L’ONU approuve le budget pour mener une enquête « à durée indéterminée » sur Israël
L'envoyé israélien a qualifié cette commission d'enquête de "méprisable et biaisée". Elle se penchera sur le conflit de mai entre l'État hébreu et les groupes terroristes de Gaza

L’Assemblée générale des Nations unies a approuvé, jeudi, des investigations à durée indéterminée sur le traitement par Israël des Palestiniens, par le biais d’une commission qui avait été établie suite au conflit qui avait opposé, au mois de mai dernier, l’État juif et le groupe terroriste palestinien du Hamas à Gaza.
Au mois de mai, le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU s’était prononcé en faveur de ces investigations après que le président de la commission eut affirmé que les forces israéliennes avaient pu commettre des crimes de guerre et que le groupe terroriste du Hamas avait pu aussi violer le droit international au cours du conflit d’onze jours qui avait opposé les deux parties.
La résolution votée avait appelé à la création d’une « commission d’enquête permanente » – l’instrument le plus puissant à la disposition du Conseil – qui aurait la charge de contrôler et de rapporter les violations des droits de l’Homme en Israël, en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Il s’agirait de la toute première commission d’enquête dotée d’un « mandat » en cours.
Le Conseil des droits de l’Homme avait approuvé, à l’époque, cette mesure, avec 24 pays qui avaient voté « pour », neuf « contre » et avec 14 abstentions.

Jeudi, le budget de cette commission a été présenté au vote devant l’Assemblée générale.
Il a été adopté par 125 voix « pour », huit « contre » et 34 abstentions.
Israël, les États-Unis, la Hongrie et les nations du Pacifique des îles Marshall, des états fédérés de la Micronésie, de la république de Nauru, des Palaos et la Papouasie-Nouvelle Guinée se sont opposés à cette initiative. L’Australie, l’Autriche, le Canada, le Brésil et l’Allemagne se sont abstenus.
La représentante d’Israël lors de la réunion a expliqué que la commission « est encore un autre de ces exemples d’instances grossièrement discriminatoires et mensongères que cette tribune devrait pourtant œuvrer à faire disparaître ».
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Elle a ajouté que les experts impliqués dans cette commission avaient tenu des propos qui révélaient une partialité anti-israélienne et que la commission « présuppose d’emblée des violations par Israël du droit international plutôt que de présupposer son innocence, comme c’est pourtant la règle ».
La nature permanente de la commission est également susceptible d’avoir des implications budgétaires graves, a-t-elle poursuivi.
« J’espère que cette instance ne va pas, une fois encore, gaspiller des ressources précieuses et limitées pour financer un nouveau simulacre de tribunal », a-t-elle dit.
L’envoyé israélien à l’ONU, Gilad Erdan, a déclaré dans un communiqué que : « Les Nations unies touchent à nouveau le fond et approuvent un budget en faveur d’une commission méprisable et partiale qui ne devrait pas seulement avoir le droit d’exister ».

Il a ajouté que la commission d’enquête ignorait les crimes de guerre commis par le Hamas, dont les 4 000 roquettes lancées vers les populations civiles israéliennes.
La commission avait été critiquée avec force par les dirigeants israéliens quand sa création avait été annoncée au mois de mai, notamment par le Premier ministre de l’époque, Benjamin Netanyahu, le président Reuven Rivlin et le ministre de la Défense Benny Gantz.
Au-delà du conflit entre Israël et le Hamas, la commission va aussi enquêter sur « toutes les causes sous-jacentes des tensions récurrentes, de l’instabilité et de la prolongation des conflits »- sur la discrimination et les répressions, entre autres, selon le texte.
La guerre d’onze jours qui avait eu lieu au mois de mai – qui avait été baptisée par Israël « l’Opération Gardien des murs » – avait commencé par des tirs de roquette vers Jérusalem puis en direction de villes du sud d’Israël et du secteur de Tel Aviv.

Les frappes israéliennes de représailles sur des cibles au sein de l’enclave côtière avaient tué environ 250 personnes et notamment 66 mineurs, avait fait savoir le ministère de la Santé du Hamas, qui ne fait pas la différence entre les morts des civils et celles des terroristes dans ses décomptes. Douze personnes avaient été tuées au sein de l’État juif, notamment un jeune garçon de cinq ans et une adolescente de 16 ans.
Israël avait indiqué que la majorité des personnes tuées du côté palestinien étaient des terroristes, insistant sur le fait que les militaires avaient fait tout ce qui était en leur pouvoir pour éviter les victimes civiles tandis que les groupes armés palestiniens avaient pris pour cible à dessein les zones urbaines très peuplées.
L’État juif – parfois avec le soutien des États-Unis – accuse depuis longtemps le Conseil de parti pris anti-israélien et il a généralement refusé de coopérer avec les enquêteurs de l’instance.