Manifestations : Enquête sur des affiches montrant des policiers accusés de violence
Apparues lors des manifestations anti-refonte à Tel Aviv, elles dénoncent les brutalités policières. Selon des associations de défense des droits, l'enquête est du "harcèlement"
Samedi, la police a annoncé l’ouverture d’une enquête sur des manifestants anti-réforme pour l’affichage de pancartes, à Tel Aviv, comportant la photo et le nom de policiers soupçonnés de brutalités policières lors de récents rassemblements contre la réforme judiciaire.
Les photos des policiers sont accompagnées de la légende « Attention » et d’un descriptif des brutalités qui leur sont reprochées par les manifestants.
Un communiqué de la police a précisé que l’enquête portait sur des insultes à fonctionnaires, de la diffamation et des faits d’incitation à la violence.
« La police israélienne demande à la population de ne pas publier de documents susceptibles de porter du tort aux policiers et à leurs familles », indique le communiqué, illustré d’une photo des pancartes.
Le ministre d’extrême droite de la Sécurité intérieure, Itamar Ben Gvir, a dénoncé ces pancartes et exprimé son soutien aux policiers brocardés, les qualifiant de « héros ».
« Cette campagne honteuse d’incitation à la violence… est choquante. Une ligne rouge a été franchie », a jugé Ben Gvir dans un communiqué.
ולמרות הודעת המשטרה, השלטים עדיין נישאים בהפגנה בקפלן.
במקביל בוצעה פניה לפרקליטות שאחראית על עבירות של חופש ביטוי, לא במקרה, כי פשוט לא סומכים על המשטרה. pic.twitter.com/XDORTbdXTI— Josh Breiner (@JoshBreiner) July 29, 2023
L’ouverture de l’enquête a été dénoncée par l’Association pour les droits civils en Israël.
« Il n’y a aucune raison de harceler les manifestants qui brandissent des pancartes qui disent la vérité. Au lieu de harceler les manifestants et de s’en prendre à la liberté d’expression, la police ferait mieux de veiller à ce que ses agents n’emploient pas à nouveau une violence cruelle et sadique contre les manifestants », a déclaré Avner Pinchuk de l’ACRI.
Selon les médias israéliens, le chef de la police Kobi Shabtaï a été consulté pour ouvrir l’enquête, dont le principe n’aurait pas encore été approuvé par le Parquet.
« La police est devenue le brise-lames sur lequel les manifestations s’écrasent », a-t-il déclaré samedi à la télévision, accusant les manifestants de faire eux-mêmes « le procès » des policiers.
L’un des policiers visés est l’agent du service anti-émeute Yair Hanuna, dont une photo circule, tout sourire, alors qu’on lui reproche d’avoir frappé le jeune Amitai Brilliant, 18 ans, lors des manifestations organisées suite à l’adoption lundi de la première loi du programme de remaniement judiciaire. Dans une vidéo qui a abondamment circulé, on voit Brilliant agressé et traîné à plusieurs reprises par un groupe de policiers au moment de son arrestation sur l’autoroute Ayalon de Tel Aviv.
Kan a rapporté mercredi que la famille de Brilliant avait déposé plainte auprès du Service des enquêtes internes de la police contre les policiers qui l’ont interpellé – Hanuna compris – et l’auraient donc agressé.
La police aurait nié qu’Hanuna ait frappé Brilliant lors de sa détention.
Le radiodiffuseur public Kan a ajouté que, contrairement à la réglementation en vigueur, les agents impliqués ne portaient pas de caméra individuelle au moment de l’arrestation.
La radio militaire a fait savoir, mercredi, qu’Hanuna faisait déjà face à une autre plainte, instruite par le Service des enquêtes internes de la police pour usage excessif de la force, pour des faits remontant à deux semaines et impliquant un manifestant déclarant que le policier lui a cassé le nez.
אותו סנ"צ חנונה במעצר אחר pic.twitter.com/ocseS9VGYL
— יוסי מזרחי Yossi Mizrachi (@yosimiz1) July 26, 2023
La police défend le comportement de ses agents lors des manifestations de masse qui ont eu lieu lundi et mardi derniers, niant les accusations de violence excessive ou de brutalités policières.