« L’Europe à la shlague », la remarque anti-allemande de Marine Le Pen de trop
"Elle ne s’est toujours pas distanciée de la citation de son père selon laquelle Auschwitz serait un détail de l’Histoire. C’est une position insupportable," a jugé Martin Shultz
« C’est l’Europe à la schlague, celle de Merkel ». Parmi le concert d’invectives ayant émaillé le débat d’entre-deux tours du 3 mai, les remarques anti-allemande (la shlague étant une punition corporelle ayant eu cours dans l’armée allemande et autrichienne) de Marine Le Pen furent nombreuses. « Et c’est l’Allemagne qui va souffrir, » a-t-elle promis en cas de victoire de sa candidature, et d’application de son programme sur l’Europe.
En réponse, le candidat social-démocrate à la chancellerie Martin Schulz dénonce « le cynisme » et « les paroles anti-allemandes » de Marine Le Pen tout au long de sa campagne, dans une interview publiée jeudi par le quotidien Ouest-France.
Dans cet entretien réalisé à Berlin en partenariat avec le groupe de presse allemand Funke, avant le débat télévisé pendant lequel Mme Le Pen a lourdement mis en cause l’Allemagne et l’Europe, l’ex-président du Parlement européen estime que Mme Le Pen attaque l’Allemagne avec des mots jamais entendus depuis des années.
« Cette femme est connue pour son manque de retenue, pour son cynisme et des paroles anti-allemandes comme je n’en ai plus entendues depuis des années. Elle ne s’est toujours pas distanciée de la citation de son père selon laquelle Auschwitz serait un détail de l’Histoire. C’est une position insupportable ».
M. Schulz s’inquiète du choc que représenterait l’élection de Marine Le Pen. « Comme l’Allemagne, la France est un pays du G7. Avec l’Allemagne, elle forme la base solide de la zone Euro et de l’Union Européenne. La France, force nucléaire, est membre permanent du Conseil de Sécurité de l’ONU ».
« Je ne peux pas imaginer qu’un tel pays tombe dans les mains d’une ultra-nationaliste comme Marine Le Pen », observe le candidat à la chancellerie.
Au contraire, M. Schulz dit espérer que, si le candidat d’En Marche! Emmanuel Macron, est élu président dimanche, « nous pourrons unir nos efforts pour réformer l’Union européenne ».
« Ce qui manque à l’UE, c’est une réforme ambitieuse et courageuse. Les chefs d’États et de gouvernements se traînent d’un sommet européen à l’autre. Macron a la volonté de changement qui manque à d’autres. Je l’ai également », note-t-il.
Dans le débat télévisé de mercredi soir, Mme Le Pen a reproché à son concurrent d’être soumis à l’Allemagne, prédisant qu’après l’élection de dimanche, « la France sera dirigée par une femme », « moi ou Madame Merkel ».