Liberman aux Israéliens : Ne respectez pas les mesures « illégales » sur le virus
Le chef d'Yisrael Beytenu exhorte la population à "faire preuve de bon sens" plutôt que de suivre les directives
Le leader d’Yisrael Beytenu, Avigdor Liberman, a exhorté lundi les Israéliens à ne pas se conformer aux réglementations sanitaires « illégales » du gouvernement, qui, selon lui, sont purement politiques et ne vont pas dans l’intérêt des citoyens.
« Les règles sont illégales, ne les suivez pas, mais faites plutôt preuve de bon sens », a déclaré M. Liberman à l’ouverture de la réunion hebdomadaire des factions de son parti à la Knesset.
Dimanche soir, les ministres ont approuvé des couvre-feux nocturnes dans une quarantaine de villes où le nombre d’infections est élevé, au lieu du bouclage complet d’un petit nombre de villes, prévu précédemment, à la suite d’une menace de rébellion de la part de certains maires ultra-orthodoxes et d’une crise politique majeure avec les partis ultra-orthodoxes.
M. Liberman a déclaré que le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait « sacrifié la santé publique sur l’autel de la protection de la coalition, et par conséquent toutes les décisions prises sont manifestement illégales ».
Le cabinet devait voter dimanche sur un plan formulé par le responsable de la lutte contre le virus au sein du gouvernement, Ronni Gamzu, pour imposer le bouclage de 10 municipalités, dont les villes arabes d’Umm al-Fahm, Tira et Kfar Qassem, et les villes Haredi d’Elad, Bnei Brak, Beitar Illit et Immanuel.
Mais face à la réaction brutale des dirigeants Haredi, Netanyahu a annulé la réunion spéciale du cabinet sur le bouclage et a tenu une réunion avec les chefs des deux principaux partis politiques ultra-orthodoxes, le ministre du Logement Yaakov Litzman du parti Yahadout HaTorah et le ministre de l’Intérieur Aryeh Deri du Shas, pour élaborer une nouvelle politique à l’égard des municipalités dites « rouges » – celles qui ont les taux d’infection les plus élevés – dans un effort pour apaiser la colère croissante dans la communauté Haredi.
« Nous ne pouvons pas permettre que des citoyens de l’État d’Israël deviennent les otages de Deri, Litzman et Gafni », a déclaré M. Liberman, proposant d’abolir le cabinet dit du coronavirus et de donner à l’armée israélienne le contrôle total de la réponse d’Israël au virus.
Les propos de M. Liberman ont été accueillis par un torrent de critiques de la part des ministres et du président.
« La lutte contre la pandémie de coronavirus est un combat que nous partageons tous », a écrit le président Reuven Rivlin sur Twitter. « Les appels à la désobéissance civile portent atteinte aux principes qui assurent notre bien-être et celui de l’ensemble de la population, notamment en période de crise. Les dirigeants – qu’ils soient de l’opposition ou de la coalition – doivent faire attention à ce qu’ils disent ».
Le ministre de la Santé, Yuli Edelstein, du parti du Likud, a déclaré : « Liberman joue avec le feu », accusant l’homme politique de l’opposition d’agir « de manière imprudente et irresponsable et de tirer profit d’une situation sanitaire et économique fragile. C’est une honte ».
L’appel à désobéir aux réglementations gouvernementales est « irresponsable », a déclaré le président de la Knesset, Yariv Levin, également du Likud, et « créera l’anarchie et mettra en danger la santé de tous les citoyens d’Israël ». C’est le contraire que de servir en tant qu’exemple et leader public.
Le ministre de la Défense et président de Kakhol lavan, Benny Gantz, a également qualifié les propos de M. Liberman d’“irresponsables” et l’a exhorté à ne pas utiliser la pandémie pour renforcer son capital politique.
« Le coronavirus n’est pas là pour faire passer les sièges de la Knesset d’un parti à un autre, ni pour servir de moyen de pression politique », a déclaré M. Gantz.