L’honneur accordé à Dana International au prochain Yom HaAtsmaout dérange (beaucoup)
L'annonce de cette distinction accordée à l'icône transgenre, gagnante de l'Eurovision 1998, suscite l'ire de la droite, certains allant jusqu’à un appel au boycott de la cérémonie

La chanteuse Dana International, pionnière de la communauté LGBTQ en Israël et gagnante du Concours de la chanson Eurovision en 1998, allumera le flambeau de Yom HaAtsmaout – Jour de l’Indépendance -, la semaine prochaine, suscitant une vive réaction de la part de groupes conservateurs de droite qui ont appelé au boycott de la cérémonie, a-t-on appris jeudi.
L’artiste transgenre recevra cet honneur aux côtés du commentateur conservateur américain Ben Shapiro, dont la participation a également provoqué des réactions négatives de la part des groupes de défense des droits LGBTQ+. L’ex-otage Emily Damari, le médaillé olympique et père endeuillé Oren Smadga, des officiers de l’armée israélienne et d’autres personnalités allumeront également des flambeaux.
Âgée de 56 ans, de son vrai nom Sharon Cohen, Dana a remporté l’Eurovision en 1998 avec le classique « Diva ». Le producteur de la chanson, DJ Offer Nissim, avait initialement été invité à allumer un flambeau cette année, mais a refusé, selon le site d’information Walla.
Initialement, Dana avait également refusé, mais elle a finalement annoncé mercredi qu’elle acceptait cet honneur.
Elle a déclaré avoir convenu avec les organisateurs, qui s’étaient initialement intéressés à elle uniquement en tant que figure culturelle, de mettre l’accent sur son statut d’icône de la liberté et du libéralisme.
Dans un communiqué accompagnant sa décision, elle a déclaré qu’elle
« espérait faire le bon choix et [qu’elle] souhaitait rencontrer ce Shapiro », en référence au commentateur américain qui a exprimé des opinions anti-LGBTQ+.

Deux groupes de droite ont adressé une lettre à l’organisatrice de la cérémonie, la ministre des Transports Miri Regev, pour demander que la chanteuse soit exclue de la cérémonie.
« Qu’a fait Dana International pour l’État d’Israël ? », a déclaré Naama Zarbiv, responsable du groupe anti-féministe Shovrot Shivyon, à Walla.
« Ils l’invitent parce qu’elle est transgenre. Que va-t-elle dire ? Qu’elle a subi une opération de changement de sexe ? Qu’elle encourage les enfants à faire de même ? Est-ce cela que nous honorons ? »
Zarbiv a déclaré que ce choix avait probablement été fait pour
« équilibrer » celui de Shapiro, mais estime qu’il témoigne d’une
« confusion » et « contredit la réalité, la logique biologique et les valeurs traditionnelles ».
Elle a envoyé la lettre à Regev, conjointement avec Michael Puah, président de l’organisation Boharim BaMishpacha – Nous choisissons la famille, invoquant le recul récent des droits des personnes transgenres aux États-Unis et au Royaume-Uni.
De son côté, Itamar Segal, rédacteur en chef de l’hebdomadaire ultraconservateur Olam Katan, a rédigé une virulente tribune diffusée sur la Septième chaîne – Arutz Sheva – appelant au boycott de la cérémonie d’allumage des flambeaux.
« Un homme, un chanteur qui a décidé qu’il était une femme, un ‘pionnier’ israélien de l’une des plus grandes folies que l’humanité ait jamais connues. Quiconque connaît ce phénomène de près et comprend ce qu’il signifie… sait à quel point c’est fou, à quel point c’est mauvais », a-t-il écrit, affirmant que les personnes transgenres sont comme du hametz – tout aliment contenant du levain – à Pessah, « qui doit être éliminé du pays afin qu’il ne soit ni vu ni trouvé ».