblées. »
Tout en naviguant entre ces différents points de vue culturels, ils se sont rendu compte que leurs valeurs juives se chevauchaient bien plus qu’elles ne divergeaient. En septembre 2021, Zeldin avait demandé au patron de Caplan de lui faire visiter Bnai Jeshurun, la synagogue où ils avaient noué leurs premiers liens. À son arrivée, il était là à l’attendre dans le temple pour lui demander sa main.
Aujourd’hui, leurs différences religieuses commencent à ressembler davantage à des préférences qu’à un réel décalage de valeurs. « Il s’agit plus d’une question de logistique que de trouver un terrain d’entente », selon Caplan.
Ces questions de logistique ont contribué à planter le décor de leur mariage, le 21 août, au Marigold, à Somerset, dans le New Jersey. Le père de Caplan, Joel Caplan, qui est le hazan de la Congrégation Agudath Israel à Caldwell, dans le New Jersey, a participé à la cérémonie, mais le rabbin officiant était orthodoxe. Le couple a choisi le rabbin Benjamin Goldschmidt, fondateur de la congrégation Altneu, qui dessert, entre autres, une communauté russophone de la ville de New York.
Le rabbin Goldschmidt était idéal, selon Zeldin, parce qu’il pouvait communiquer avec les invités russophones et parce qu’en tant que rabbin orthodoxe, les autorités religieuses d’Israël respecteraient sûrement son autorité. Pendant ses études en Israël, Zeldin dit avoir constaté de ses propres yeux combien il était difficile pour certains membres de sa famille et pour ses amis de l’ex-Union soviétique de prouver leur identité juive au rabbinat israélien, et il ajoute avoir voulu écarter toute difficulté à l’avenir.
Leur mariage a reflété les valeurs juives qu’ils ont développées ensemble, et les communautés qu’ils espèrent inclure dans leur vie.
« Le rabbin a parlé en russe à la tisch et à la chuppah et il a expliqué les rituels à ma famille, il a rappelé à quel point c’est merveilleux, pour les Juifs de l’ancienne Union soviétique, de pouvoir revendiquer notre héritage », déclare Zeldin quelques jours après le mariage, en utilisant les mots yiddish et hébreu désignant la réunion préalable au mariage du marié et la canopée. « Cela a fait pleurer ma famille. »
Cette histoire fait partie de la série Mazels de JTA, qui présente des événements uniques et remarquables de la vie juive.
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