Israël en guerre - Jour 497

Rechercher

L’ombre du Hamas plane, place des Otages, où la tension cède la place aux célébrations

Des foules émues se rassemblent à Tel Aviv, pour suivre la libération des trois premières otages, mais la joie est ternie par l’inquiétude pour ceux toujours captifs à Gaza

Des gens se rassemblent sur la place des otages à Tel Aviv pour assister à la libération de trois otages, le 19 janvier 2025. (Crédit : Oded Balilty/AP)
Des gens se rassemblent sur la place des otages à Tel Aviv pour assister à la libération de trois otages, le 19 janvier 2025. (Crédit : Oded Balilty/AP)

JTA – « Elles sont entre nos mains », a déclaré le porte-parole de Tsahal, Daniel Hagari, sur l’écran géant retransmettant en direct la libération de Romi Gonen, Emily Damari et Doron Steinbrecher, les trois otages qui ont été restituées à Israël dans une atmosphère pour le moins tendue.

Ces paroles, qui font écho à la célèbre déclaration de 1967 après la prise par l’armée israélienne du mur Occidental à Jérusalem, ont été accueillies par des applaudissements joyeux des milliers de personnes rassemblées sur la place des Otages, à Tel Aviv.

Depuis plus de trois heures, la foule suivait la retransmission en direct dans un silence presque total, ponctué parfois de chants politiques et religieux comme « Tous, maintenant ! » et « Am Yisrael Chai » (« Le peuple d’Israël vit »).

Lorsque, enfin, les images tant attendues de la libération des trois femmes sont apparues à l’écran, montrant leur arrivée ensemble dans un même véhicule, elles ont été accueillies par des applaudissements et des larmes de joie. La foule a même pu apercevoir à l’écran un léger sourire esquissé par Emily Damari.

Cependant, d’autres images montrant des rangées de terroristes armés du Hamas encadrant le véhicule et semblant repousser des spectateurs palestiniens ont provoqué un choc chez certains.

« Je ressens évidemment un immense soulagement, mais c’est également effrayant de voir le Hamas comme ça », a confié Gila Levitan, psychothérapeute et guide touristique originaire d’Australie. « La peur qu’elles ont dû ressentir pendant le transfert, et la vision de ces foules massées autour d’elles, nous donnent matière à réflexion. Le Hamas les contrôle-t-il vraiment ? Et qu’en sera-t-il lors des prochains transferts ? »

Des terroristes du Hamas remettant à des membres du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) des otages enlevées lors du pogrom du 7 octobre 2023 dans le sud d’Israël, dans le cadre d’un cessez-le-feu et d’un accord entre otages et prisonniers, dans la ville de Gaza, le 19 janvier 2025. (Crédit : Reuters)

Les images des terroristes du Hamas ont rappelé de manière brutale que la bande de Gaza reste sous le contrôle du groupe, malgré 15 mois de guerre ayant éliminé une grande partie de ses dirigeants, décimé ses rangs et ravagé le territoire. La guerre a éclaté le 7 octobre 2023, lorsque le groupe terroriste palestinien du Hamas a déferlé avec des milliers de terroristes dans le sud d’Israël, commettant un pogrom au cours duquel, ils ont assassiné plus de 1 200 personnes. Les terroristes ont également kidnappé 251 personnes qu’ils ont emmenées en otage dans la bande de Gaza.

Selon les autorités israéliennes, seuls deux des 24 bataillons du groupe seraient encore opérationnels. Le président américain Joe Biden a déclaré dimanche que la résurgence du groupe ne l’inquiétait pas. Cependant, l’organisation semble s’être reconstituée sous la direction de Mohammed Sinwar, le frère cadet du chef assassiné par Israël en octobre.

Des images de drones ont plus tard révélé que la foule dense de membres du Hamas n’était pas aussi importante qu’elle semblait l’être. Toutefois, la remise diffusée des trois femmes dimanche rappelait presque exactement celles survenues la dernière semaine de novembre 2023, au cours de laquelle 105 otages, principalement des femmes et des enfants, avaient été libérés pendant une trêve temporaire.

Cette fois, lorsque des terroristes du Hamas masqués, en uniforme et portant des bandeaux verts, ont accompagné les femmes avant de les remettre à la Croix-Rouge, ils leur ont donné des « sacs-cadeaux » contenant des cartes de la bande de Gaza et des certificats de captivité.

« Cela fait froid dans le dos de penser que ce sont toujours eux qui mènent la danse », a déclaré Hodaya, qui n’a pas souhaité donner son nom de famille.

Hodaya a exprimé son inquiétude face au coût de l’accord sur les otages, qui prévoit la libération de près de 2 000 prisonniers sécuritaires palestiniens, dont des terroristes ayant du sang sur les mains.

« C’est angoissant, car le prix à payer est énorme, mais en même temps, cela n’a pas de prix », a-t-elle confié. « Cela montre à quel point nous tenons à la vie. Nous devons simplement faire confiance à l’État pour savoir comment gérer cela. »

Des Israéliens attendent la libération de Romi Gonen, Doron Steinbrecher et Emily Damari à Tel Aviv, le 19 janvier 2025. (Crédit : AP Photo/Oded Balilty)

Pour certaines personnes dans la foule, voir les femmes vivantes n’a pas suffi à apaiser leur angoisse.

« Je n’arrive pas à respirer. Je suis très nerveuse, je ne fais pas confiance au Hamas. Je ne pourrai me calmer que lorsque je les verrai traverser la frontière », a déclaré Adi, une réserviste qui a préféré garder l’anonymat. « Les Gazaouis semblent prêts à les attaquer. »

Shay Dickmann, cousine de Carmel Gat, assassinée fin août dans un tunnel du Hamas à Rafah avec cinq autres otages, alors que les troupes israéliennes se rapprochaient d’eux, a également fait part de ses sentiments mitigés.

« Je suis très heureuse, mais j’ai aussi peur que tout s’écroule », a-t-elle confié, ajoutant que ses craintes avaient été ravivées en apprenant que, si la trêve de novembre 2023 avait duré un jour de plus, sa cousine aurait pu être libérée.

» Elle aurait pu être ici avec nous aujourd’hui, à attendre que ces femmes soient libérées », a ajouté Dickmann. « Mais ce n’est pas le cas. Nous devons tout faire pour que tout le monde revienne ».

À l’instar de Hodaya, Dickmann a précisé que ses préoccupations concernant de futures violences – notamment la possibilité de nouvelles prises d’otages par des terroristes libérés – étaient secondaires.

« Le plus important est de les sauver maintenant », a-t-elle affirmé. « Nous nous inquiéterons de la suite plus tard. Avec un peu de chance, nous saurons alors comment agir. »

Des participants à la place des Otages à Tel Aviv posent avec des photos des trois femmes libérées par le Hamas le 19 janvier 2024. (Crédit : Deborah Danan/JTA)

Certains des participants, comme Shmuelik Warshaw, sont des habitués des rassemblements hebdomadaires sur la place des Otages.

Lorsque les images de la voiture de la Croix-Rouge sont apparues à l’écran, il a aidé sa fille Einav, en fauteuil roulant, à se lever, puis l’a serrée dans ses bras, émus aux larmes.

« C’est l’un des plus beaux jours pour le peuple d’Israël. Le sentiment d’unité que l’on ressent ici est extraordinaire », a-t-il déclaré. « C’est aussi un grand jour pour la démocratie. Pas seulement la nôtre, mais aussi celle des pays qui nous ont aidés, comme les États-Unis, l’Allemagne et le Royaume-Uni. »

Warshaw a également exprimé un sentiment partagé par de nombreuses personnes au sujet des otages restants : « Nous ne nous contenterons pas de ces trois. Nous les voulons tous. Nous ne trouverons aucun repos tant qu’ils ne seront pas tous rentrés chez eux. Les souffrances des familles doivent cesser. »

Des personnes se rassemblent sur la place des otages à Tel Aviv pour assister à la libération de trois otages, le 19 janvier 2025 (Crédit : Maya Alleruzzo/AP)

Chani Nachmani, ancienne enseignante d’Emily Damari à l’école primaire pendant quatre ans, tenait une pancarte portant le nom de son ancienne élève. Fidèle aux rassemblements hebdomadaires, elle était venue, cette fois, avec un objectif particulier.

« Aujourd’hui, je suis venue ici pour rendre l’affiche », a-t-elle déclaré. « Pour la première fois, je ne rentrerai pas chez moi avec. »

D’autres participaient pour la première fois au récent rituel israélien. Lev Kandinov, qui était en visite en Israël avec sa famille depuis Hollywood, en Floride, a confié que c’était la première fois qu’il se rendait sur la place des Otages.

« Je ne peux pas décrire ce que je ressens ici. C’est très, très impressionnant. Je suis très heureux que nous soyons enfin arrivés à ce moment », a-t-il déclaré. « Malheureusement, le prix à payer est très élevé, non seulement en raison du nombre de monstres ignobles qui sont libérés, mais aussi en raison de tous les soldats qui ont été tués. Pourtant, chaque vie est précieuse. »

Les gens rassemblés sur la place des otages, Tel Aviv réagissent aux nouvelles que trois otages israéliens ont été libérés au milieu d’un accord de cessez-le-feu a commencé entre Israël et le Hamas, 19 janvier 2025. (Crédit : Deborah Danan/JTA)

L’influenceur Daniel Braun a filmé des images sur la place pour sensibiliser le public au sort des otages, un sujet qui, selon lui, reste méconnu dans de nombreuses régions du monde.

Les Britanniques Sam Reubens et Heski Strassman, originaires de Manchester, ont fait leur alyah [immigration en Israël] après le 7 octobre 2023, en réponse à l’antisémitisme croissant au Royaume-Uni. Ils brandissaient de grands drapeaux israéliens et britanniques, en hommage, disaient-ils, à Emily Damari, qui possède la double nationalité britannique et israélienne.

« Sa mère, Mandy, parle avec un courage incroyable, et elle nous a tous profondément touchés », a déclaré Strassman. Pendant la majeure partie de la captivité d’Emily, les Damari avaient refusé de donner des interviews, et ce n’est que récemment que Mandy avait accepté de s’exprimer publiquement au sujet de sa fille.

« Nous voulons montrer aux Juifs de Grande-Bretagne que nous soutenons la famille d’Emily. Mais nous voulons aussi dire que nous espérons qu’ils reviendront tous », a ajouté Reubens.

Les otages libérés (de gauche à droite) Doron Steinbrecher, Emily Damari et Romi Gonen retrouvent leurs mères peu après leur retour en Israël après 471 jours de captivité dans les geôles du Hamas à Gaza, le 19 janvier 2025. (Crédit : Tsahal)

Menashe Bohbot, l’oncle de l’otage Elkana Bohbot, tenait une pancarte portant l’inscription : « Ne l’abandonnez pas ! ». Après le rassemblement sur la place des Otages, Menashe a indiqué qu’il prévoyait de participer à une manifestation sur la route Begin, à quelques minutes de marche, pour réclamer la libération des 94 otages restants, parmi lesquels son neveu.

Enlevé au festival de musique Nova, comme Gonen, Elkana Bohbot, 35 ans, a été filmé alors qu’il se faisait tabassé par ses ravisseurs le 7 octobre. Il ne figure pas sur la liste des 33 otages devant être libérés au cours de la première phase de six semaines du cessez-le-feu.

Levitan a ressenti un soulagement en voyant les trois femmes libérées marcher sans aide dimanche. Cependant, elle sait que les montagnes russes d’émotions déclenchées par ce premier jour de cessez-le-feu – optimisme, peur, colère envers le Hamas – ne font que commencer.

« Nous retenons tous notre souffle, c’est épuisant », a-t-elle déclaré. « La nation entière est prise en otage en ce moment. Et c’est terrifiant de penser que nous allons revivre cela encore et encore. »

Des Israéliens célèbrent la libération de trois otages qui avaient été retenus captifs par le Hamas à Gaza alors qu’ils se rassemblent à Tel Aviv, en Israël, le 19 janvier 2025. (Crédit : Ariel Schalit)

94 des 251 otages enlevés par le Hamas le 7 octobre 2023 se trouveraient toujours à Gaza, dont 34 personnes dont la mort a été confirmée par Tsahal.

Lors d’une trêve d’une semaine fin novembre, le Hamas a libéré 105 civils ; quatre otages avaient été libérées avant cela. Huit otages ont été secourus par les troupes vivantes, et les dépouilles de 40 otages ont été retrouvées, dont trois tués par erreur par l’armée alors qu’ils tentaient d’échapper à leurs ravisseurs.

Le Hamas détient également deux civils israéliens entrés dans la bande en 2014 et 2015, ainsi que le corps d’un soldat de Tsahal tué en 2014.

L’équipe du Times of Israël a contribué à cet article.

En savoir plus sur :
S'inscrire ou se connecter
Veuillez utiliser le format suivant : example@domain.com
Se connecter avec
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation
S'inscrire pour continuer
Se connecter avec
Se connecter pour continuer
S'inscrire ou se connecter
Se connecter avec
check your email
Consultez vos mails
Nous vous avons envoyé un email à gal@rgbmedia.org.
Il contient un lien qui vous permettra de vous connecter.
image
Inscrivez-vous gratuitement
et continuez votre lecture
L'inscription vous permet également de commenter les articles et nous aide à améliorer votre expérience. Cela ne prend que quelques secondes.
Déjà inscrit ? Entrez votre email pour vous connecter.
Veuillez utiliser le format suivant : example@domain.com
SE CONNECTER AVEC
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation. Une fois inscrit, vous recevrez gratuitement notre Une du Jour.
Register to continue
SE CONNECTER AVEC
Log in to continue
Connectez-vous ou inscrivez-vous
SE CONNECTER AVEC
check your email
Consultez vos mails
Nous vous avons envoyé un e-mail à .
Il contient un lien qui vous permettra de vous connecter.