L’ex-otage Aviva Siegel, 62 ans, « a vécu l’enfer », affirme sa sœur jumelle
Résidents à Kfar Aza, Aviva et son mari Keith ont été emmenés à Gaza dans leur propre voiture ; la famille se bat désormais pour qu'il soit lui aussi libéré de sa captivité
Jessica Steinberg est responsable notre rubrique « Culture & Art de vivre »
Cela fait de nombreuses années que Fiona Wax et sa sœur jumelle, Aviva Siegel, toutes deux âgées de 62 ans, n’ont pas passé autant de temps dans le même endroit, mais c’est ce dont Aviva a besoin en ce moment, alors qu’elle se réadapte à la vie après 51 jours de captivité dans la bande de Gaza.
« Elle reste avec sa famille et nous sommes tous avec elle », a souligné Fiona, qui vit à Tel Aviv.
Aviva a été libérée le 26 novembre, mais son époux, Keith Siegel, est toujours retenu en otage. Tous deux ont été enlevés dans leur maison du kibboutz Kfar Aza le 7 octobre, lors du terrible assaut mené par les terroristes palestiniens du Hamas, au cours duquel une soixantaine de personnes ont été massacrées et environ 17 autres prises en otage.
Encore aujourd’hui, alors qu’Aviva a retrouvé ses quatre enfants et petits-enfants, ses sœurs et les autres membres de sa famille, son mari est sa priorité, et ce depuis 43 ans.
Le 7 octobre, des terroristes ont conduit le couple à Gaza dans leur propre voiture, aux côtés d’une voisine et de ses deux enfants. En dehors de ce détail, Fiona ne peut pas dire grand-chose sur la période de captivité de sa sœur.
« Elle n’est pas prête à en parler », dit Fiona. « Elle a vécu l’enfer. »
« Ma sœur est faible et nerveuse, et a besoin de reprendre des forces. Elle veut aussi faire tout ce qu’elle peut pour que Keith et les autres otages rentrent chez eux », a poursuivi Fiona.
Aviva a été libérée dans la nuit du dimanche 26 novembre, au cours d’une trêve de sept jours avec le groupe terroriste palestinien du Hamas qui a permis de libérer des dizaines d’otages israéliens – presque exclusivement des femmes et des enfants – sur plusieurs jours en échange de prisonniers palestiniens incarcérés pour atteinte à la sécurité en Israël. Samedi soir, elle a participé au grand rassemblement sur la « Place des Otages » à Tel Aviv, brandissant une pancarte avec la photo de Keith.
« Nous sommes tous motivés pour le faire sortir, c’est la priorité », a déclaré Fiona. « Nous avons le cœur brisé, nous sommes inquiets. »
Ce n’est pas la première fois que les Siegel sont confrontés à un traumatisme dû au fait de vivre à proximité de Gaza. Il y a une quinzaine d’années, leur voisin a été tué lors d’une attaque de missiles dont les Siegel ont été témoins.
Puis, il y a cinq ans, l’une de leurs filles est venue leur rendre visite et, lors d’une attaque soudaine de missiles, Aviva s’est retrouvée à découvert, essayant de protéger deux de ses jeunes petits-enfants de son propre corps.
« Depuis ce jour, sa fille n’a plus mis les pieds à Kfar Aza », a reconnu Fiona.
« Mais ils aiment toujours le kibboutz, a-t-elle ajouté, le décrivant comme un endroit « paisible et verdoyant ». Ils croyaient également en son emplacement, à seulement deux kilomètres de Gaza, comme un moteur pour la paix, la communication et la recherche de solutions au conflit israélo-palestinien.
« Ils se lient toujours d’amitié avec les gens », a poursuivi Fiona. « Arabes, Juifs, Noirs ou Blancs, ils regardent la personne, pas les problèmes. »
Aviva travaille comme institutrice de maternelle dans le centre d’Israël pendant la semaine, tandis que Keith est promoteur pour une entreprise médicale. Le couple se retrouve le week-end.
Le 7 octobre, alors qu’Aviva et Keith étaient enlevés vers Gaza, ils ne savaient pas si leur fils aîné avait survécu dans sa maison de Kfar Aza. « Ils ont vécu l’enfer », a expliqué Fiona.
Le retour d’Aviva a incité la famille à insister davantage pour obtenir la libération de Keith. Mais avec la fin de la trêve vendredi – le Hamas n’ayant pas fourni la liste des otages qu’il avait l’intention de libérer et ayant commencé à tirer des roquettes une heure avant l’expiration de la trêve – et la reprise des combats à Gaza, repoussant la possibilité de libérer d’autres otages, ils sont « très inquiets pour Keith et le reste des otages », dit-elle.
Keith est citoyen américain, tandis qu’Aviva est née en Afrique du Sud et a immigré en Israël à l’âge de 8 ans.
La famille a remercié les États-Unis pour leur soutien et espère qu’il permettra de libérer Keith de Gaza.
Quant à Fiona, elle est émue à l’idée de retrouver sa sœur.
« Les jumeaux ont un lien spécial ; nous avons toujours été très proches », dit-elle. « Nous nous sentons l’une l’autre. »