L’ex-chef de cabinet de Netanyahu devient témoin d’État accusé de corruption
Ari Harow est accusé d'avoir produit de faux documents qui lui permettaient d'empocher de l'argent en fonction de décisions prises à un poste élevé

L’ancien chef de cabinet de Benjamin Netanyahu, qui est témoin d’État dans le procès du Premier ministre, a été inculpé lundi pour avoir prétendument empoché des fonds d’une société de conseil qu’il était censé promouvoir à son entrée en fonction à un poste gouvernemental de haut niveau.
Selon l’acte d’accusation, Ari Harow a produit des documents fictifs prouvant la vente de ses actions de H3 Global, ce qui lui a permis d’entrer au bureau du Premier ministre à la mi-2014.
Pendant son mandat d’un an, il a organisé la visite du président malgache Hery Rajaonarimampianina en Israël, que H3 a été engagé pour coordonner contre
124 000 shekels (30 600 euros) après que le ministère des Affaires étrangères eut refusé de le faire.
L’acte d’accusation contre Harow, qui comprend des chefs de fraude et d’abus de confiance, a été soumis dans le cadre d’un accord de plaidoirie conclu avec le bureau du procureur de l’État pour le témoignage de l’ancien chef de cabinet dans deux affaires contre Netanyahu.
L’accord prévoit que l’intéressé reconnaisse sa culpabilité en échange d’un accord entre les parties pour recommander six mois de travaux d’intérêt général ainsi qu’une amende de 700 000 shekels (173 128 euros).
Le bureau du procureur a également annoncé lundi qu’il envisageait d’inculper Harel Arnon, l’avocat qui a représenté Harow dans la prétendue vente fictive de ses actions H3.

En 2017, la police avait recommandé que l’ancien responsable soit accusé de corruption, d’escroquerie, d’abus de confiance et de blanchiment d’argent pour le prétendu conflit d’intérêts, et il semble qu’il était sur le point de purger une longue peine de prison.
Mais, six mois plus tard, Harow a surpris en devenant témoin d’État et a accepté de fournir des informations sur les affaires 1000 et 2000 en échange d’une peine plus légère dans les accusations de corruption portées contre lui.
Sa déposition en tant que témoin d’État aurait directement conduit à la recommandation de la police de mettre Netanyahu en accusation pour fraude, abus de confiance et corruption dans les deux cas.
Dans l’affaire 1000, le Premier ministre et sa femme auraient reçu des cadeaux illicites de bienfaiteurs milliardaires, notamment du producteur hollywoodien d’origine israélienne Arnon Milchan, pour un montant total d’un million de shekels (247 000 euros).

Ari Harow a également permis à la police d’obtenir un enregistrement lié à l’affaire 2000 de Netanyahu négociant un accord de contrepartie prétendument illicite avec l’éditeur Arnon Mozes du Yedioth Ahronoth, qui aurait vu le Premier ministre affaiblir un quotidien rival, le Israel Hayom soutenu par Sheldon Adelson, en échange d’une couverture plus favorable de la part du Yedioth.
Ce natif des États-Unis a également donné des informations à la police sur l’affaire 4000, et la police et les procureurs d’État envisagent de le convoquer pour un témoignage complet, a rapporté lundi le journal financier Globes.
L’affaire 4000 implique des soupçons selon lesquels l’actionnaire majoritaire du géant des télécommunications Bezeq, Shaul Elovitch, a ordonné au site d’information Walla, dont il est propriétaire, d’accorder une couverture positive à Benjamin Netanyahu et à sa famille, en échange de l’avancement par le Premier ministre de réglementations favorables à Elovitch.
Selon Globes, les informations que Harow a données à la police concernent la relation entre le Premier ministre et Elovitch.
Benjamin Netanyahu a été officiellement inculpé de fraude, de corruption et d’abus de confiance dans les affaires 1000, 2000 et 4000 en novembre 2019. Le procès contre lui a commencé en mai et se poursuivra ensuite avec l’audience de témoins en janvier.