Manuel Valls appelle la France à reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël
Il accuse la France de s’être figée "par crainte d'une rupture avec le monde arabe et les Palestiniens, paralysée par les passions qu'agite ce conflit jusque dans notre pays"
L’ancien Premier ministre français Manuel Valls a abordé plusieurs questions moyen-orientales, dans une tribune publiée lundi dernier dans Le Figaro.
L’actuel conseiller municipal de Barcelone est notamment revenu sur la menace iranienne, les tensions actuelles entre la France et la Turquie, ainsi que sur la question du conflit israélo-palestinien et de Jérusalem.
À ce sujet, M. Valls a écrit qu’il était « urgent » de sortir « d’une tradition diplomatique obsolète ».
« La formule visant ‘la création d’un État palestinien dans les frontières de 1967 avec Jérusalem comme capitale des deux États’ est caduque », a-t-il écrit. « C’est une langue morte. Les accords d’Oslo et leurs conséquences, l’évolution des rapports de force, la nouvelle donne géopolitique rendent tout retour en arrière impossible. »
Il accuse la France de s’être figée « par crainte d’une rupture avec le monde arabe et les Palestiniens, paralysée par les passions qu’agite ce conflit jusque dans notre pays ».
Aujourd’hui, il appelle à un renouveau, qui passerait notamment par la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël par la France.
Il a également appelé les responsables français à « encourager la création d’un État palestinien », qui serait « dans l’intérêt d’Israël et indispensable pour bâtir une paix durable ». « Mais encore faut-il dénoncer l’absence de processus démocratique et la corruption qui gangrènent l’Autorité palestinienne, mettre un terme à l’illusion du retour des réfugiés, exiger des dirigeants palestiniens la condamnation du terrorisme et de l’incitation à la haine, et leur conseiller de négocier avec les Israéliens sur de nouvelles bases territoriales », a-t-il écrit.
Dans son texte, il a aussi salué les récents accords de normalisation signés par Israël avec les Emirats arabes unis, le Bahrein et le Soudan.
« La France, forte d’une alliance stratégique, de sécurité et de défense avec les Émirats arabes unis, doit accompagner ce mouvement car il l’engage. Il est porteur d’espoir pour la région et pour nous-mêmes : des sociétés que l’on croyait pieds et poings liés à une tradition archaïque multiplient les signes d’ouverture et s’autorisent le dialogue avec d’autres identités, d’autres valeurs », estime-t-il.
Enfin, alertant sur l’islamisme, il a condamné le Hezbollah, « porteur d’une idéologie mortifère, antisémite, utilisant la terreur comme seule arme », et a appelé la France et l’Union européenne à reconnaitre le groupe comme terroriste, comme l’a réclamé le Parlement tchèque ce mercredi.
Manuel Valls a conclu son texte en appelant à un renforcement des relations avec Israël, « trop souvent réduites au seul poids que la Shoah a laissé sur la conscience européenne ».
« [Cette relation] tient au partage de valeurs et d’une vision commune du monde, du progrès, de la modernité, de l’humain. C’est une alliance stratégique qui ne se suffira pas de beaux discours : il faut la traduire en actes », a-t-il déclaré.
Déjà, en 2018, il avait affirmé que Jérusalem est la capitale d’Israël. Propos qu’il avait répété en juin dernier, ajoutant que le plan d’annexion israélien alors prévu pourrait « peut-être [représenter] l’occasion pour l’Europe et pour la diplomatie de changer de discours » au sujet d’Israël.
« Beaucoup de responsables politiques français ou européens ne connaissent pas la réalité du terrain. Disons-le clairement : c’est quoi pour nous Israël ? C’est un ami. C’est aussi d’abord un allié stratégique. Nous partageons les mêmes valeurs universelles », avait-il alors déclaré.
Manuel Valls est régulièrement intervenu ces derniers mois dans les médias français. Interrogé par RTL en mai sur un éventuel retour politique en France, il a laissé plané le doute, sans répondre directement à la question.