L’opposition dénonce Netanyahu, décrit en dictateur corrompu qui s’accroche au pouvoir
Les politiques appellent à de nouvelles élections, après que le Premier ministre a affirmé que les enquêtes contre lui sont une conspiration de la gauche et des médias
Les dirigeants des partis de l’opposition ont attaqué mercredi le Premier ministre Benjamin Netanyahu, affirmant qu’il agissait comme un « dictateur », et ont demandé des élections dès que possible, après un rassemblement de soutien des militants du Likud à Tel Aviv.
Les cinglantes critiques de Netanyahu ont eu lieu après qu’il a déclaré devant 3 000 partisans que les développements des enquêtes pour des faits de corruption dont lui et sa famille font l’objet étaient une conspiration des médias et de la gauche pour l’évincer, lui et la droite, du pouvoir.
Avi Gabbay, le président du Parti travailliste, a appelé le Premier ministre à organiser des élections pour déterminer si les électeurs étaient d’accord avec son message.
« Le soutien du Comité central du Likud à la corruption de Netanyahu ne reflète pas l’opinion des électeurs du Likud qui paient, comme chacun, le prix de la corruption, a-t-il écrit sur Twitter. Je l’appelle à tester cela par des élections dès que possible. »
Isaac Herzog, le chef de l’opposition à la Knesset, a jugé que le rassemblement de Tel Aviv était un « spectacle d’horreur », affirmant qu’il « exprime un moment de vérité pour l’état de droit et la démocratie en Israël. »
« L’attaque du Premier ministre d’Israël [contre la gauche et les médias] était honteuse, humiliante et dangereuse : à droite, au centre et à gauche, nous savons que le moment est venu de le remplacer. La population est lassée de ce sentiment de règne d’un seul homme et dégoûtée par les menaces des paroles du Premier ministre contre la démocratie libre, éclairée et saine d’Israël. »
Netanyahu a déjà échappé à plusieurs scandales, mais l’étendue des dernières accusations de corruption et des scandales impliquant le Premier ministre et sa famille semble lui poser le défi le plus difficile de sa carrière.
Dans son discours, Netanyahu a constamment nié toute malversation et accusé la gauche et les médias de tous ses problèmes, affirmant que c’était leur seul espoir de l’évincer du gouvernement.
Tzipi Livni, députée de l’Union sioniste, a jugé que Netanyahu était corrompu, et l’a accusé de tenter de compromettre la démocratie avec son discours.
« Il est normal que des membres du Likud soutiennent Netanyahu, mais cette attaque orchestrée contre les forces de l’ordre et le système judiciaire n’est absolument pas normale », a-t-elle écrit sur Facebook.
« La démocratie, c’est aussi l’état de droit […]. Il est impossible de dire que nous soutenons la démocratie et de détruire dans le même souffle ses composantes, et de dire qu’elles sont des marionnettes d’une gauche démoniaque », a-t-elle ajouté.
Elle a dit que le genre de dirigeants nécessaires maintenant était celui qui s’éloignait des discours immondes, et qui exprime sa confiance dans les autorités judiciaires pour protéger la société de l’anarchie.
« Les membres du Likud ne sont pas corrompus, mais Netanyahu corrompt Israël, a-t-elle ajouté. Je suis certaine que de très nombreux électeurs du Likud, des personnes honnêtes et de bons citoyens, ressentent un malaise ce soir. »
Yoel Hasson, député de l’Union sioniste, a déclaré que le discours de Netanyahu était comparable à celui d’un dictateur.
« Les citoyens israéliens ont vu ce soir le discours d’un dictateur, a-t-il dit. Netanyahu a lancé une chasse à l’homme contre ceux qui n’ont pas voté pour lui, et il les poursuivra jusqu’à achever son ambition : une dictature dans laquelle le drapeau de Netanyahu remplace le drapeau de l’Etat d’Israël. »
Yair Lapid, le président du parti Yesh Atid, a déclaré que le rassemblement pro-Netanyahu « dépasse toutes les limites ».
« Ce que nous avons vu ce soir, ce n’était pas une manifestation de soutien à Netanyahu, mais une manifestation de soutien à la corruption », a-t-il ajouté.
Zehava Galon, la présidente du Meretz, a affirmé que Netanyahu était le seul responsable des enquêtes à son encontre.
« Etaient-ce les médias et la gauche qui ont incité Netanyahu à accepter 20 000 [shekels] de cigares et de champagne par mois ? », a-t-elle demandé.
Nachman Shai, député travailliste, a affirmé qu’il était temps que les médias soient plus équilibrés.
« La démocratie israélienne est plus forte que le spectacle d’horreur du Likud, a-t-il écrit sur Twitter. Les médias devraient donner un temps de présence égal au centre et à la gauche pour contrebalancer l’image tordue qui a été présentée ce soir. »
L’ancien Premier ministre Ehud Barak, qui a été moqué par Netanyahu pendant son discours, a lui aussi condamné le Premier ministre.
« Le suspect de la rue Balfour [où se trouve la résidence officielle du Premier ministre à Jérusalem] continue à geindre, a-t-il écrit sur Twitter. Les membres du Likud sont d’honnêtes et fiers citoyens, pas des marionnettes. Il n’y a pas de la persécution, mais il y a de la corruption, il n’y a pas de leadership, uniquement de la panique. »
Netanyahu, pendant son discours, avait décrit Barak comme « un vieil homme avec une nouvelle barbe », et que son mandat à la tête du pays avait été un « échec ».
Des ministres et des députés du Likud étaient présents au rassemblement pour soutenir le chef de leur parti.
« Nous disons ici qu’il y a un roi qui a été couronné par le public. Quiconque veut s’en débarrasser doit aller dans les urnes », a dit au Times of Israël Ayoub Kara, le ministre des Communications.
« Vous ne vous débarrasserez pas de lui avec des bouteilles, de la glace, ou encore du champagne », a-t-il dit, faisait référence à plusieurs affaires entourant Netanyahu.
« Je ne me plains pas des autorités judiciaires, je leur fais confiance, et je les soutiens. Mais certains tentent de faire pression sur elles, et nous ne le permettrons pas », a dit Kara.
Ce message a été repris par des députés du Likud. « Comme l’a dit Bibi, il n’y aura rien parce qu’il n’y a rien. Rien, rien, rien », a affirmé le député Yaron Mazuz, qui a appelé Netanyahu par son surnom.
« Nous protestons contre tous ceux qui tentent de détruire Bibi. Les médias, le parquet. Il y a une enquête pour l’instant, mais elle se terminera sans rien », a-t-il affirmé.
Rivka, une militante du Likud de Rishon Lezion, a dit au Times of Israël que l’évènement était « pro-Bibi, pas anti-média », mais que la presse devait assumer la responsabilité de son rôle « dans les terribles péchés commis contre Netanyahu. »
« Il est innocent, nous le savons tous et vous [les médias] le savez aussi, a-t-elle ajouté. Vous le haïssez depuis des années, et maintenant vous faites tout ce que vous pouvez pour perpétuer les mensonges disant qu’il est corrompu. Il ne l’est pas. »
Raoul Wootliff a contribué à cet article.