Liberman ne dit pas qui il soutiendra comme Premier ministre et écarte Gantz
Lors d'une conférence de presse enflammée, le chef d'Yisrael Beytenu accuse le Likud de "culte de la personnalité", cherchant à briser son parti dans des discussions de coalition
Le chef du parti Yisrael Beytenu, Avigdor Liberman, a refusé jeudi de dire s’il recommanderait le Premier ministre Benjamin Netanyahu comme prochain Premier ministre après le vote surprise de septembre, mais a déclaré qu’il ne soutiendrait pas Benny Gantz, le président du parti centriste Kakhol lavan.
Ses propos ont été formulés un jour après que la Knesset a voté sa dissolution et que de nouvelles élections ont été fixées au 17 septembre, le deuxième vote national en l’espace de quelques mois.
Cette décision a été prise après que les efforts intenses du Likud, qui ont duré des semaines et des semaines pour combler le fossé entre le parti de Liberman et les partis ultra-orthodoxes, ont échoué.
A la veille des élections du 9 avril, Liberman avait déclaré à plusieurs reprises qu’il soutenait Netanyahu comme Premier ministre mais qu’il ne rejoindrait le gouvernement que s’il s’engageait à adopter, sans modification, une version ministérielle du projet de loi qui réglementerait les exemptions des ultra-orthodoxes. Mais les partis ultra-orthodoxes se sont opposés à ce projet de loi et ont tenté d’en assouplir les termes.
Netanyahu avait besoin d’Yisrael Beytenu et des partis ultra-orthodoxes de la Knesset pour former un gouvernement majoritaire, mais n’est finalement pas parvenu à une formulation sur laquelle les deux partis pouvaient s’entendre. Mercredi soir, quelques minutes à peine avant l’expiration du délai imparti au Premier ministre pour former une coalition, il a fait adopter un projet de loi visant à dissoudre la Knesset et a directement rejeté la faute sur Liberman.
Lors d’une conférence de presse enflammée à Tel Aviv l’après-midi suivant, Liberman a dénoncé comme « délirantes » les allégations du Likud selon lesquelles il avait contrecarré un gouvernement de droite et était un « gauchiste » qui voulait faire tomber Netanyahu. Il a ajouté que le parti au pouvoir avait ces derniers jours fait des offres conséquentes à tous les députés d’Yisrael Beytenu afin de tenter de les convaincre de se rallier à une coalition dirigée par Netanyahu.
« C’était la négociation de coalition la plus bizarre que j’aie vue », a-t-il accusé. « Il semble que dès le début, Netanyahu ne voulait pas d’Yisrael Beytenu dans le gouvernement. Pendant tout ce temps, il a essayé de détourner les députés des autres partis, de partout. Tout le monde à Yisrael Beytenu a reçu une offre somptueuse pour quitter le parti, de me trahir et de rejoindre le gouvernement. Le Likud était sûr qu’on se disloquerait sous la pression et qu’on flancherait. »
Il a refusé de dire si Netanyahu était toujours son candidat favori au poste de Premier ministre. Lorsqu’on lui a demandé s’il le recommanderait comme Premier ministre après les prochaines élections, M. Liberman a répondu qu’il soutiendrait un gouvernement de droite « sain d’esprit ». Il a dit qu’il espérait que son parti obtiendrait 17-18 sièges – un objectif irréaliste, compte tenu de ses cinq actuels – afin d’avoir plus de poids que les partis ultra-orthodoxes dans la détermination de la composition et du programme du prochain gouvernement.
Lorsqu’on lui a demandé s’il pourrait finir par apporter son soutien au chef de Kakhol lavan, il a répondu : « Benny Gantz est un homme excellent, mais ce n’est pas notre candidat au poste de Premier ministre. »
Netanyahu a lancé une diatribe contre Liberman dans les premières heures de jeudi matin. « Avigdor Liberman fait maintenant partie de la gauche », a-t-il accusé. « Il fait tomber les gouvernements de droite. Ne le croyez plus jamais. Je vous raconterai ça demain. Peut-être que je vais vous apprendre des choses que vous ne savez pas. Il a trompé les électeurs juste pour obtenir des suffrages. »
Le chef des négociations de la coalition du Likud, Yariv Levin, a ensuite accusé Liberman d’avoir fait tomber deux gouvernements en quelques mois, citant la démission du dirigeant de Yisrael Beytenu en novembre en tant que ministre de la Défense, qui avait accéléré la dissolution de la précédente Knesset.
Il a également rejeté l’affirmation de Liberman selon laquelle il défendait les principes laïcs face aux exigences déraisonnables des ultra-orthodoxes.
« Si vous vous engagez à l’avance à entrer dans un gouvernement de droite, vous savez qu’il y aura une composante de partis Haredi », a dit M. Levin. « J’ai l’impression qu’en fin de compte, la façon dont il s’est conduit a été une tromperie pour les électeurs. »
Lors de sa conférence de presse, Liberman a rejeté l’accusation de gauchisme, notant que, contrairement à Netanyahu, il était un résident d’implantation. « L’homme de Césarée accuse l’homme de Nokdim d’être gauchiste », s’est-il moqué.
Tentant de se présenter comme plus à droite que Netanyahu, Liberman a souligné que le Premier ministre avait voté pour le désengagement de Gaza en 2005, avait présenté ses excuses au « dictateur » turc Recep Tayyip Erdogan dans le cadre d’un rapprochement entre Israël et la Turquie, n’avait pas évacué le village de Khan al-Ahmar en Cisjordanie, un village bédouin en dépit des pressions de la droite et décidé récemment de transférer 30 millions de dollars du Qatar à l’organisation terroriste du Hamas après les 700 roquettes tirées depuis la bande de Gaza.
Liberman a rejeté la « campagne de propagande et de lavage de cerveau, d’exagérations extravagantes et de discours inappropriés » du Likud, appelant à plus de respect dans le discours public. Cependant, il a immédiatement accusé le parti au pouvoir d’exprimer « des hallucinations et des réactions schizophréniques » et a répété à plusieurs reprises que sa campagne avait « besoin d’un psychiatre ».
« Vous pouvez faire un livre de science-fiction à partir de tout ce que nous avons entendu et continuerons d’entendre jour et nuit », a-t-il dit.
M. Liberman a déclaré que la position de son parti sur le projet de loi Haredi avait toujours été cohérente et a nié que des arrière-pensées ou une animosité personnelle aient joué un rôle dans son rejet des offres du Likud : « Ne croyez pas aux spéculations et aux rumeurs. Il ne s’agit pas de droite ou de gauche ; il s’agit d’un culte de la personnalité. Seul le Likud est responsable de la tenue de nouvelles élections. Ce que le Likud essayait de construire n’a aucun lien avec un véritable gouvernement de droite ».
« Le public en a assez de capituler devant les ultra-orthodoxes. Il a compris qu’il s’agissait d’une reddition à l’égard des ultra-orthodoxes. Nous voulons un gouvernement de droite. Nous ne voulons pas d’un gouvernement halakhique », a-t-il conclu.