Malgré le flou américain, la coalition poursuit ses frappes en Syrie
La coalition arabo-kurde qui a combattu aux côtés des Occidentaux pour déloger le groupe Etat islamique en Irak et Syrie, a "libéré la localité de Kashmah", selon le Pentagone
Les frappes de la coalition antijihadiste en Syrie se poursuivent depuis le début de l’année malgré l’annonce d’un retrait des troupes américaines, selon un calendrier de plus en plus flou au fil des déclarations du président Donald Trump.
« Les forces de la coalition continuent de fournir une assistance à nos partenaires syriens, avec un soutien aérien et des frappes d’artillerie dans la vallée de l’Euphrate », a indiqué lundi à l’AFP un porte-parole du Pentagone, le commandant Sean Robertson.
Le 2 janvier, les Forces démocratiques syriennes (FDS), la coalition de combattants arabo-kurdes qui ont combattu aux côtés des Occidentaux pour déloger le groupe Etat islamique (EI) de son califat autoproclamé en Irak et Syrie, « ont libéré la localité de Kashmah », a ajouté ce porte-parole.
« Nous continuerons à œuvrer avec la coalition et nos partenaires régionaux à une défaite durable de l’EI », a-t-il poursuivi, quelques heures après un tweet de Donald Trump assurant que sa décision controversée de retirer les 2 000 soldats des forces spéciales américaines déployés en Syrie serait mise en oeuvre à un « rythme adapté ».
La position du président des Etats-Unis sur le rythme du retrait a fluctué depuis l’annonce de leur départ de Syrie le 19 décembre.
« Nous avons gagné contre le groupe EI, il est temps de rentrer », avait-il alors lancé, dans une courte vidéo postée sur son compte Twitter. « Nos garçons, nos jeunes femmes, nos hommes, ils rentrent tous, et ils rentrent tous maintenant », ajoutait-il.
Mais début janvier, il s’est montré bien plus évasif sur le calendrier de ce retrait.
« Nous nous retirons », a-t-il déclaré, ajoutant que cela se ferait « sur un certain temps ». « Je n’ai jamais dit que nous partirions du jour au lendemain ».
Lundi, il a assuré que ce retrait serait mené « à un rythme adapté tout en continuant en même temps à combattre l’EI et à faire ce qui est prudent et nécessaire pour tout le reste ».
« Conséquences inacceptables »
Ces messages contradictoires sont « caractéristiques d’une administration (Trump) où les décisions sont prises de façon informelle et impulsive, souvent sans préparation adéquate », a dit à l’AFP James Dobbins, du centre de recherche Rand.
Ils montrent surtout qu’il sera difficile pour les Etats-Unis de se retirer de Syrie sans laisser le champ libre aux adversaires de Washington dans la région, notamment l’Iran, honni de l’administration Trump, explique cet ancien ambassadeur en Afghanistan.
« Est-il possible de se retirer? Oui, bien sûr. Mais est-il possible de se retirer sans subir des conséquences inacceptables? Probablement pas », estime M. Dobbins. « C’est pourquoi ses conseillers lui ont demandé de réviser ses ordres ».
Dimanche, le conseiller à la Sécurité nationale de la Maison Blanche John Bolton a affirmé que le retrait américain devait se faire en « assurant » la défense des alliés de Washington et une défaite durable de l’EI, sur laquelle M. Trump avait déclaré victoire le 19 décembre.
« Nous allons discuter de la décision du président Donald Trump sur le retrait, mais il faut faire cela (…) de telle sorte que l’organisation de l’Etat islamique soit défaite (…) et que la défense d’Israël et d’autres amis dans la région soit absolument assurée », a déclaré M. Bolton à l’occasion d’entretiens avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
M. Bolton a précisé que les Etats-Unis souhaitaient que la Turquie garantisse en Syrie la protection des Kurdes, qu’Ankara considère comme terroristes.
Quant au chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo, il a entamé une tournée marathon au Moyen-Orient pour rassurer les alliés des Etats-Unis.
« La campagne anti-EI continue, les efforts pour contrer la campagne iranienne continuent indiscutablement et notre engagement envers la stabilité du Moyen-Orient reste entier », a-t-il assuré aux journalistes à son départ.
Signe des doutes suscités par l’administration Trump, les Kurdes de Syrie commencent déjà à se tourner vers le président syrien Bachar al-Assad pour se protéger de la Turquie. « Il est inévitable que l’administration autonome kurde parvienne à une solution avec le gouvernement car nos régions font partie de la Syrie », a indiqué à l’AFP Redur Khalil, un commandant des FDS.