Manifestations à Tel Aviv pour les otages et à Jérusalem pour attaquer Rafah
La mère de Matan Zangauker se dit prête à payer n’importe quel prix pour son retour ; le père d'Eitan Mor dit que seule la pression militaire sur le Hamas ramènera son fils
Jeudi soir, deux rassemblements distincts et opposés ont eu lieu à Tel Aviv et à Jérusalem, appelant chacun à des objectifs contradictoires dans la guerre en cours contre le groupe terroriste palestinien du Hamas dans la bande de Gaza.
Alors qu’une réunion du cabinet de guerre se tenait à Tel Aviv, des centaines de personnes ont manifesté près du quartier général militaire de la Kirya, pour réclamer un accord de trêve afin de libérer les otages toujours détenus dans la bande de Gaza.
Au même moment, des centaines de personnes manifestaient à Jérusalem, près de la résidence privée du Premier ministre Benjamin Netanyahu, appelant à la poursuite de la guerre jusqu’à l’anéantissement du Hamas et s’opposant à tout accord de cessez-le-feu avec le groupe terroriste.
Les deux manifestations étaient très chargées en émotions, avec des parents d’otages prononçant des discours passionnés dans lesquels ils demandaient au gouvernement d’agir de la meilleure manière, selon eux, pour leur enfants encore aux mains du groupe terroriste.
Lors d’un échange avec Michal Waldiger (HaTzionout HaDatit), la mère de Matan Zangauker, 24 ans, otage à Gaza, a indiqué à la députée d’extrême droite que si son fils était « assassiné en captivité », elle serait tenue de prendre la parole lors de ses funérailles.
« La différence entre nous », a expliqué Einav Zangauker à Waldiger, « c’est que vous n’êtes pas prête à conclure un accord sur les otages quel qu’en soit le prix, alors que moi, je le suis. »
« Si l’on me dit que Matan a été assassiné en captivité, vous serez la première à venir prononcer son éloge funèbre lors de ses funérailles », a-t-elle poursuivi. « Transmettez cela lors de votre réunion et nous verrons ce que vous déciderez. »
« Mon fils a été kidnappé vivant, et s’il revient mort, ce sera votre faute, celle du [président de HaTzionout HaDatit] Smotrich, et celle de ce gouvernement. Vous aurez le sang de mon fils sur vos mains ».
Zangauker a également interpellé Simcha Rothman (HaTzionout HaDatit) à son arrivée à la Kirya, l’avertissant que « si vous sabotez le retour [de mon fils] à la maison – je vous poursuivrai jusqu’à mon dernier jour ».
Faisant écho à la position de Zangauker sur la nécessité d’un accord avec le Hamas quel qu’en soit le prix, des centaines de manifestants ont défilé depuis le boulevard Rothschild de Tel Aviv jusqu’à la place Habima en scandant : « Assez de sang versé, ramenez-les à la maison maintenant ! »
Des banderoles portant les visages de plusieurs otages ont été brandies au-dessus de la foule pendant la marche, notamment ceux de Naama Levy et de Liri Albag, deux des 19 femmes toujours détenues à Gaza.
Au même moment à Jérusalem, à un peu plus de 50 kilomètres de là, le père d’Eitan Mor, pris en otage lors du festival de musique Supernova, a lancé un appel au gouvernement aussi émouvant que celui de Zangauker, mais avec un message opposé.
« Nous sommes ici grâce à nos ancêtres, qui n’ont pas abandonné et qui se sont battus pour notre droit de vivre ici », a affirmé Zvika Mor à la foule, avant de s’adresser au Premier ministre Benjamin Netanyahu et au gouvernement.
« N’abandonnez pas ! Ce n’est pas le moment de faire des gestes humanitaires – faites pression sur le Hamas pour qu’il rende les otages. Monsieur le Premier ministre, frappez le Hamas jusqu’au bout ».
Après l’intervention de Mor, Shimon Or, l’oncle d’Avinatan Or, enlevé avec sa petite amie Noa Argamani au festival Supernova, a pris la parole.
Appelant le gouvernement à mettre fin aux négociations indirectes avec le Hamas en vue d’une trêve temporaire et d’un accord de libération d’otages, Or a demandé au contraire que le gouvernement « entre immédiatement à Rafah ».
« C’est la seule façon de ramener les otages », a-t-il déclaré, exhortant le gouvernement à respecter son engagement d’entrer dans la ville la plus au sud de la bande de Gaza, où quatre bataillons du Hamas seraient encore opérationnels.
« Nous devons prendre la bande de Gaza, tant sur le plan militaire que sur le plan humain, afin que les Gazaouis comprennent que c’est l’État d’Israël qui dirigera la bande de Gaza ».
On estime que 129 des 253 otages enlevés lors des massacres du 7 octobre sont toujours en captivité à Gaza. Tsahal a confirmé la mort de 34 d’entre eux, mais ce nombre pourrait être nettement plus élevé, comme l’ont indiqué ces derniers jours des responsables américains et israéliens.
Outre les quatre bataillons du Hamas et le million et quelque de civils qui se sont réfugiés dans la ville de Rafah pour fuir les combats qui faisaient rage dans le reste de la bande de Gaza, des dirigeants du Hamas se cacheraient également dans la ville du sud, en plus des otages qui y sont détenus, selon les estimations israéliennes.
Cette hypothèse a conduit certains à penser qu’une offensive à l’intérieur de Rafah serait la clé de la victoire, comme Netanyahu s’y est engagé. D’autres, en revanche, estiment que les six derniers mois de combats ont prouvé que seule une solution diplomatique, et non la force militaire, peut permettre d’obtenir la libération des otages.